Test - Army of Ruin - Encore des “Survivors”, mais version heroic-fantasy

«Un scénario, pourquoi faire ? Tata Yoyo !» , - 2 réaction(s)

Si les joyeux lurons de Milkstone Studios ne sont pas inconnus de celles et ceux qui se sont frottés à la licence Ziggurat, dont le second épisode était sorti l’année dernière, cette petite équipe de développeurs madrilènes est néanmoins relativement peu connue du grand public, malgré la qualité de leurs productions indés. Milkstone Studios s’est inspiré de la vague de roguelites frénétiques particulièrement adaptés aux mobiles dont le digne représentant, Vampire Survivors, était arrivé sur nos chères consoles l’année dernière et avait déchaîné moult passions. Il nous propose aujourd’hui sa propre vision de ce style très particulier, se jouant principalement d’une seule main, avec de solides atouts pour nous convaincre. Army of Ruin est arrivé sur le Xbox Store le 16 juin au petit prix de 7,99 €.

J’étais dans mon village, à réparer des chaises en bois

Fidèle au genre désormais devenu un classique, Army of Ruin ne nous propose même pas le début du quart du commencement d’un bout rachitique de scénario. Aucun écran en début de partie ne nous dévoile un sombre maître du Mal au rire gras, inquiétant et surtout interminable laissant déferler ses légions démoniaques sur le monde, aucune ligne de dialogue entre les protagonistes et encore moins de présentation, même succincte, de classes de nos avatars. Rien à se mettre sous la dent, c’est la tristesse absolue pour les amateurs de bonnes histoires que nous sommes.

Better call Saül ?

Mais la vérité est ailleurs, dans la maîtrise progressive des capacités des différents membres du casting et l’augmentation de leur potentiel de destruction dans des proportions absolument indécentes. Du moins, la promesse est là. Car, bien entendu, avant d’espérer en arriver à ce niveau, nous commençons avec une sélection de personnages réduite au minimum, cette fois-ci composée d’un mage barbu nommé Saül, vêtu de bleu, accompagné d’une boîte de conserve répondant au doux nom d’Ariane et dotés de possibilités offensives qui tiennent plus du lance chewing-gum prémâché qu’autre chose. Histoire de briser la monotonie et de nous aider dans nos premiers pas, chaque héros dispose d’un pouvoir signature à utiliser en cas d’urgence, celui-ci ayant un temps de recharge particulièrement long.

Un cimetière très animé

Notre prise en main s’effectue immédiatement dans le premier des cinq environnements du jeu, le Cimetière Profané. Et mine de rien, pour peu que l’on ait choisi notre chère minette à l’armure étincelante, l’impression nous envahit de retrouver un vieux titre qui a fait les beaux jours de la PlayStation 2 : Maximo, ce rejeton probablement un peu oublié de la saga Ghosts’n Goblins. En effet, ce haut lieu de mort est visuellement… mignon, presque chatoyant en fonction de ses différentes ambiances liées à ses éclairages changeants, alors que ses habitants allant du bandit en passant par la goule, sans oublier la banshee et l’ogre, présentent un design très “cartoon” et finalement prêtent plus à sourire qu’ils ne font peur.

Salut à toi ! Je viens t’aider à crever !

Le but est simple : survivre à des hordes d’ennemis de plus en plus nombreux et puissants, irrésistiblement attirés par nous et arrivant par vagues successives, chacune d’entre elles durant un temps limité. S’il est possible de mettre une certaine distance de sécurité entre nous et nos adversaires, la fuite n’est cependant pas une option, car les monstres déferlent sans fin, de tous les côtés de l’écran et ce, quelle que soit notre position. Comme l’horloge tourne, chaque moment passé à courir comme un poulet sans tête nous rapproche de la venue d’éléments plus coriaces et plus difficiles à gérer.

Faire du ménage pour respirer un peu

L’arme dont nous disposons, la première d’une longue liste, tire automatiquement à intervalles réguliers. Si le bâton de Saül vise automatiquement les cibles les plus proches, les lances d’Ariane sont utilisées dans la direction vers laquelle elle fait face, à courte portée. Dès le départ, le positionnement de notre personnage ainsi que l’estimation du rythme de ses coups sont primordiaux pour ne pas gâcher quelques cruciales secondes nécessaires pour recharger. Certains ennemis laissent échapper à leur mort des cristaux qui, une fois ramassés, viennent incrémenter notre barre d’expérience située en haut de l’écran. À chaque niveau gagné, le jeu se met en pause pour nous proposer une pièce d’équipement aléatoire à ajouter à notre arsenal, parmi une liste de trois ou quatre, si nous sommes chanceux.

Nous pouvons ainsi récupérer une arme supplémentaire, dotée de schémas d’attaque et de temps de recharge qui lui sont propres, ou un artefact qui propose généralement des bonus de puissance et des effets passifs. Bien entendu, récupérer plusieurs exemplaires du même objet, jusqu’à un maximum de cinq, améliore ses statistiques. Il n’y a aucune restriction liée au personnage joué et il est parfaitement possible d’affubler un voleur d’un bâton de mage de feu ou de faire porter une fiole d’eau bénite à un démon.

Ca sent le sapin

Chaque arme possède également une valeur de recul qu’il est important de considérer pour pouvoir, au hasard, se frayer un chemin entre deux mastodontes très énervés. À nous de trouver le bon équilibre à chaque niveau gagné pour transformer notre héros en machine de guerre, jusqu’à la défaite du boss final, apparaissant après au minimum une dizaine de vagues, ou notre trépas honteux, écrasé sous le nombre.

N’empêche que s’il avait pas trois copains, et qu’il mesurait pas 2m10, je lui aurais meulé sa face !

Plusieurs mini-boss, plus agressifs et résistants, s’invitent à la danse lors des vagues, identifiés par un halo violet ainsi qu’une barre de vie personnelle. Leur défaite nous octroie un coffre qui contient de une à cinq améliorations d’équipements déjà en notre possession.

Level Up, que choisir ?

Outre le gain de puissance très appréciable, ces conteneurs, dont certains apparaissent parfois en début de vague, sont le seul et unique moyen d’”élever” une arme déjà au maximum de sa puissance pour en dévoiler le potentiel caché, le plus souvent matérialisé par un changement de couleur ainsi que l’ajout d’effets tels que le gel ou le poison.

Et c’est là que Army of Ruin se libère quelque peu de l’influence de son grand frère chasseur de vampires qui associait invariablement une arme avec un accessoire dédié afin d’en dévoiler la version ultime. Ici, chaque arme est associée à deux types d’énergie élémentaire (feu, glace, nature, etc.) nécessaires à son évolution. En parallèle, chaque artefact nous octroie un de ces éléments. Le côté stratégique de nos choix s’en trouve renforcé, car les possibilités sont à la fois nombreuses et variées. Un très bon point pour le titre.

Talisman en cours, dans 3, 2, 1...

Un peu plus tard dans la partie, nous dévoilons une nouvelle brique de gameplay : les talismans permettant de faire appel à la bénédiction de puissants animaux totémiques. En réussissant à rester dans la zone indiquée le temps que le bonus se matérialise, soit une bonne dizaine de secondes, ce qui représente parfois un sacré challenge, nous bénéficions alors d’un boost conséquent, contrebalancé par une petite réduction d’une autre caractéristique. Si les conditions liées au choix de notre animal sont remplies, soit trois énergies élémentaires spécifiques cette fois, le bonus est doublé.

La cupidité pour les rassembler tous

Que nous soyons victorieux ou pas, notre partie s’achève par un écran résumant notre performance, nous indiquant le chemin parcouru dans le niveau ainsi que les dégâts infligés avec chaque arme.

Des stats et des bonus

Le cas échéant, si un ou plusieurs objectifs ont été validés, nous débloquons l’accès à de nouveaux équipements, personnages et fonctionnalités. Nous obtenons également un petit pécule en pièces d’or qui s’ajoutent à celles que nous avons pu récolter dans les coffres ainsi qu’en détruisant certains objets ou ennemis.

Direction l’onglet d’Améliorations qui nous permet de dépenser avec discernement cette fortune fort durement acquise en bonus permanents, applicables à l’ensemble de nos personnages. Les statistiques à faire évoluer parlent d’elles-mêmes et facilitent évidemment les parties suivantes. Une fois cette étape effectuée, il est temps de repartir au combat, dans cette boucle vertueuse toujours aussi addictive. Notons ici que les objectifs et défis de chaque tableau sont clairs et permettent de planifier chaque partie.

Le Sanctuaire et ses dangers mystiques

Les quatre autres environnements qui nous sont proposés reprennent les lieux classiques de l’heroic-fantasy. Si la Forêt Ancestrale et Forgeville nous emmènent respectivement chez les elfes et les nains, le Glacier Oublié change de structure pour nous offrir un environnement strictement horizontal. Enfin, le Sanctuaire Occulte, vertical cette fois-ci, a de quoi ravir les nipponophiles avec ses torii, cerisiers en fleurs, ninjas et autres kasa-obake.

Moi, je n’ai pas besoin de torche, je suis nyctalope

Les toutes premières parties de Army of Ruin sont franchement faciles : les équipements, personnages, bonus et succès débloqués s’accumulent sans discontinuer, nous donnant une impression de toute-puissance. Cependant, le jeu nous rappelle relativement rapidement qui est vraiment le patron. La résistance des ennemis devient problématique dès l’arrivée au Glacier, lorsque deux ou trois impacts ne suffisent parfois plus pour se défaire des premiers adversaires. Il faut alors revenir aux premiers niveaux en augmentant le niveau de “Ruine” afin d’acquérir de nouveaux objets et augmenter nos caractéristiques.

Une fois upgradée c’est le bonheur, mais Ker purge !

Notre équipe s’étoffe peu à peu avec l’arrivée d’un troll et d’un dragon, mais la troisième protagoniste, présente sur l’écran-titre, tarde un peu à se montrer. Ker, c’est son petit nom, a tout d’une Legolas en jupette et nous nous sommes jetés dessus avec gourmandise afin de pouvoir transformer nos ennemis en brochettes à kebab, avec grâce et style. Notre désillusion n’en a été que plus grande lorsque nous nous sommes aperçus que notre elfette produisait péniblement un petit projectile vert, certes très puissant, mais… uniquement vers la droite. La droite, oui, farpaitement. Il va sans dire que les niveaux dont les objectifs requièrent sa présence (ou celle de son arme, ce qui revient plus ou moins au même) sont tout de suite plus compliqués à aborder, surtout au début. La récompense est néanmoins à la hauteur de la souffrance, car la version ultime de son tir rebondit sur les bords de l’écran pour une efficacité à toute épreuve.

Un autre regret est lié à la présence d’autres avatars ayant bien entendu des pouvoirs et caractéristiques différentes, mais consistant uniquement en un changement de couleur de l’un des modèles existants.

Rouge, rose, vert, jaune et bleu…

Si plusieurs d’entre eux souffrent également d’une arme initiale compliquée à utiliser, ils contrebalancent souvent cette faiblesse initiale par des bonus importants. De même, certaines combinaisons d’armes et d’artefacts font des miracles pour tuer ou nous garder hors de la portée des ennemis alors que d’autres peinent à être efficaces, telles que la Trainée fantomatique.

C’est taillé dans la roche… c’est du boulot soigné

Graphiquement, Army of Ruin, même s’il ne sort pas les tripes de notre Xbox, reste néanmoins très agréable à l’œil. Les décors sont vraiment sympathiques, les personnages et ennemis bien détaillés et animés, malgré leur petite taille.

Une échappée belle un peu limite

Les armes emplissent rapidement l’écran de projectiles divers et variés qui peuvent, lors de vagues avancées, perturber quelque peu la lecture du plateau, surtout lorsque les vilains arrivent à percer nos défenses et qu’il faut se déplacer avec précision. Si la Series X tient la charge quelle que soit la situation, la One peine quelque peu à maintenir le framerate lors de ces passages précédant souvent notre mort.

Côté sonore, rien à redire, les musiques sont parfaitement dans le ton, classiques et épiques à souhait. Nous conseillons d’ailleurs de baisser le niveau des effets sonores afin de pouvoir en profiter à tout moment, sans qu’elles ne soient complètement recouvertes par les bruits de notre arsenal.

Le Secret des Poignards Volants de Lanyz, redoutable !

La localisation française ne souffre pas d’erreurs de traduction, même si certaines armes ont des noms bizarres, comme ce shuriken dénommé “Poignard ancestral”. De même, pinaillons un instant sur l’association élémentaire de certains pouvoirs comme l’Impact de Météore, faisant uniquement appel au vent, ou les Gants du Nécromancien qui s’améliorent avec un artefact de type naturel plutôt que ténébreux.

En définitive, Army of Ruin est une découverte sympathique qui propose à celles et ceux qui ont maîtrisé le genre de prolonger l’expérience ou aux néophytes de mettre le doigt dans l’engrenage, sans avoir les yeux qui saignent à cause de graphismes démodés. Milkstone Studios nous présente ici un titre qui, s’il ne brille pas par son originalité, remplit parfaitement son office de défouloir, avec une durée de vie particulièrement généreuse, au regard du prix demandé.

Testé sur Xbox Series X et Xbox One

Bilan

On a aimé :
  • Des graphismes mignons et colorés
  • Un système de jeu riche
  • Addictif au possible
On n’a pas aimé
  • Un équilibrage pas toujours optimal
  • Les modèles de personnages réutilisés
  • Une lisibilité parfois discutable sur les fins de parties
Alors j’ai vu le troll prendre un objet pointu

À première vue pas forcément original ni super sexy dans le fond ni dans la forme, Army of Ruin tient néanmoins toutes ses promesses. Techniquement, il présente un certain nombre d’arguments pour convaincre les indécrottables réfractaires au pixel-art old-school et aux chiptunes d’un autre siècle de se lancer. Malgré quelques choix surprenants et un équilibrage parfois mis à mal, il arrive à entretenir ce syndrome redouté par tant de joueurs du “Allez ! Rien qu’une petite dernière et j’arrête !”. À consommer sans aucune modération.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Army of Ruin

PEGI 7 Violence

Genre : Action

Editeur : Milkstone Studios

Développeur : Milkstone Studios

Date de sortie : 16 juin 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

2 reactions

lacrasse

01 jui 2023 @ 11:40

J’adore ce style de jeux,du coup je l’ai acheté,et il est bien,bonne pioche 👍

avatar

Saitamouss

01 jui 2023 @ 14:13

J’hésitais même en ayant vu les petits avis sur le store. Merci pour ce bon test,avec moult détails sur les bons et mauvais points inhérents au genre. Ca m’a fait sauter le pas et avec un petit prix en plus (en promo à 6€ au lieu de 7 et quelques)