Les blobs sont sur la plage. Ils s’enfoncent dans le sable. Ils font trembler la terre, font déborder la mer. Ils vibrent et ils frétillent. Ils attaquent ! Ils attaquent ! Les blobs, les blobs, les blobs sont sur la plage !! Leur graisse rouge se dandine tout comme des plum puddings. Ils suent leurs cornets de frites par toute leur cellulite. Leur ventre se gonfle de bière, ils m’attaquent par derrière ! Les blobs, les blobs attaquent la plage !
– Chanson de Ludwig Von 88 tirée de leur album Houlala 2 la Mission.
Met ton blob sur la tête, il fait chaud !
Veuillez me pardonner de cette petite intro venant du cœur et visant à rendre hommage à une adolescence punk, bercée par des tubes aussi improbables que musicalement répréhensibles. Hum. Le blob n’est heureusement pas pour moi seulement attaché à cette chanson tombée dans les limbes de l’oubli. Le blob est aussi la créature extraterrestre, sorte de gelée invincible, digérant toute forme de vie sur son passage et grossissant au fur et à mesure de son repas apparue en 1958 dans le film américain éponyme. Pour la petite histoire, ce film marque la première apparition à l’écran en tant qu’acteur principal de Steve McQueen. Il fut l’objet d’un remake en 1988 qui ne manque pas de charme et aurait même dû se voir à nouveau porté à l’écran par Rob Zombie dans la dernière décennie. C’est dans ce terreau encore fumant et visqueux que Tales from Space : Mutant Blob Attacks !!! a vu le jour. Ce petit jeu de plate forme en 2D a été découvert sur Playstation Vita en février 2012. Disponible seulement en téléchargement, il utilisait les fonctionnalités tactiles et gyroscopiques de la console portable de Sony. Son arrivée sur consoles de salon et sur PC, plus de deux ans plus tard, en est d’autant plus étrange et intrigante.
Mais les premières minutes de jeu balayent littéralement nos moindres doutes tant il plaisant de suivre ce petit blob dans un univers loufoque et coloré qui semble sorti d’une série barrée et loufoque de Nickelodeon. C’est bien le sourire aux lèvres que l’on aide notre blob à grossir au fil des niveaux, mangeant tout ce qui lui passe à portée de gélatine. Enfin presque tout, vu que pour être ingurgités, les aliments se doivent d’être plus petits que lui. Et oui, la digestion est un peu lente pour notre petit blob et il doit conserver ce qu’il phagocyte un certain temps avant leur absorption totale ! On avance donc en luttant contre l’inertie latente de cette masse gélatineuse, en se faufilant dans de tout petits espaces, et se trouver bloqué par un gros bouchon jaune. Un obstacle qui n’attend plus que l’on grossisse pour être englouti à son tour. C’est en retombant continuellement sur cette même situation que l’on se rend compte des limites et des lacunes de Mutant Blob Attacks…
Notre blob a beau gagner de nouvelles capacités, comme pouvoir déplacer des plate formes à distance, se retrouver en apesanteur ou agir comme un aimant sur certaines parois, la gaieté et la bonne humeur qui nous tiennent durant les premiers des 24 niveaux du jeu s’étiolent petit à petit. Les puzzles s’enchaînent mais font fi de toute cohérence dans les décors parcourus, on retrouve les mêmes bouchons jaunes géants, les mêmes lasers surgis dont ne sait où et les surfaces métalliques disposées ici et là n’importe comment. Ce manque de cohérence impacte directement la personnalité des niveaux parcourus.
Les décors ont beau changer, on ne perçoit aucun fil conducteur que l’on soit sur la Lune, dans le désert ou dans la ville, tout s’enchaîne un peu n’importe comment et la lassitude vient très rapidement pointer le bout de son nez malgré la faible durée de vie de l’ensemble. Un ennui vite relayé par le manque de folie et d’humour du jeu qui se contente de distiller quelques clins d’œil passagers tout en ne proposant aucune fulgurance ou prise de risque capable de relever son intérêt. Mais on ne peut s’empêcher toutefois de porter un regard attendri sur ce pauvre petit blob qui a vu s’envoler avec ce portage sur console de salon toutes les particularités de gameplay qui faisaient sa force et son originalité sur Vita. Il n’en reste que des phases quelconque, adaptées à la manette sans aucune réflexion et contre lesquelles on lutte parfois à cause d’un gameplay assez lourd, ou que l’on passe sans effort en se posant la question de leur raison d’être. Le blob aurait dû rester sur la console qui l’a vu naître et pour laquelle il a été pensé.