À partir de combien de temps peut-on dire qu’un nouvel épisode s’est vraiment fait attendre ? Si les sériephiles ont dû patienter près de vingt-cinq années pour voir réapparaître Twin Peaks à la télévision, le jeu vidéo dont il est question ici marque le retour d’une licence qui n’a connu aucun autre numéro depuis plus de trente ans ! Ufouria : The Saga 2 a été développé par Sunsoft, le même studio japonais qui était déjà aux commandes du premier volet. Toutefois, comme son nom ne l’indique pas, la mouture 2024 ne se révèle pas être une suite mais bien une version revisitée du titre sorti initialement sur NES. De quoi permettre à toutes les joueuses et à tous les joueurs de se lancer dans cette aventure faite de plateformes aux influences sans équivoque…
Retour vers le futur
Ufouria : The Saga est sorti en 1992 dans nos contrées européennes. À cette époque-là, beaucoup de jeux venant de l’archipel du soleil levant subissaient des transformations pour s’adapter au public occidental. Dans le cas de notre chère œuvre, les personnages avaient notamment des noms différents : les joueurs de la première heure se souviennent sûrement de Bop-Louie, Freeon-Leon, Shades ou encore Gil. Les temps ont changé et, désormais, les gameurs français peuvent découvrir les aventures de Hebe, O-Chan, Sukezaemon et Jennifer comme leurs camarades japonais.
- Un endroit chatoyant !
Si ces éléments restent importants, les changements majeurs apportés par Ufouria : The Saga 2 se constatent visuellement, en premier lieu au niveau des décors qui bénéficient d’une grande optimisation par rapport au titre d’origine. Les couleurs feutrées participent à faire de la direction artistique une réussite en mélangeant des aspects modernes et d’autres plus traditionnels. Quant aux personnages, leur design adopte un style pelucheux aux allures kawaii qui s’intègre parfaitement dans les environnements. Notons également l’ajout de quelques petites animations qui créent un liant narratif entre deux phases d’exploration. Tout cela a le mérite d’offrir un rendu global des plus plaisants, ce qui concourt à rendre agréable la découverte des différentes zones du jeu.
En revanche, le studio n’a pas opté pour des changements de gameplay. Les déplacements se limitent aux quatre directions basiques. À cela s’ajoutent quelques possibilités comme celles de sauter ou de ramper. Bref, rien de très novateur pour les amateurs de plateformes. D’ailleurs, certains pourront tiquer sur la lourdeur et la lenteur des personnages. On ressent le poids de l’âge du jeu manette en mains, alors que de gros progrès ont été effectués dans ce domaine depuis les années 90. Cependant, Ufouria : The Saga 2 reste très aisément jouable par tous les publics (d’où la classification PEGI 3) et contentera sans nul doute les amateurs de sensations à l’ancienne.
Rencontres du troisième type
Le jeu commence par l’arrivée d’un alien dans le paisible monde d’Ufouria. Cet être, nommé Utsujin, veut imposer sa domination sur la planète comme tout extraterrestre belliqueux qui se respecte. Pour cela, son plan consiste à répandre un peu partout des Bumyons. Ce sont des sortes de monstres qui collent sur tout, y compris sur les espèces vivantes. Heureusement, la résistance s’organise grâce à un personnage qui s’appelle Hebe. Notre héros va très vite sortir de son lit et se mettre en quête d’alliés afin de contrer l’invasion en cours. Et c’est ainsi qu’après quelques péripéties, trois autres créatures vont le rejoindre pour former une bande originale…
- Un lieu de rencontre insolite…
Le joueur peut donc rapidement switcher entre les quatre personnages de la joyeuse troupe à tout moment, en pressant un simple bouton sur la manette. Chaque héros aura son utilité dans les différentes zones : Hebe peut grimper sur les parois des murs, O-Chan sait nager et marcher sur la glace sans glisser, Sukezaemon permet de faire des sauts plus longs pour atteindre des endroits plus éloignés et Jennifer est capable de plonger pour atteindre les profondeurs d’Ufouria. Le système est relativement bien pensé et les gameurs passeront forcément du temps avec tous les protagonistes au cours de leur expérience vidéoludique.
Bien que ces options permettent d’offrir de la variété lors des phases d’exploration, l’intérêt reste globalement limité lors des combats. Le schéma des différents affrontements ne présente malheureusement aucune originalité : lancer des Popounes sur les Bumyons, sauter une fois sur un ennemi lambda ou trois fois sur un mini-boss. On ressent très vite une lassitude, d’autant que la difficulté du jeu reste très mince. Et, même s’il est possible de débloquer un mode difficile ainsi qu’une capacité spéciale pour chacune des créatures, ne vous attendez pas à ce que cela révolutionne le challenge. Enfin, n’oublions pas de mentionner ce maudit oiseau qui nous jette ses excréments afin de nous faire perdre des points de vie. Est-ce encore de bon goût de nos jours ?
- Voie K, attention le train va partiiiiiiiiiiiir !!!
L’histoire comporte son lot de rebondissements (pas seulement grâce aux ressorts !) et de moments drôles. Les textes des cinématiques, disponibles en langue française, peuvent être lus à la vitesse que l’on souhaite, ce qui est appréciable pour le jeune public de joueurs. Cependant, l’aventure se présente sous une forme très classique et l’ultime dénouement arrive trop rapidement. En prenant son temps, trois heures suffisent pour contempler le générique de fin. Heureusement, quelques petites subtilités permettent d’allonger (un peu) la durée de vie du jeu.
Un jour sans fin
Chaque partie débute chez Hebe qui vit dans un habitat sommaire mais pratique. Le point d’intérêt majeur de ce lieu reste le distributeur situé au pied de l’arbre. Objet incontournable de la vie quotidienne japonaise, il permet aux aventuriers d’Ufouria : The Saga 2 d’obtenir de nouvelles capacités et d’en apprendre davantage sur le lore du jeu. Les plus matérialistes seront satisfaits d’apprendre que l’on peut également acheter des biens pour meubler la sublime demeure de notre héros.
- Logement bien situé, équipé de WC…
Il faut évidemment avoir assez de pièces pour débloquer chaque élément. Pour en collecter le plus possible, le joueur peut aller dans la direction de son choix à partir de la zone centrale. S’il n’y a pas de linéarité imposée, le côté metroidvania du premier Ufouria n’est pas réellement retranscrit dans cet épisode à cause des niveaux générés aléatoirement. Toutes les sorties ne se ressemblent pas totalement, du moins pendant les premières heures de jeu. Après plusieurs essais, on a pu constater que leur construction engendre des répétitions sur certains tronçons. Les coffres ou encore les ennemis se trouvent aux mêmes endroits à des points précis. Un sentiment de déjà-vu assez désagréable sur la longueur…
- Un torii peut en cacher un autre.
En plus des pièces, il est nécessaire de trouver des Utsu-boites pour voir augmenter le stock de babioles dans le distributeur. Ces objets sont généralement cachés ou plus difficiles à atteindre. On peut aussi en glaner lors de certains mini-jeux où il faut, par exemple, vaincre un nombre d’ennemis dans un temps imparti. Avec tous ces à-côtés, les complétistes auront de quoi passer quelques moments supplémentaires dans le monde d’Ufouria. Quant aux chasseurs de succès, la récompense la plus longue à obtenir leur demandera d’accumuler 50 000 pièces d’or. Une collecte qui nécessitera environ une dizaine d’heures…
Testé sur Xbox Series S
