Test - Little Nightmares II - On prend les mêmes cauchemars et on recommence en pire...

«Un cauchemar plus frustrant que flippant» , - 3 réaction(s)

Quatre ans plus tard, le tout petit cauchemar de Bandai Namco revient hanter nos petites nuits. Personnellement je m’en souviens encore. Je me rappelle de cette créature aveugle et difforme aux bras démesurés qui, tel un insecte monstrueux, palpait le sol en reniflant à la recherche d’une proie tétanisée par la peur et cachée dans l’ombre d’un cageot en bois renversé. J’ai encore des frissons lorsque je pense au banquet grotesque d’ogres obèses, et à l’écœurement qui me saisit lorsque je me frayais un chemin entre les plats gorgés de graisse et de carcasses d’animaux. Je me vois encore poursuivi par une déferlante affamée, une vague de chair, de doigts boudinés et de bouches insatiables. Je revis encore cette course hallucinante qui fait disparaître l’adjectif petit devant ce cauchemar de toute beauté. Malgré ces souvenirs mémorables, j’ai aussi en tête l’aspect décousu de ces séquences sans liant, l’absence de narration maîtrisée, le gameplay un peu hasardeux qui venait contrebalancer l’émerveillement morbide de ce bien étrange cauchemar. J’attendais avec curiosité la suite en espérant retrouver cette ambiance unique dénuée de ses errements de jeunesse et me laisser happer sans retenue par le plus horrible des petits cauchemars…

Elle s’appelle Six et elle n’est plus toute seule

Le charme bucolique d’une promenade en forêt...

Oui, mieux vaut partir de là, du début. Little Nightmares est un jeu narratif horrifique die and retry (meurs et réessaye) dont le premier représentant du genre est Another World d’Éric Chahi en 1991, cela fait tout juste 30 ans. Comme cet illustre ancêtre, Little Nightmares adopte une narration sans paroles ni textes, tout étant suggéré par les visuels et les différentes séquences auxquelles doit se confronter le joueur. Ces dernières sont très punitives, on meurt souvent par des pièges, des surprises, des évènements scriptés que l’on doit comprendre, appréhender afin d’avancer jusqu’à la prochaine mort. Si le fait de recommencer plusieurs fois une même scène jusqu’à sa réussite vous exaspère, mieux vaut passer votre chemin. Little Nightmares II reprend les bases de son grand frère, mêlant moments de plateformes, d’infiltration et quelques énigmes.

Méthode de bourrage de crâne à l’école !

L’héroïne du premier Little Nightmares s’appelle Six, ce qui est impossible de savoir sans prendre la peine de regarder le résumé du jeu fourni par les développeurs. Aucun élément de contextualisation n’est donné dans le premier titre et aucun élément n’est donné aussi dans ce second épisode. Toutefois, c’est un jeune garçon en imperméable avec un sac en papier sur la tête que l’on dirige dans Little Nightmares II. On se réveille en pleine forêt sans trop savoir comment on est arrivé là, nos motivations, ni qui on est. Le seul point positif est que le chemin est tout tracé, en ligne droite et qu’il suffit d’avancer pour voir le fil de l’histoire se dérouler devant nous. Le fil est néanmoins ténu, les quelques indices distillés restent vagues et posent plus de questions qu’ils n’y répondent. Peu de temps après ces débuts nébuleux, on délivre un autre personnage (qui est en réalité Six mais on ne sait pas pourquoi elle est là !) d’une masure perdue dans les bois. Le duo formé fuit alors l’inquiétant propriétaire des lieux, un chasseur, dans une relation qui fait penser à un autre jeu du genre, le célèbre Ico. Cette fuite va les amener aux portes d’une ville immense et lugubre, dont les sombres recoins abritent d’étranges et mortelles créatures. Quel terrible secret se terre dans les murs de cette cité ?

La cantine est toujours un joyeux bordel !

Little Nightmares II suit le chemin déjà tracé par son prédécesseur, c’est-à-dire un arc narratif quasiment inexistant qui se construit autour d’un enchaînement d’ambiances et de situations plutôt que sur la volonté de raconter une histoire. Comme son aîné, Little Nightmares II happe le joueur non pas sur son histoire, mais par son bestiaire grotesque, surréaliste et cauchemardesque et ses décors d’une effroyable beauté. Si le chasseur du début du jeu nous laisse de marbre, l’institutrice (ou professeure des écoles pour ménager les susceptibilités) est aussi mémorable que l’aveugle du premier épisode. Little Nightmares II arrive à imposer son ambiance, ses moments marquants même s’il n’échappe pas à une certaine redite. Il a du mal à surprendre, à proposer des séquences fortes qui s’ancrent d’elles-mêmes dans notre mémoire. Mais le premier opus avait lui aussi ce problème de rythme malgré la maestria de son quatrième acte.

Et ça continue encore et encore, tu meurs au début d’accord, d’accord…

Toc, toc, qui est là ?

On meurt donc beaucoup dans Little Nightmares II. Les différents pièges, évènements, courses-poursuites entraînent la plupart du temps la mort la première fois que l’on s’y trouve confronté. Il faut s’attendre à refaire plusieurs fois certaines séquences afin de trouver comment atteindre le prochain point de passage. La frustration arrive très rapidement et parfois la colère s’y mêle, ces sentiments prenant le pas sur l’ambiance générale du jeu. Cet écueil déjà présent dans le premier Little Nightmares est accentué dans le second. On se trouve encore confronté à des soucis de précision du gameplay qui entraîne la mort accidentelle, suite à un saut mal ajusté du fait de contrôles hasardeux ou d’un axe de caméra peu lisible. De plus, l’IA des créatures se montre parfois étrange, ruinant une tentative d’anticipation, de même que la physique de certains objets et pièges. Un même piège mortel de balancier peut très bien s’arrêter rapidement sur l’obstacle comme continuer sa course comme si de rien n’était. Autant dire que notre façon d’aborder le problème s’en trouve radicalement changée.

Ce n’est pas si éloigné de ce que l’on a vécu à l’école, non ?

Le retour au dernier point de passage prend un certain temps et se voit parfois augmenter de séquences d’animation obligatoires comme le passage d’une porte ou un énième retour sur nos pas pour récupérer un objet essentiel. Le faire une fois passe encore, mais répéter cela constamment met nos nerfs à rude épreuve. La maniabilité hasardeuse vient aussi nous refroidir lors des séquences de combats où l’on doit enchaîner la neutralisation de plusieurs créatures avec une arme de jet. Lorsque cette dernière tombe légèrement devant ou heurte un élément du décor, cela ne semble pas gêner notre assaillant qui peut nous saisir très facilement avec une grosse économie d’animation. Il n’y a aucune seconde chance dans Little Nightmares II, un petit écart, une fausse manœuvre et c’est un retour assuré par la case “checkpoint”.

Finalement, je suis très bien là haut...

Cette frustration récurrente était totalement absente du premier et met en exergue les soucis techniques et la maniabilité aléatoire du jeu. Vraiment dommage car le jeu est toujours d’une beauté monstrueuse, son bestiaire glace le sang et certaines séquences sont réellement cauchemardesques. L’environnement sonore est également à la hauteur de cette ambiance fabuleuse, même si l’aventure demeure assez courte. Comptez un peu moins d’une dizaine d’heures pour récupérer l’intégralité des collectibles cachés dans les niveaux, chapeaux et dépouilles corrompues.

Le test a été fait sur Xbox One X.

Bilan

On a aimé :
  • Une ambiance fantastique et cauchemardesque
  • De nouvelles créatures très réussies
On n’a pas aimé :
  • Une économie de narration préjudiciable
  • Une maniabilité et une lisibilité hasardeuses qui augmentent la difficulté
  • Beaucoup plus frustrant que le premier opus
Little Nightmares II se saborde tout seul comme un grand

Ce qui est bien avec une suite c’est qu’elle tire généralement les leçons du premier épisode pour améliorer ses qualités et gommer ses défauts. Malheureusement Little Nightmares II ne fait ni l’un ni l’autre, pire il en accentue les défauts avec des phases de gameplay contre-nature totalement ruinées par une maniabilité toujours aussi chancelante. C’est dommage car le voyage avait tout pour être mémorable, incroyablement dérangeant et nous imprégner de son ambiance malsaine. Au lieu de tout cela, la frustration et l’agacement transforment ce petit cauchemar, plaisamment malsain, en un véritable grand cauchemar ludique.

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Little Nightmares 2

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Bandai Namco

Développeur : Tarsier Studios

Date de sortie : 11 février 2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

3 reactions

xTOTO62x

09 fév 2021 @ 16:23

j’étais déjà frustré avec la démo donc pas de surprise, au lieu d’améliorer le concept ils l’ont dégradé

lacrasse

09 fév 2021 @ 16:47

J’ai bien aimé le premier, j’avais donc dl la demo du 2,siis pas aller jusqu’au bout, ouais je sais pas... Je ferai ce jeu via le gamepass ou à pas cher, on verra...

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Spoilerfrite

09 fév 2021 @ 16:58

Je n’ai jamais fini le premier LN… le jeu m’a « bloqué » à un moment et au bout de x tentatives, j’ai laissé tomber et revendu. Lorsque j’ai du temps libre pour jouer, ce n’est pas pour galérer durant des heures afin de passer un niveau, la faute à un gameplay hasardeux et/ou frustrant. Donc ces jeux là : non merci.

Pourtant l’ambiance de LN2 (la démo) est vraiment très chouette. J’imagine donc que c’est un peu plus loin dans l’aventure que ça part en sucette… dommage. Je doute plonger dans celui ci du coup.