Test - DiRT 5 - Un épisode qui salit même son nom

«J’ai mal à mon DiRT» , - 9 réaction(s)

DiRT est devenu au fil du temps un nom référence pour les amateurs de rallye. Depuis Colin McRae : Dirt en 2007, on le retrouve dans chaque nouvelle production des studios de Codemasters. La nouvelle série, intitulée simplement DiRT en Amérique du Nord marqua une rupture avec le passé en se rapprochant d’une conduite arcade plus accessible, capable d’attirer le plus grand public. Toutefois, des déclinaisons de la franchise vinrent brouiller les pistes : DiRT Showdown, paru en 2012, qui mettait l’accent sur le fun et la destruction en oubliant les rallyes classiques, DiRT Rally et DiRT Rally 2.0, qui au contraire revenaient aux sources d’une conduite exigeante proche de la simulation. DiRT 5, si l’on a bien compris la nomenclature codemasterienne, devait donc faire plaisir aux fans de l’arcade pour des spéciales de rallye endiablées. Il n’en est rien, loin de là.

Du grand classique et quelques bonnes surprises

Les esprits créatifs se feront plaisir

Oubliez tout de suite les spéciales traditionnelles. Les concepteurs ont choisi de privilégier les joutes et accrochages avec des adversaires aux dépens des courses solitaires contre le chrono. Ces dernières existent encore mais plus du tout dans le cadre des célèbres rallyes. Vous en trouverez dans le nouveau mode de jeu intitulé Playgrounds, que nous avions découvert lors d’une preview. En effet, ce mode propose un éditeur de circuits avec 3 types d’épreuves solitaires possibles : du Gymkhana pour tester son skill et sa maîtrise du véhicule, du Gate Crasher consistant à traverser des portiques le plus rapidement possible et du Smash Attack où nous devons percuter une certaine quantité de ballons pour cumuler des points en un minimum de temps. Un système de notation des circuits permet de faire une honnête curation afin de profiter des meilleurs d’entre eux. Nous étions agréablement surpris par le mode Playgrounds en août, aux possibilités infinies, nous le sommes toujours aujourd’hui… si toutefois la créativité des joueurs tient ses promesses sur la durée.

Le Pathfinder de la carrière de marbre est excellent

Vous retrouverez également des courses solitaires dans le mode Arcade. Ce dernier propose simplement le Contre-la-montre où vous pourrez défier les joueurs du monde entier et le Jeu Libre où chaque course sera calibrée selon vos souhaits : lieu, classe de voitures, météo, heure de départ, accélération du temps, taille de la grille et difficulté. Dirt 5 propose neuf types de courses. Certaines sont atypiques telles la séduisante Pathfinder qui consiste à gravir en solitaire des parcours très accidentés et hyper techniques ou la frustrante Sprint, qui se déroule sur des tracés ovales. On retrouve également la sympathique épreuve du Rally Raid qui consiste à partir d’un point A pour atteindre un point B ou le désormais classique Gymkhana. Les autres épreuves ne sont que des nuances de circuits fermés avec plus ou moins de virages “serrés” et de sauts.

Une carrière ultra décevante

Le fameux planning du mode Carrière

Les trailers et la communication de Codemasters nous ont vendu un mode carrière intense avec un “récit profond, mettant en vedette les plus grands acteurs de voix du jeu vidéo”, à savoir Troy Baker et Nolan North. Cassons le rêve d’entrée de jeu. La carrière consiste simplement à enchaîner des épreuves sans aucun lien entre elles, ni logique apparente ou difficulté progressive. Les courses de 3 tours à 12 participants sont les reines. Un système d’embranchements sur le planning des courses permet de choisir régulièrement entre plusieurs types d’épreuves selon vos préférences. Cinq chapitres composent l’histoire. Chacun d’eux se termine par une épreuve finale où il faudra à minima terminer sur le podium pour débloquer le suivant. Pour participer à certaines épreuves, vous devrez collecter un nombre suffisant de timbres obtenus selon votre classement dans chaque course : 3 en cas de victoire, 2 si vous montez sur le podium, 1 si vous finissez la course. Surprise sympathique, vous pouvez faire participer 3 amis à vos épreuves de carrière via l’écran partagé.

Une livrée de notre sponsor, pauvre Subaru...

Vos prestations vous permettent également de gagner de la réputation auprès de votre sponsor, des sous supplémentaires et débloquent des éléments de customisation. Chaque sponsor, parmi 20 marques réelles, vous donne de l’argent ou des livrées, plus quelques bonus si vous réussissez des objectifs secondaires en course. Les amoureux de la customisation passeront un temps fou à embellir leurs joujoux : voitures stars de rallye des quarante dernières années, GT, SUV ou buggies. De notre côté, aimant la sobriété, le choix artistique de couleurs plus flashy les unes que les autres et de stickers souvent ringards, mis en avant par le jeu, ne nous a pas trop emballés, même si des tons classiques sont encore présents. En revanche, ne comptez pas sur une amélioration des équipements : aucun élément technique et mécanique d’une voiture n’est modifiable. Faites mumuse avec la carrosserie, et taisez-vous.

Des podcasts pour philosophes

Et que dire du scénario et de l’apport des stars du jeu vidéo ? Tout simplement de l’argent gaspillé. Tout se déroule dans un format de podcasts audio animés principalement par l’équipe Donut. Alex Janiček, interprété par Troy Baker, sera votre mentor tout au long de la carrière et vous aidera dans votre rivalité avec l’autre pilote qui fait sensation, Bruno Durand alias le “iceman” de la compétition, joué par Nolan North. S’il est déjà lassant d’entendre souvent les mêmes voix dans les jeux vidéo, nous n’avons toujours pas compris l’intérêt de la venue de ces deux pointures dans un jeu de course. L’histoire est autant classique qu’insipide, l’humour ne fait pas souvent mouche et les mêmes conseils du mentor tournent en boucle à chaque fin de course selon le résultat de votre prestation.

Un peu trop d’esbroufe pour être honnête

On doit être en Grèce

Vous allez voyager autour du monde avec DiRT 5 et goûter à différents revêtements de piste. De la boue chinoise ou brésilienne, à la neige du Népal ou la glace norvégienne et new-yorkaise en passant par les terres ocres du Maroc et de l’Arizona ou les graviers de la Grèce et de la carrière de marbre italienne, c’est un vrai dépaysement auquel on a droit. Malheureusement, la direction artistique ne fera pas l’unanimité même si elle est très cohérente avec le style de course arcade recherché. En effet, les artistes du studio se sont orientés vers un style légèrement cartoonesque par rapport à la réalité : simplification des détails du décor, tonalité des couleurs trop vive, modélisation des véhicules imparfaite et carrosserie trop brillante, pistes surchargées (trop de flaques d’eau, de boue…). De plus, les décors ou monuments choisis sortent tout droit d’un catalogue des plus beaux clichés de chaque pays visité, ce qui renforce l’impression de traverser des paysages fantasmés et non authentiques.

Festival pyrotechnique

Une autre chose a bien été vendue par les trailers, le sentiment de participer à des courses très spectaculaires, notamment par la profusion des effets spéciaux. Les premières courses impressionnent vraiment avec les effets de lumière, les éclaboussures d’eau, la poussière qui vole, les projections de boue, les fumigènes, les jets de flammes, les néons la nuit et beaucoup d’autres artifices. Si en plus, la météo dynamique, assez bien réussie, ajoute son grain de sel pendant la course, le spectacle visuel est vraiment au rendez-vous. Commencer une épreuve avec un ciel dégagé et un beau soleil couchant et la finir en pleine nuit sous une tempête de neige fera toujours son petit effet, même si par moment, le jeu souffre d’un trop plein quand tout s’accumule. Néanmoins le temps fait son travail et on commence à s’habituer, à être moins impressionné par les artifices, à repérer certaines textures grossières. L’écran de fumée se dissipant peu à peu, on s’intéresse plus sérieusement au comportement des voitures et au gameplay, et … c’est la douche froide, limite glaciale.

Sortez vos cahiers, nous allons étudier les pavés droits

Commençons par la physique des bolides. Ce n’est pas parce que l’on propose des courses de type arcade qu’il faut revenir à une physique archaïque. D’autres jeux de ce type sont passés par là sur cette génération. Wreckfest nous a montré qu’on pouvait avoir de l’arcade fun avec une physique de très haut niveau. Même la physique de la série Forza Horizon, dont le style de gameplay est celui recherché par DiRT 5 demeure encore bien au-dessus, alors qu’elle commence à dater. Si nous caricaturons, DiRT 5 est un jeu de course de parallélépipèdes rectangles montés sur aéroglisseurs dans des couloirs aux murs invisibles. D’aucuns se disent qu’on exagère, ben non, on va vous le prouver. Sortez les pop-corn.

Arrêté net à 150 km/h, heureusement rien de cassé...

Pourquoi des parallélépipèdes rectangles ? Tout simplement parce que les voitures le sont avec des faces invisibles. Quand vous vous cognez aux adversaires, contre des barrières ou des obstacles, aucune déformation ne se passe, votre “solide” reste tel quel. Allez soyons correct, quelques griffes seront visibles et votre coffre sera ouvert. Si vous retombez après un saut sur le toit d’un adversaire, et cela arrive souvent, vous n’écrasez pas du tout ce dernier, vous “flottez” puis retombez sur le sol ni vu ni connu, et vice-versa d’ailleurs. Par sadisme, nous avons tenté d’incruster la roue avant-droite proéminente d’un buggy dans l’espace vide laissé entre les roues de gauche d’un adversaire. Le résultat est sans appel, un mur invisible nous empêchait de frotter notre roue contre la carrosserie du rival. Cette notion de murs invisibles concerne également les tracés. Le plus flagrant se passe lors de gros sauts. Si vous avez le malheur de prendre le tremplin de travers et que votre monstre de puissance risque d’aller dans le décor, une bénédiction divine le fait rebondir dans les airs pour le remettre dans le “droit chemin”, alléluia !

Ça va glisser chérie !

Quant au fameux “montés sur aéroglisseurs”, selon le revêtement de piste, notre voiture se mettra à glisser de plus en plus. Si le comportement est assez réaliste sur la glace, le fait de ne pas ressentir de forte adhésion de la gomme sur les tronçons en asphalte nous chagrine déjà un peu. Le souci provient surtout de la gestion des difficultés présentes sur les pistes. Que vous passiez sur une énorme flaque d’eau ou un secteur très boueux, votre voiture glisse de la même manière, comme si ces obstacles naturels n’existaient pas et ne servaient qu’à flatter nos rétines. Comme si les développeurs avaient codé un unique comportement de glisse par type de piste au mépris des aspérités et obstacles présents en surabondance sur celle-ci pour le “spectacle”.

Recherche sensations désespérement

Dans 5 mètres, vous ne ressentirez aucune différence

Toutefois, le pire est encore à venir. Les sensations à la manette sont atrocement ridicules (les volants, n’y pensez même pas). La gestion des vibrations fait un bond de dix ans en arrière, quand elles veulent bien fonctionner malgré déjà deux grosses mises à jour en moins d’une semaine. Les suspensions des voitures n’existent que pendant les replay quand vous voyez la voiture sautiller dans tous les sens. En course, c’est le néant et même après un gros saut, votre voiture se vautre comme une crêpe et repart tranquille à fond comme sur une “autoroute”. De plus, comme la glisse, vous n’aurez qu’un comportement unique de vibrations par type de revêtement de piste. En cas de passage sur des trous remplis d’eau, rivières et autres aspérités de la piste, vous ne ressentirez aucune différence. Quand on pense que sur les DiRT Rally, autres jeux de Codemasters, le moindre passage sur un gué nous faisait suer des gouttes de peur de perdre complètement le contrôle de la voiture... Les sensations sur les Forza Horizon sont également à des années-lumière. Espérons vraiment que cela puisse être corrigé via une mise à jour car dans l’état, c’est catastrophique.

Deux voitures d’appui pour le virage, c’est cool

Ainsi, le gameplay de DiRT 5 n’est vraiment pas au niveau et marque une réelle régression par rapport aux ténors des jeux de course arcade. Les courses deviennent ennuyeuses une fois qu’on le maîtrise un minimum. Il suffit presque de rebondir à fond sur les adversaires dans les virages pour rapidement prendre la tête et finir en solitaire. De plus, la majorité des courses étant prévues pour 12 concurrents qui s’entrechoquent, les pistes sont très larges et rares sont les virages où on utilisera le frein, une simple gestion de la gâchette d’accélération remplira parfaitement le rôle.

Le coin des chasseurs : DiRT 5 propose 20 succès pour un total de 1000G. Terminer la campagne vous rapportera un tiers des points environ. Le reste se gagne en réussissant des objectifs spécifiques typiques des jeux de course : atteinte du niveau optimal, parcourir tant de km dans certains modes, battre des scores. 200 points peuvent s’obtenir très rapidement via le nouveau mode Playgrounds.

Bilan

On a aimé :
  • Les effets visuels et la météo dynamique
  • La diversité des environnements
  • Les 3 épreuves de Pathfinder et certains tracés
  • Le sympathique mode Playgrounds
On n’a pas aimé :
  • Des sensations bien cachées
  • Une physique archaïque
  • Une carrière insipide et décevante
  • trop d’effets spéciaux pour cacher la misère
  • Des courses rapidements ennuyeuses
Un McDirty s’il vous plaît

Quelle immense déception. Certains bons côtés de DiRT 5 nous poussent à y retourner comme le mode Playgrounds afin de découvrir les dernières créations à la mode ou se refaire quelques tracés vraiment sympas pour passer le temps, mais les défauts et carences du jeu prennent trop facilement le dessus pour apprécier pleinement cet épisode. DiRT 5 est finalement le McDo des jeux de course arcade. On est attiré par l’affiche séduisante et appétissante d’un burger à l’arrêt de bus. C’est qu’il est bien mis en valeur le bougre et paraît tellement généreux. Alors on craque, on y va en victime consentante des pièges éculés mais toujours aussi efficaces du marketing. Puis on ouvre la boîte, et on découvre sans surprise un semblant de viande qui part à gauche, un fromage qui part à droite et le pain du dessus déposé également à l’arrache. On se dit aussi que c’est beaucoup plus petit que sur l’affiche et surtout très grossier. Au goût, c’est quasiment sans saveur à part une ou deux bouchées qui sortent du lot, et puis c’est tellement mou qu’on avale mécaniquement, presque sans mâcher. Cela ne vaut absolument pas son prix et l’enseigne se fout vraiment de notre gueule, mais on est content et on reviendra la prochaine fois, c’est certain.

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DiRT 5

PEGI 0

Genre : Courses

Editeur : Codemasters

Développeur : Codemasters

Date de sortie : 06/11/2020

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

9 reactions

lowfab

07 nov 2020 @ 10:42

Et bien on va attendre son arrivée dans le game pass alors. Merci pour le test

Marvfirstclass87

07 nov 2020 @ 10:47

Je le sentais pas ce jeu. Ca ne m’étonne guère.

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JoeHell

07 nov 2020 @ 11:12

Dommage, moi qui voulais un bon jeu de bagnoles en attendant les prochains Forza. C’est un peu la douche froide.

Bien vu l’analogie avec les burgers 😉.

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franckyrocky

07 nov 2020 @ 11:59

Je m’attendais à mieux...

lacrasse

07 nov 2020 @ 13:01

Ça se voit depuis le début, je le testerai via le gamepass, il arrivera dedans un jour ou l’autre... Aucune chance que je mets un copec la dedans

Suppositoire

07 nov 2020 @ 13:02

Franchement on le sentait venir celui là :)

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DKMS X

07 nov 2020 @ 13:31

Merci pour le test, je pensais le prendre en attendant FH5 et laisser respirer FH4 un petit peu, mais je crois que je vais continuer d’user FH4.

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bosstarr

07 nov 2020 @ 13:52

Oui comme dit plus haut,on le sentait arriver celui-là !!! Ils veulent marcher sur les plats de bande de horizon wrc et autre. 🤦‍♂️🤦‍♂️🤦‍♂️🤦‍♂️ et boum !!!! A la prochaine !!!!

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ABBYS59400

15 nov 2020 @ 23:30

Effectivement c’est un sacré virage en terme de positionnement:-O L’orientation arcade est un changement par rapport à ce que l’on connait sur les autres épisodes. WRC 9 pourra combler ce manque. Par contre c’est un très beau jeu avec de très beaux graphismes. Une petite question : Comment jouer en écran partager ? Il n’ y a pas de menu et impossible de jouer à 2, je dois avoir loupé quelque chose !!!! Merci de votre aide