C’est la période d’Halloween et que fait-on durant cette période ? On fête les morts, on déterre des cadavres, on se fait peur ! Microids surfe donc sur cette vague pour exhumer un vieux squelette dont on n’a gardé que le souvenir ému d’un moment potache derrière son ordinateur familial. Je fais partie de ces vieux joueurs qui ont apprécié le charme bon enfant de North and South, le titre original, à l’époque sur un Atari ST. La nostalgie me fait encore vibrer mais j’avoue appréhender ce test car j’ai peur que ce remake ne vienne ternir ces bons souvenirs…
89 année ludique
Les Tuniques bleues, c’est avant tout l’un des fleurons de la bande dessinée franco-belge. Issues de l’imagination de Raoul Cauvin au scénario et de Louis Salvérius au dessin, les Tuniques bleues apparurent pour la première fois dans le journal de Spirou en 1968 sous forme d’histoires courtes. Les aventures de deux soldats de l’Union, le sergent Cornélius M. Chesterfield et le caporal Blutch, sous fond de guerre de sécession, rencontrèrent un tel succès qu’elles passèrent rapidement au format bande dessinée de 44 pages. Suite à la mort de Louis Salvérius en 1972, c’est le dessinateur Lambil qui reprit les pinceaux pour amener la série à 63 tomes, un 64ème devrait sortir en 2021. À noter que le 30 Octobre 2020, le duo d’auteurs a passé la main à un nouveau trio pour donner un second souffle à la série avec un tome 65 en préparation.
Le succès de la série est tel qu’elle fut adaptée en 1989 en jeu vidéo sur les micro-ordinateurs de l’époque par les Lyonnais d’Infogrames, une équipe de développeurs déjà rompue au genre avec Tintin et comprenant entre autres Didier Chanfray aux graphismes. Si ce nom ne vous dit rien, sachez qu’il a fait partie de l’équipe des jeux cultes Alone in the Dark et Little Big Planet. North & South, ainsi appelé pour le marché international, se présente sous la forme d’un jeu de stratégie et de conquête entrecoupé de séquences d’arcade. Le jeu sortit sur plusieurs plateformes dont l’Amiga, l’Atari ST, le C64, PC DOS, l’Amstrad CPC, le ZX Spectrum, la MSX et la NES. Outre ses graphismes ronds et soignés et son gameplay atypique, c’est son thème principal qui reste encore gravé dans le cœur des joueurs. Ce thème est l’œuvre du regretté Charles Callet, auteur de superbes compositions pour Powermonger, Gobliins ou la Quête de l’oiseau du temps. Je ne peux m’empêcher de vous partager cette intro.
Elle est chouette, non ? Et bien malheureusement, on ne va pas la retrouver dans le remake de Microids. Pire, la bande son et tout l’habillage sonore en général sont globalement médiocres. La direction artistique est elle aussi passe-partout et on ne pardonnera pas l’horrible écran de présentation qui ne prend même pas la peine de respecter le style de Lambil.
Un anachronisme ludique
Mais outre ces considérations artistiques, comment fait-on en 2020 pour porter ce vieux jeu sur nos consoles de salon ? On fait comme on peut. Dans le fond rien ne change, on se retrouve avec un jeu de conquête mêlant stratégie et arcade. La carte est identique quel que soit le mode de jeu et l’époque, qui fait guise de scénario, jouée. Vu qu’il s’agit de la guerre de Sécession, les États-Unis font office de champ de bataille opposant l’armée bleue du Nord à celle des confédérés grise du Sud. On déplace nos troupes sur la carte, on prend des États et on essaye de venir à bout de l’armée adverse. La petite subtilité se situe dans les Forts se trouvant sur la carte. Occuper deux Forts reliés par le chemin de fer permet d’engranger de l’argent, quasiment le seul moyen d’acheter de nouvelles troupes.
Les différentes actions sont ponctuées de phases d’arcade simples et dynamiques. L’affrontement entre deux troupes permet de contrôler trois types d’unités différentes : des fusiliers lents mais mobiles sur toute la carte avec une bonne portée, un canon se déplaçant latéralement du fond de la carte pouvant annihiler toute une escouade en gérant la portée de son tir et enfin la cavalerie, très rapide, mais qui, une fois lancée, ne peut ni s’arrêter ni faire demi-tour. Alterner entre ces différentes unités demande du doigté, le décor pouvant aussi être utilisé à son avantage comme par exemple la destruction d’un pont, seul passage sûr pour traverser une falaise ou une rivière. Le reste n’est qu’affaire de dextérité et de choix.
L’attaque d’un Fort et d’un train adverse sont les deux autres séquences d’arcade du jeu. Dans le North & South original il s’agissait de phases de plateforme/tir vues de côté, nerveuses à la maniabilité hasardeuse. Microids a eu la bonne idée de les remplacer par des phases de tir à la première personne simplifiées. Pour l’attaque du train, on doit remonter jusqu’à la locomotive, fusil en main. Pour conquérir un Fort, on doit tuer un certain nombre de soldats adverses dans l’enceinte. Les rôles changent bien entendu si vous êtes en position de défenseur. Dans le fond ces changements sont bienvenus, par contre, ils n’enrichissent en rien le jeu qui tourne très rapidement en rond malgré les trois niveaux de difficultés et les quatre scénarios disponibles. Le jeu à deux peut légèrement augmenter le plaisir mais n’est proposé qu’en local, c’est bien peu pour maintenir l’intérêt sur la durée et le peu de modes de jeux disponibles n’arrange rien. Les vieux nostalgiques pourront s’en contenter mais pas à 40 euros, surtout que le jeu fait l’économie de toute une partie hommage qui aurait très bien pu “enrober” ce remake, comme un musée virtuel, des croquis de l’époque, des interviews, la musique originale, voire, pourquoi pas, le vieux jeu émulé. Rien de tout cela malheureusement ne vient enrichir l’expérience.
Le coin des chasseurs : 1000G faciles à obtenir mis à part le dernier succès des 11présents dans le jeu, qui vous demandera d’enchaîner 3 victoires contre l’IA en difficile.