Test - Yakuza : Like a Dragon - Un nouveau départ rafraîchissant et prometteur

«La vie n’est qu’un jeu de rôle» , - 0 réaction(s)

Après avoir terminé l’arc Kazuma Kiryu avec l’épisode 6 de la série Yakuza, le studio Ryû ga Gotoku se trouvait au bord d’un précipice. Comment renouveler la franchise et trouver un héros qui ne fasse pas pâle figure à côté du légendaire Dragon de Dojima ? Un véritable casse-tête chinois pour des cerveaux japonais en quête d’inspiration. Mais quand on est libre, qu’on n’est plus contraint par le poids et le souci de cohérence de 7 épisodes canoniques, on peut prendre des risques et se lâcher. Yakuza : Like a Dragon en est le résultat.

Nouvelle ville, nouveau héros

Nouveau départ de la série oblige, les premières heures de jeu prennent le temps de présenter les personnages principaux, les liens qui les unissent, et raconter leurs tragédies. Si cette étape en déroutera plus d’un par sa longueur avec des phases de gameplay en portion congrue, elle est nécessaire. Tous les jeux Yakuza sont riches d’un scénario complexe mais terriblement passionnant aux multiples embranchements et rebondissements. Like a Dragon est de la même lignée. Survivre aux premières heures poussives est le prix à payer pour humer l’essence sacrée que cet épisode est prêt à nous offrir. Pour une parfaite immersion dans l’univers, n’hésitez pas à garder les voix japonaises (voix anglaises disponibles) et de mettre les sous-titres en … français ! La non traduction d’une majorité des jeux Yakuza dans la langue de Molière fut longtemps un frein pour beaucoup de joueurs. Désormais, c’est du passé et en plus le travail est de qualité.

Sois patient, ton heure viendra

Quoi de mieux pour succéder à Kiryu, l’homme qui a gravi tous les échelons du clan Tojo, qu’un sous-fifre du clan ? Bienvenue au farfelu et attachant Ichiban Kasuga. Homme au grand cœur, Ichiban passe plus de temps à aider son prochain qu’à collecter des fonds pour le coffre-fort de la famille Arakawa dont il dépend. En adoration pour le patriarche avec lequel il partage des liens profonds, notre nouveau héros n’hésite pas une seconde à se sacrifier pour préserver l’existence de sa famille d’adoption. C’est ainsi qu’il purge une peine de 18 ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis le soir du réveillon du nouveau millénaire. Deux décennies après les faits, beaucoup de choses ont changé et le retour d’Ichiban à Kamurocho, quartier que tout fan de la série connaît sur le bout des doigts, est particulièrement difficile. C’est ainsi qu’on le retrouve à moitié mort dans un bidonville de ... Yokohama, recueilli et sauvé de justesse par un SDF du nom de Nanba. Une fois rétabli, le temps est venu pour lui d’obtenir des réponses et d’accomplir sa destinée.

Un moment de nostalgie

Le quartier d’Ijincho de Yokohama est donc le théâtre principal de cet opus et apporte une belle bouffée d’oxygène à la franchise. Ce terrain de jeu inédit est plus vaste que celui de Kamurocho. Toutefois, ne vous attendez pas à une révolution. Ijincho conserve les mêmes défauts que les mondes ouverts des anciens épisodes : un environnement encore trop étriqué. Contrairement au célèbre quartier Tokyoïte, celui de Yokohama comporte quelques secteurs spécifiques bien définis que nous vous laissons le plaisir de découvrir. Sachez simplement que le calme apparent de la ville n’est qu’une façade et qu’une simple étincelle pourrait rapidement mettre le feu entre les mafias chinoises, coréennes et japonaises qui se partagent le quartier.

Une formule classique toujours aussi efficace

Le manichéisme est banni dans les Yakuza

Aucun des habitués de la franchise ne sera trop dépaysés. Nous retrouvons rapidement le rythme des différentes phases de jeu chères aux créateurs de la série. Le premier gros morceau est le suivi de l’histoire principale. Pour la majorité des chapitres, nous alternons des moments d’enquête, de longues cinématiques verbeuses souvent passionnantes, parfois soporifiques et des phases de combat. Le rythme est maîtrisé et nous ressentons vraiment une montée en puissance vers un final intense rempli de combats de plus en plus jouissifs, de mises en scène incroyables et de rebondissements scénaristiques spectaculaires. On a beau savoir à quelle formule s’attendre à chaque chapitre, on finit toujours charmé par les magiciens du studio.

Hommage à Catherine - J’adoooore !

Mais là où d’autres jeux ou franchises comme Mafia s’arrêtent là, à nous livrer uniquement un scénario béton et une ambiance folle, Yakuza va plus loin. C’est d’abord une cinquantaine d’intrigues secondaires, beaucoup plus légères que la principale. La plupart du temps très drôles ou émouvantes, elles sont une source importante de découverte des mœurs et des obsessions de la société japonaise, des débats qui la déchirent. Yakuza, c’est aussi un monde ouvert rempli d’activités et de mini-jeux. Nous sommes libres de passer des heures à jouer au Mahjong, au Shogi, aux vieux jeux d’arcade de SEGA, tels Outrun et Virtua Fighter 2, taper des scores au baseball, au golf, au karaoké, ramasser des canettes dans des courses à vélo, faire du karting, ou ne pas s’endormir au cinéma en luttant contre des moutons sortis tout droit de la pépite Catherine, développée par Atlus.

Yakuza, c’est encore un grand mini-jeu dans le jeu. Nous sommes cette fois-ci un gestionnaire de sociétés. Nous démarrons dans une épicerie, épié dans ses moindres faits et gestes par une ... poule. Nous devrons faire grossir la petite entreprise afin d’en acquérir d’autres et siéger majestueusement au sommet d’un building de Yokohama. Il faudra manager les employés, gérer efficacement les finances et affronter, le couteau entre les dents, l’assemblée générale des actionnaires une fois par an. Si la gestion d’un bar à hôtesses dans Yakuza 0 n’est pas encore ici égalée, il est malgré appréciable de noter toutes les qualités de ce mini-jeu.

Des défauts classiques toujours aussi barbants

Malheureusement, Yakuza : Like a Dragon conserve également les défauts récurrents de la série. On ne compte plus les innombrables allers-retours sur la carte qu’occasionnent la résolution des intrigues. Certes, les développeurs, conscients du problème, ont mis en place un système de taxis mais le service est bien entendu payant et apporte avec lui un temps de chargement non négligeable pour se déplacer de ne serait-ce que quelques rues. On finit donc par faire tous les trajets à pied en priant de ne pas tomber sur un des nombreux groupes d’ennemis qui parcourent les rues du quartier.

Un peu lassant les blaireaux tous les 30 mètres

En effet, tout se règle à coups de tatanes dans Yakuza, jusqu’à l’overdose. On finit par zigzaguer dans la rue ou par effectuer un détour simplement pour éviter l’énième groupe de péquenots qui nous barre la route, d’autant plus que ces combats sont la plupart du temps inintéressants à cause de leur simplicité et ne servent qu’à monter les statistiques et remplir le portefeuille facilement. Même les intrigues secondaires se finissent quasiment tout le temps avec un combat qui n’a aucun sens par rapport à la situation. Ah si, un seul intérêt finalement à toutes ces escarmouches, essayer différents mouvements ou techniques de combat et tester des consommables. Mais soyons honnête, il y en a vraiment trop et le plaisir fait vite place à l’agacement.

Elle donne aussi des taloches

Dernier défaut majeur, les qualités techniques des Yakuza n’ont jamais été des points forts. Si Like a Dragon profite des avancées apportées par le nouveau moteur créé pour Yakuza 6, force est de constater qu’on est bien loin des standards habituels sur d’autres mondes ouverts. Les murs invisibles grossiers, emblématiques de la série, sont légion. Les animations des personnages hors cinématiques ou cutscenes demeurent trop rigides. Les passants sont régulièrement victimes de clipping, etc. Graphiquement, on souffle le chaud et le froid. Si la motion capture des visages fait toujours son petit effet, énormément de textures dans l’environnement du quartier sont indignes d’un jeu de fin de génération. Cependant, dans son ensemble, rien n’est rédhibitoire pour nous détourner du jeu. Testé sur One X, espérons que la version de Yakuza : Like a Dragon sur les nouvelles consoles Series X|S de Microsoft apporte un vrai plus de ce côté là, sachant que le titre fait partie du programme Smart Delivery.

Le tour par tour lui va si bien

Jusqu’à maintenant, nous avons vu que ce nouvel épisode respecte profondément les bases solides de la franchise. Toutefois, libéré du poids de la saga de Kiryu, le studio dirigé par Toshihiro Nagoshi s’est permis l’impensable pour les fans : révolutionner les mécaniques de gameplay des phases de combat qui étaient une des forces majeures des jeux Yakuza. Fini le beat’em up, place au combat tactique au tour par tour. La prise de risque était énorme, le résultat montre que ça en valait la peine. Disons clairement les choses, le nouveau système de combat est une totale réussite.

Les fondamentaux d’un RPG

Comme dans tout tactical RPG, nous dirigeons une équipe. Nous ne savons pas si ce choix découlait de l’envie du studio de vouloir faire un système de combat en tour par tour avant de réfléchir aux personnages, ou si l’idée première était déjà d’accompagner Ichiban avec de nouveaux acolytes et d’opter pour le meilleur système de gameplay. Nous constatons simplement que c’était vraiment le bon moment pour renverser la table. Ichiban sera donc accompagné par différents partenaires lors de l’aventure, qui s’ajouteront au fil des événements. Du SDF Nanba au flic révoqué Adachi, en passant par la femme fatale Saeko, ce ne sont pas moins de 6 personnages charismatiques qui pourront rejoindre votre bande. Il faudra faire des choix selon les circonstances et les préférences, car seulement 3 pourront accompagner le bon Kasuga en même temps sur le terrain. Chaque membre a ses propres caractéristiques et son histoire, comme tout personnage de jeu de rôle. Nous devons les chouchouter si nous voulons qu’ils évoluent jusqu’à atteindre leur plein potentiel.

Il va bientôt faire dans sa couche

Le nouveau système de combat prend alors tout son sens. Lors de son tour de jeu, un de vos personnages peut attaquer, parer en cas de grosse attaque prévue par un adversaire, utiliser un objet ou exécuter un mouvement spécial comme une attaque combo ou un buff pour son équipe. Ces mouvements spéciaux consomment des points de “magie” selon leur efficacité et sont donc limités. Si d’aucuns d’entre vous craignent une mollesse des combats, il n’en est rien. Au contraire, les développeurs ont tout fait pour garder un maximum de dynamisme : les personnages sont toujours en mouvement et peuvent intervenir automatiquement pour effectuer une action supplémentaire s’ils sont bien placés, l’utilisation des objets du décor est toujours d’actualité, des phases de QTE accompagnent les attaques ou renforcent votre défense, enfin des raccourcis pour les actions préférées peuvent être utilisés.

Soleil ou Lune ?

Surtout, l’équipe du Ryû ga Gotoku Studio s’est complètement lâchée pour créer des animations aussi géniales que loufoques. Chacun de nos personnages peut être affecté à une classe qui confère attributs, capacités passives et mouvements spécifiques : héros de Dragon Quest, flic, cuistot, diseur de bonne aventure, danseur, hôtesse, etc. L’imagination des créateurs est sans limite et on se régale à découvrir chaque profession et leurs mouvements spéciaux, la plupart du temps à mourir de rire. La diversité des ennemis n’est pas en reste et a droit également à une imagination sans bornes qui dépasse les limites de la réalité. Si nous retrouvons les classiques déclinaisons des yakuzas, voyous et autres mafieux du coin, nous affrontons également des fous habillés de sacs poubelles, des yakuzas en couche-culottes, des paparazzis, des exhibitionnistes, des joueurs de baseball, etc. Tout ce “bestiaire” est regroupé dans une appli du smartphone d’Ichiban intitulée Sujimon. Celle-ci répertorie les “monstres” et détaille leurs points forts et faibles afin d’être plus efficace en combat. Toute ressemblance avec un autre jeu est bien entendu fortuite.

Comme tous les opus de la franchise, Yakuza : Like a Dragon est un jeu généreux. Il vous faudra lui consacrer plus de 50 heures de jeu (et encore !) si vous voulez profiter au maximum de ce qu’il peut vous offrir.

Le coin des chasseurs : Yakuza : Like a Dragon propose ... succès pour un total de 1000G. Cette rubrique sera remplie une fois les informations dévoilées. Nous n’avons pour le moment pas accès aux succès sur la console.

Bilan

On a aimé :
  • Le nouveau système de combat
  • Un nouveau quartier à découvrir
  • Une histoire prenante digne de la série
  • Ichiban Kasuga finalement attachant
  • Un humour encore plus décomplexé
On n’a pas aimé :
  • Les allers-retours par centaines
  • Les combats de rue beaucoup trop nombreux
  • Les limites techniques

Le Ryû ga Gotoku Studio réussit son pari haut la main. Relancer brillamment la série avec un(des) nouveau(x) héros et faire oublier l’ombre pesante de Kiryu n’était pas une sinécure. Certes, Yakuza : Like a Dragon récupère tous les défauts inhérents à la franchise : monde ouvert étriqué, combats de rue incessants pour n’importe quel prétexte possible, allers-retours redondants et technique datée. Cependant le titre conserve également tous les points forts, tels son scénario en béton armé, ses mini-jeux et ses quêtes secondaires souvent nanardesques et touchantes qui tranchent avec le sérieux et le tragique de l’histoire principale. Surtout ce Yakuza ose révolutionner les combats traditionnels de beat’em up par un système au tour par tour plus que réussi, qui compense largement la petite perte de dynamisme par des animations à l’humour totalement décomplexé et des mécaniques RPG démultipliées. Yakuza : Like a Dragon est aussi la meilleure porte d’entrée pour ceux qui ne connaissent pas encore la série, d’autant plus avec la présence de sous-titres en français. S’immerger dans la culture et la psyché de la société japonaise, caricaturée à l’extrême, est un véritable bonheur et un voyage dont vous ne sortirez pas indemne et que nous vous conseillons fortement.

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Yakuza : Like a Dragon

PEGI 0

Genre : Action

Éditeur : SEGA

Développeur : SEGA

Date de sortie : 10/11/2020

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows