Test - Spiritfarer - Le deuil attachant

«Stella au pays des merveilles» , - 3 réaction(s)

Annoncé en août dernier et disponible dans la foulée, Spiritfarer est un jeu indépendant mêlant plateforme 2D, crafting et gestion d’équipe. Outre ses graphismes chatoyants, le jeu propose un synopsis pour le moins original : aborder le sujet de la mort et du deuil. Et si ce parti pris semble risqué, l’approche très humaine balaye nos réserves dès la scène d’introduction.

Le début de la fin

On y incarne Stella, une adolescente pétillante qui vient de rejoindre le monde d’après. C’est Charon, le passeur de l’au-delà, las d’une carrière touchant à sa fin, qui nous accueille et nous charge d’une mission primordiale : devenir la nouvelle Spiritfarer.

Pour ce faire, il nous faut guider les âmes errantes lors de leur long et dernier voyage. C’est à bord d’un bateau flambant neuf que débute notre voyage, véritable croisière onirique parsemée de rencontres riches en émotions. Et quelles rencontres ! De nombreux fantômes égarés peuplent les différentes destinations à explorer et certains pourront même rejoindre votre équipage, moyennant la complétion d’une ou plusieurs quêtes en rapport avec leur passé. Ces voyageurs se présentent comme des chrysalides, ne dévoilant leur vraie nature qu’une fois embarquées sur le bateau. Tels des totems, leurs formes animales reflètent leurs caractères. D’un point de vue graphique, ce sont de petits bijoux de design et d’animation. Difficile de ne pas s’en éprendre. Et pourtant… La mission primaire de Stella reste de les accompagner pour leur dernier grand voyage, les adieux sont inévitables et au cœur même de la narration. Il faudra accepter de se séparer de nos différents compagnons pourtant si attachants. La cohabitation à bord du bateau sera l’occasion d’en apprendre plus sur eux, sur la raison de leur présence et sur leur passé. Ainsi que sur celui de Stella, qui nourrit un lien affectif personnel avec chacun d’entre eux.

Là encore, le jeu reste subtil et ne nous dévoile les informations que par bribes au détour de conversations. Les dialogues évitent les clichés et les personnages sont d’autant plus touchants qu’ils sont inspirés (librement) de défunts proches aux développeurs. Mention spéciale pour l’animation de notre héroïne et de ses compagnons, le jeu est un vrai plaisir à voir. Idem pour la musique qui reste discrète tout en accompagnant les différentes ambiances avec douceur et justesse.

Pimp my boat

Le bateau fournis à Stella lors de sa prise de fonction est rachitique, à peine capable d’abriter une poignée d’habitants. C’est en accomplissant des missions et en récoltant des ressources que la possibilité de l’agrandir nous est proposée. Pas de jantes chromées ni de vinyles flammes au menu mais bien l’amélioration et la construction de bâtiments qui donnent accès à de nouveaux types de matériaux.

Qui dit bateau dit voyage, les trajets entre les différentes îles sont longs et c’est à nous d’occuper notre temps durant ceux-ci. Libre à nous de semer/récolter des plantes, de cuisiner des plats, de produire des ingrédients, de jouer de la musique, etc. Chaque activité se présente sous forme d’un mini-jeu qui mélange les phases d’adresse aux phases de récolte. Pour les amateurs de micro-gestion, vous serez en terrain conquis. Pour les autres… Autant vous le dire de suite, les mini-jeux peuvent se montrer redondants et l’organisation des ressources demande beaucoup de temps. Et même si le tout est intégré de manière dynamique dans la progression, le titre se perd un peu en demandant une optimisation constante de son planning afin d’atteindre les objectifs principaux en temps et en heure. À cela s’ajoute le bien-être de vos résidents qui vous missionneront de leur ramener des objets particuliers. Il faudra prendre soin d’eux afin de maintenir leur jauge de bonheur pour débloquer toutes les interactions possibles.

La carte est grande et les points d’intérêts sont nombreux, il devient vite addictif de vouloir tout visiter et d’améliorer au maximum ses bâtiments. Outre les possibles recrues, notre chemin croise des personnages récurrents, tels les marchands qui proposent d’acheter ou d’échanger certains artefacts contre d’autres. Petit clin d’œil aux métroidvania, Stella débloque de nouvelles compétences qui lui permettent d’avoir accès à des zones jusque là inaccessibles, forçant à retourner sur les îles déjà explorées. Le principe est connu et reste efficace même si l’on peut douter de la pertinence d’un tel procédé pour un jeu qui propose déjà beaucoup de contenu. Spiritfarer aurait gagné à être plus condensé, l’histoire est diluée par la multitudes des tâches à accomplir et finit par être longuet. Comptez une trentaine d’heures de jeu pour en voir le bout.

Le coin des chasseurs : Spiritfarer propose 39 succès pour un total de 1000G. La plupart demandent de posséder la totalité des objets et de compléter toutes les activités. Autant dire qu’il ne sera pas facile de tous les débloquer. Néanmoins, les points-clés de l’histoire débloqueront naturellement quelques succès. De quoi satisfaire tout le monde.

Bilan

On a aimé :
  • La direction artistique, belle et poétique.
  • La qualité d’écriture des personnages et des dialogues.
  • Une bande son en retrait et pourtant toujours pertinente.
  • Un contenu riche qui pousse à tout débloquer.
On n’a pas aimé :
  • Les mini-jeux redondants une fois les premières heures passées.
  • La partie gestion qui finit par être rébarbative.
  • Un peu trop long pour son propre bien.
L’aube inéluctable

Tel un coucher de soleil au bout de l’horizon, Spiritfarer nous emplit d’une douce mélancolie tout le long de sa riche aventure. Beau et touchant, le jeu aborde un sujet difficile sans pour autant faire dans le larmoyant. S’ajoute une réalisation sublime, où des personnages haut en couleur et à l’écriture subtile rythment la progression. L’aspect gestion, quant à lui, peut s’avérer éprouvant tant sa part au sein du gameplay peut s’avérer prépondérante. Disponible dans le gamepass, cette ode atypique mérite le détour.

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Spiritfarer

PEGI 0

Genre : Gestion

Editeur : Thunder Lotus Games

Développeur : Thunder Lotus Games

Date de sortie : 2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

3 reactions

Bob Winner

28 oct 2020 @ 09:15

Oui vraiment sympa ce jeu, plein de poesie et de douceur, mais aussi triste et mélancolique.Par contre suis d’accord avec le test il traine un peu, et là suis pressé de finir.

Tuco

28 oct 2020 @ 09:21

Un test qui vise juste.La gestion,amasser les ressources c’est beaucoup trop long,répétitif ça en devient soporifique. C’est vraiment dommage parce que le reste est hyper propre.

Phebus

28 oct 2020 @ 18:46

Je vous rejoins sur l’aspect répétitivité, ça sent la volonté de gonfler artificiellement la durée de vie...mais d’un autre côté, je me suis surpris à traîner volontairement sur la fin, tant j’avais du mal à me défaire de ce que dégage ce jeu en terme d’émotion :-)

Sa mélancolie, sa poésie, le jeu parvient à viser juste sur un sujet pourtant très lourd, tout le monde ne pourra peut-être pas accrocher, en tout cas il m’a énormément touché et je ne peux que conseiller de lui donner sa chance. Ce serait dommage de passer à côté.