Test - The Dark Pictures Anthology : Man of Medan - Un vrai naufrage

«Medan of horror» , - 3 réaction(s)

À l’annonce de la venue d’un jeu Supermassive Games sur Xbox One, nous avions de quoi être enthousiastes. Il faut dire que Until Dawn sur PS4 était une proposition de jeu narratif interactif très intéressante avec un côté bien moins pédant que les productions Quantic Dream. Le côté série B assumée était bien foutu, autant sur les embranchements scénaristiques en fonction des choix des joueurs que l’ambiance film d’horreur en elle-même. Ni une ni deux, aussitôt cette première histoire de The Dark Pictures Anthology installée, nous nous sommes lancés, avides de frissons, à la rencontre des protagonistes de Man of Medan.

Sale histoire

Le film d’horreur est un genre du cinéma bien à part qui traverse les âges en suivant les modes, pour le meilleur et pour le pire. Depuis quelques années, les frissons intéressent même de plus en plus le petit écran. De notre temps en tout cas (oui, nous ne sommes plus si jeunes), on frissonnait de plaisir devant les Contes de la Crypte. Imaginer ce concept de mini histoires d’horreur en jeu vidéo était très intriguant. On se doutait d’avance que les ambitions allaient être différentes de celles de Until Dawn, notamment avec une histoire moins longue et avec moins de protagonistes à contrôler pour faciliter les embranchements possibles. Et pourtant, on était loin du compte tellement le jeu n’est pas tant une version simplifiée qu’un brouillon violemment tailladé au couteau comme le ferait si bien ce bon vieux Mike Myers.

L’intégration des touches est meh en plus d’être imprécise

Pour résumer rapidement les faits, quatres jeunes gens louent le service d’une navigatrice pour les emmener en pleine mer afin de fouiller une épave d’avion de la Seconde Guerre. Ils ont repéré ce dernier par déduction en regardant les couloirs aériens et ordres de mission de l’époque. À noter que le pourquoi du comment de cette découverte ne sont clairs ni au début, ni à la fin. Manque de bol pour eux, ils tombent sur des pirates qui décident de venir les braquer la nuit pour leur soutirer de l’argent. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu et tout ce beau monde se retrouve alors sur un navire militaire fantôme plein de rouille et de bruits bizarres.

Au début, on y croit un peu, le temps que l’ambiance se pose

Dès l’introduction du jeu, on retrouve des similitudes fortes sur le concept avecUntil Dawn. On contrôle deux personnages aux caractères définis par avance mais dont les traits évoluent en fonction des choix qu’on leur fait faire lorsque le jeu nous en laisse l’occasion. Cette mise à jour est même indiquée en haut de l’écran “traits de caractère actualisés”. Seulement, l’arnaque est vite sentie. Ces deux protagonistes que l’on incarne à ce moment-là, des marins en perm dans le port, se retrouvent rapidement en plein cauchemar une fois réveillés de leur cuite. Le bâteau est jonché de cadavres défigurés de douleur et/ou mutilés. Que s’est-il passé ? Cette question n’aura pas de réponse pour eux puisqu’ils meurent à leur tour. À quoi servaient donc les choix que l’on a fait précédemment pour eux ? À rien. Les traits de caractère n’apportent rien. Et le phénomène est amplifié, lorsque l’on se retrouve à contrôler les vrais protagonistes de l’histoire. On décide de choses marquantes durant certains dialogues mais on se rend compte que finalement, l’incidence est minime si ce n’est absente durant le reste de l’aventure. Il y a bien des choix qui vont entraîner une destinée différente pour chacun d’entre eux - il est possible de sauver tout le monde, personne, que les garçons ou que les filles - mais cela est bien moins prononcé que dans Until Dawn. Cela devient même perturbant lorsque des solutions à des situations sont une absence de choix. C’est très bizarre dans un jeu qu’un non-choix soit le seul vrai bon choix. C’est pinailler car l’idée est intéressante mais quand cela se répète trop, le joueur perd vite de son implication dans le jeu.

La mort leur va si bien

Ce manque d’affect pour les personnages et leur destinée est aussi amplifié par le fait que ce sont de vrais têtes-à-claques. On a l’habitude de cela dans les films d’horreur et, en général, on jubile même à l’avance du sort funeste qui leur sera réservé. Mais ici, si on essaie de les sauver, on doit forcément s’intéresser à ce qu’ils disent et ce qui se passe pour eux. Manque de bol, les dialogues et les situations sont dans l’ensemble assez déplorables en plus d’être d’une mollesse effroyable. C’est d’ailleurs bien la seule chose effrayante du jeu qui se contente principalement d’enchaîner de longs couloirs à parcourir quand ce ne sont pas de petites pièces où des collectibles sont à retrouver pour compléter le compendium. En dehors de cela, ces items ne servent littéralement à rien. La vacuité de l’entreprise saute à la figure rappelant alors au joueur à quel point un jeu peut être ennuyeux s’il n’a rien à proposer. En cela, l’expérience sur un run, seul ou en duo, est éprouvante. Seuls s’amuseront les joueurs complétistes cherchant à voir à quel point le jeu manque de finesse en termes de mise en scène dans les enchaînements des situations après un choix. D’ailleurs, toute la mise en scène du jeu est plate. Entre les longs plans interminables qui ne servent à rien, les personnages raides comme des piquets, les effets kitchs de mise en scène, on a là tous les ingrédients d’un nanar.

Personne ne viendra vous aider

La supposée plus-value de cette anthologie est de partager l’aventure à plusieurs, en ligne ou en passant la manette à ses voisins de canapé. Il y a même des interactions sympathiques comme le fait de pouvoir s’incruster dans la conversation de l’autre en se plaçant à côté de lui ou en voulant lui prendre un objet des mains pour l’observer à son tour. Le jeu est plus court lorsque joué en ligne puisque dans cette configuration, les deux personnages se contrôlent en parallèle et non en alternance. On découvre alors qu’il est rempli de scènes vides d’intérêt si ce n’est celui de meubler le temps d’inactivité lorsque l’autre à une action à réaliser. Un joueur peut même rester à tourner en rond le temps que le deuxième arrive à une certaine étape de son parcours ou, inversement, couper une action ou des interactions en allant trop vite. Par ailleurs, les choix de dialogues à faire laissent le deuxième joueur sur un gros plan de son personnage attendant une réponse. Gros plan qui devient particulièrement gênant quand la prise de décision traîne en longueur cassant alors complètement le délire cinématographique de l’expérience. Le jeu n’est d’ailleurs même pas allé au bout de ce principe d’actions à faire en parallèle puisqu’il ne prend pas en compte le fait que les joueurs peuvent communiquer verbalement entre eux. Dès lors, pourquoi s’amuser à créer un suspens sur ce que notre personnage pense qu’il advient de son collègue en entendant des cris au loin ? Ce concept de coopération ne fonctionne donc pas du tout dans ce scénario, ce qui ne veut pas dire que les autres épisodes de l’anthologie tomberont dans les mêmes travers car finalement, tous les gros reproches à faire à ce premier épisode semblent venir de l’histoire et de sa mise en place. Tous ? Et bien pas que, non.

Les QTE ne sont pas bien compliqués

Techniquement, le jeu propose parfois des plans avec un bon rendu alors qu’à d’autres moments il est un peu trop sombre et grossier. Les choix de placement des caméras fixes n’aident pas beaucoup à mettre en valeur les décors car très peu de plans sont intéressants. Mais le gros point noir c’est la maniabilité. Elle est désastreuse, donnant le sentiment de conduire des tractopelles plus que des êtres humains. Elle nous ramène presque à l’ère Resident Evil premier du nom à laquelle viennent s’ajouter des problèmes de lisibilité. Difficile parfois de savoir pourquoi on ne peut pas aller à un endroit qui semble ouvert alors qu’un mur invisible nous en empêche, par exemple. Le jeu est beaucoup trop dirigiste et ne s’embête même pas à le dissimuler avec un level design bien pensé. La moindre interaction possible est indiquée grossièrement par l’interface aux choix de design parfois très douteux (brrr ces gros boutons colorés moches qui prennent une place folle à l’écran). Les personnages, quant à eux, semblent autant dénués d’âme que des poupées, la faute à des expressions faciales déplorables et à un aspect un peu plastique de la peau. Tous ont cette manie de garder leurs bouches ouvertes et mettre leurs dents en avant avec un regard fou ou vide les rendant plus anxiogènes que le bateau fantôme sur lequel ils évoluent. Cela n’aide vraiment pas le jeu à générer de l’empathie en nous. Pour parfaire le tableau, des problèmes de fluidité se permettent d’être de la partie par moment. Vraiment, il est difficile de conseiller d’investir dans cette collection au regard de la qualité de ce premier épisode.

Bilan

On a aimé :
  • Le concept d’anthologie d’horreur
  • Le concept des choix avec une incidence
On n’a pas aimé :
  • Les concepts ne font pas les bons jeux
  • Maniabilité désastreuse
  • Une histoire et des personnages sans intérêt
Les nanars, c’est toujours mieux entre amis !

Difficile de conseiller Man of Medan pour essayer de vendre The Dark Pictures Anthology. Ce premier épisode propose une histoire peu intéressante aux personnages insipides. Leur destinée et les événements qu’ils traversent génèrent plus de gêne que d’angoisse, la faute à des dialogues parfois poussifs et une mise en scène extrêmement plate. Des soucis de maniabilité viennent gâcher la fête assez rapidement au point que l’on ne souhaite même plus s’intéresser de refaire l’histoire pour tenter des choix différents et essayer de sauver ou tuer tout le monde. Les errances techniques pourraient perdurer d’un épisode à un autre mais on espère surtout que les histoires suivantes seront plus intéressantes et mieux ficelées car on a bien du mal à retrouver la fougue du studio à travers ce qu’ils livrent ici.

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The Dark Pictures : Man of Medan

PEGI 0

Genre : Survival Action

Éditeur : Bandai Namco

Développeur : SUPERMASSIVE Games

Date de sortie : 2019

3 reactions

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Gordon Freeman

09 sep 2019 @ 15:04

Ayant bien aimé Until Dawn, j’étais vraiment curieux de voir le prochain titre de Supermassive, mais d’après tous les retour que j’ai pu lire, ils se sont plantés sur ce coup là...

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cardis30

10 sep 2019 @ 09:49

Bonjour à tous. Après avoir lu ce test, je me dois de vous communiquer mes impressions (loin d’être mauvaises) sur ce jeu. En effet je trouve ce test très dur. Certes le jeu n’est pas exempté de défaut, mais je l’ai trouvé bon, voir très bon. Graphiquement c’est plutôt beau (one X). les expressions facials sont bonnes dans l’ensemble. Alors oui, ce n’est pas until dawn, mais ce n’est pas le même budget, ni le même tarif...

Tous les tests étant subjectif, moi je le recommande. J’ai passé un très bon moment, et j’ai réussi à me faire quelques sursauts.

lacrasse

10 sep 2019 @ 10:49

Je l’ai commencé, je le trouve bien, c’est pas le jeu de l’année, mais en plus c’est vendu pas cher,...