Test - Layers of Fear 2 : la mort lui va si mal...

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J’avance dans un couloir décrépi faiblement éclairé par la lueur vacillante d’une ampoule en fin de vie. Les murs semblent respirer. Ils pulsent à un rythme régulier. Malgré mon effroi, j’avance toujours inexorablement vers la porte qui me fait face, en priant je ne sais quel dieu qu’elle puisse me sortir de ce cauchemar. J’ouvre son battant et entre dans une pièce qui semble faire écho aux cicatrices de ma vie. De vieilles photos de moi sont accrochées par milliers aux murs mais sur chacune d’entre elles mon visage est effacé, arraché, gommé. Au centre, trône un long et grand miroir recouvert de poussière. Je m’approche, essaye d’enlever la couche grise de crasse qui cache mon reflet. En vain… Layers of Fear, c’était ça, une ambiance pesante, oppressante, poisseuse ; un voyage dans la folie d’un artiste maudit et de ses toiles, une longue et lente descente aux enfers. Sa suite, Layers of Fear 2, reprend les même mécaniques tout en essayant d’y apporter quelques nouveautés. Est ce que cela suffira pour contenter les amateurs d’horreur psychologique ?

En plein cœur de l’horreur

Petit jeu : Sauriez vous reconnaitre les différentes références cinématographiques ?

Layers of Fear 2 pose son contexte petit à petit, à l’aide d’indices, de notes découvertes, de monologues lancinant venant nous interpeller ou remémorer un évènement de notre passé. Comme dans Layers of Fear ce passé est le fil rouge de notre voyage. Meurtri, marqué par des drames, on va essayer de reconstruire le puzzle de notre vie. Tout comme son aîné, cet opus est un jeu d’aventure narratif à la première personne. On se réveille sur un lit luxueux. Quelques pas suffisent pour se rendre compte qu’on se trouve à bord d’un riche bateau de croisière. On comprend aussi rapidement qu’on est un acteur désormais connu et reconnu à l’apogée de sa carrière. Mais quel visage est réellement derrière le masque de l’acteur ? Est-ce que la somme de personnages joués durant notre carrière n’était pas une fuite, une tentative désespérée pour cacher qui on était réellement. Qui est-on au juste ?

Quel film ?

Pour le découvrir, on va arpenter les couloirs et les cabines de ce navire désespérément vide et sombrer petit à petit dans un véritable cauchemar à la recherche de notre passé et du principal rôle de notre vie. On ne fait qu’avancer, il n’y a pas de liberté dans le voyage proposé par Layers of Fear 2, les portes que l’on croise sont toutes fermées sauf celles que l’on doit ouvrir. Ces dernières ont même la fâcheuse habitude de se condamner une fois franchies. Le jeu joue avec nos sens de la réalité, on traverse parfois la même pièce dans une sorte de boucle temporelle, on se retourne pour découvrir un couloir qui vient d’apparaître… Ce sont ces pertes de repères plus que les éléments horrifiques apparaissant subitement qui instaurent progressivement cette ambiance délétère horrifique du jeu. Les scènes que Layers of Fear 2 nous fait vivre sont nombreuses, parfois aussi belles que terribles et on se délecte de chaque découverte autant qu’on les redoute.

Quel film ?

Vu que le thème principal est le cinéma, le jeu n’est pas avare de clins d’œil et références pour le cinéphile averti. Ces dernières sont très nombreuses : Shining, Alien, Seven, le Silence des Agneaux, Frankenstein (le vieux), Psychose et j’en passe. Ces références se retrouvent autant dans les scènes du jeu que cachées dans les éléments de décor ou sur les nombreuses affiches que l’on croise. Elles sont tellement nombreuses que parfois elles semblent tomber un peu comme un cheveu sur la soupe, une sorte d’élément référentiel forcé qui vient casser l’atmosphère mais cela n’est pas le principal problème de Layers of Fear 2...

Des nouveautés dont on aurait pu se passer....

Quel film ?

Bloober Team, les développeurs de Layers of Fear 2, ont voulu reproduire l’ambiance acclamée et très réussie du premier opus. À trop vouloir coller à l’original ils n’échappent malheureusement pas à la redite, à l’impression de déjà-vu que l’on ressent parfois et surtout à l’inexorable comparaison que l’on fait continuellement si l’on a joué au premier jeu. Et force est de constater que la balance penche souvent en la faveur du premier épisode, à commencer par son scénario. Layers of Fear 2 semble porter comme une croix l’introduction de son personnage principal. Le fait qu’il soit acteur est le fil rouge du script mais le jeu nous fait revivre des éléments traumatisant de son passé qui se sont produit dans sa jeunesse et bien avant qu’il soit comédien. Son métier passe alors en second plan, très rapidement, et on a du mal à comprendre vraiment où le scénario veut nous mener. Layers of Fear 2 nous fait perdre très rapidement son fil et il est très dur de rattraper son arc narratif, ou même de le comprendre et risque de laisser pas mal de joueurs sur le bord du chemin. Il s’avère bien moins percutant que le premier épisode où la vie de l’artiste et ses blessures étaient directement liées à son métier.

Quel film ?

Les principales nouveautés apportées font écho aux quelques griefs, plus ou moins justifiés, qui étaient remontés sur leur premier jeu. Le gameplay, très simple de Layers of Fear a été enrichi, on peut maintenant se baisser et courir. On court beaucoup plus que l’on se baisse dans Layers of Fear 2 et ce pour échapper à la grosse nouveauté du jeu : on peut désormais mourir. On a une Némésis, une sorte de créature sans visage qui n’est pas sans rappeler les créatures de Silent Hill. Elle apparaît souvent dans le jeu et au moindre contact c’est fini, game over assuré et écran de chargement pour nous faire recommencer au dernier check point. Le jeu se transforme en une sorte de “meurs et recommence” du pauvre brisant totalement l’ambiance et piétinant l’immersion. On n’a plus peur de cette Némésis, on en a juste marre. Comme elle apparaît la plupart du temps sans vraiment s’annoncer, au détour d’une exploration, on meurt et… on recommence : une vraie fausse bonne idée dans toute sa splendeur.

Quel film ?

Layers of Fear 2 comporte toutefois de bien jolis tableaux, des moments magiques, terrifiants et pourtant à l’esthétique très réussie. On ne peut plus ouvrir tous les placards, tiroirs et autre commode, une chasse aux indices inutile qui gonflait artificiellement la durée de vie du premier opus. L’interaction avec les décors est réduite au nécessaire et c’est au final bien appréciable. Le jeu comporte trois fins différentes, de nombreux secrets et objets à ramasser pour glaner ses derniers succès. La durée de vie est toujours de six heures pour voir le bout de l’aventure et une première fin, ce qui est juste assez pour éviter la lassitude.

Bilan

On a aimé :
  • Des scènes toujours aussi belles
  • De nombreuses références pour les cinéphiles
  • Une ambiance poignante...
On n’a pas aimé :
  • ...cassée par la possibilité de mourir
  • Un sentiment de déjà-vu pour les joueurs du premier
  • Un scénario mal construit et nébuleux
Une suite qui se discute...

Qu’il est difficile de réaliser la suite d’un jeu atypique ! Layers of Fear 2 tire ses faiblesses et ses qualités de son statut de suite mais la seule conclusion que l’on peut en tirer malheureusement est qu’il échoue dans sa tentative d’être meilleur que l’original. Il a du mal à surprendre, il se noie dans un scénario trop proche du précédent sans en avoir la justesse et instaure une possibilité de mourir très largement dispensable. On sort du cauchemar Layers of Fear 2 sans être éreinté, soufflé comme dans le premier, partagé entre les rares éclairs du jeu et ses somptueux tableaux morbides d’un côté et les errances du scénario et ces morts frustrantes de l’autre. Pour les nouveaux joueurs, on ne peut que leur conseiller de se plonger dans le premier épisode, pour les autres Layers of Fear 2 propose un voyage intéressant mais dont les défauts sont à deux doigts de couler le bateau où se déroule son aventure...

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Layers of Fear 2

PEGI 12 Peur

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Gun Media

Développeur : Bloober Team

Date de sortie : 28/05/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows