Test – Aggelos, un hommage un peu trop sage ?

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Depuis la nuit des temps, l’homme a toujours fait la course. La course à l’armement, la course à l’avancée technologique, la course à pied, la course au supermarché du samedi matin, sans compter celle qui nous intéresse le plus, à savoir la course à kiki-a-la-console-la-plus-puissante-et-les-meilleurs-graphismes-ouesh-tavu. Paradoxalement, cette recherche de la performance à tout prix est contrebalancée par un fervent groupe de résistants qui ne jurent que par les sprites en 2D, le scrolling horizontal et qui comptent bien garder leur nombre de bits inférieur à 20. Le développeur Wonderboy Bobi est de ceux-là, son nom étant assez équivoque pour vous donner quelques indices sur l’orientation de son dernier né : Aggelos.

AGGELOST IN THE NINETIES

Sssssssalut !

La plupart des bons tests qui se respectent commencent très souvent par un résumé de l’histoire du jeu en question, ainsi que par la présentation de ses protagonistes. Ici, le scénario de Aggelos est tellement conventionnel qu’on peut se permettre de l’introduire par une phrase ponctuée de points de suspension, que vous avez tout le loisir de combler si l’envie vous prend : Aggelos… princesse… royaume… danger… lumière… ténèbres… éléments… terre… feu… eau… air… donjons… blablabla. Nous sommes d’accord, même le plus grand des Zelda en son temps n’avait pas forcément un synopsis en béton armé. Seulement voilà, de nombreux jeux se réclamant de l’héritage 8 et 16bits sont sortis avant le jeu concerné, proposant un astucieux mélange d’hommage et de relecture. Citons en vrac The Messenger, Celeste, Shovel Knight ou FEZ, pour ne citer qu’eux. Je vous rassure, je ne vais pas passer quatre paragraphes à blâmer Aggelos pour son scénario trop abscon mais comme dit plus haut, la scène indépendante foisonne tellement de jeux inspirés de cette époque qu’il est difficile de sortir du lot. Avec un background un peu plus original que les sempiternels temples du feu, que la forêt maudite ou que l’armure légendaire, Aggelos aurait eu un atout supplémentaire pour se démarquer de la concurrence. Mais après tout, parlons jeux vidéo et sensation manette… Je veux dire, pad en main.

WONDER BOY IN DEJA-VU WORLD

Castlevaniaggelos

C’est bien connu, le début des années 90 a vu naître une guerre atroce qui fit rage pendant plusieurs années. Je ne veux pas parler de la Guerre du Golfe, conflit d’importance mineure comparée à celui qui nous intéresse ; je veux bien entendu parler de celui qui opposa Sega à Nintendo, ou plutôt la Megadrive à la Super Nes. Votre serviteur n’ayant pas eu la chance de posséder les deux machines à cette époque, les aventures de Sonic, Dynamite Headdy et Talmit ont nourri son goût du jeu vidéo. Et non, il n’a pas délibérément parlé de ces deux dernières licences à son sens trop méconnues du grand public juste pour le plaisir de les mentionner. La célèbre saga des Wonder Boy n’est hélas jamais passée entre ses mains mais pourtant, il saute aux yeux et aux doigts qu’Aggelos est un vibrant hommage à la série de Westone Bit, du gameplay aux graphismes, en passant par la musique.

Promis, c’est pas moi qui ai fait fondre ta banquise ! Enfin... pas directement !

Commençons par ce point, en signalant que le titre possède de sympathiques compositions sonores, à ceci près qu’elles sont bien souvent trop courtes. Selon votre tolérance à la répétition à outrance, cela peut vous donner l’envie soit de fredonner, soit d’arracher les haut-parleurs de vos enceintes avec les dents. Cette sensation est fort heureusement équilibrée par des effets sonores savoureux sortis tout droit d’un chipset nineties. Comme dit plus haut, le jeu reprend stricto sensu les bases posées par Wonder Boy. Vous contrôlez donc un héros en devenir, qui doit parcourir des tableaux truffés d’ennemis qui respawnent à chaque changement d’écran, à la recherche de temples qui lui confèreront de nouveaux pouvoirs lui permettant de progresser dans l’aventure. Le feeling manette en main est agréable et fluide, une fois que l’on s’est fait à l’inertie du personnage. Notre héros part à l’aventure somme toute à poil, pour récupérer au fur et à mesure de nouvelles armures et armes possédant certaines spécificités, comme une combinaison résistant à des températures extrêmes ou une épée lançant des décharges électriques. La montée en puissance de notre avatar est assez bien rendue, mais il est regrettable que l’on ne se serve de certains pouvoirs que trop peu souvent. Si les boules de feu et le dash éclair (disponible en fin de jeu) sont très utiles, la matérialisation de plateforme et la bulle de protection ne sont que trop peu exploitées.

Vous l’auriez en S ?

De plus, il faut souligner que le mapping des touches n’est pas idéal. En effet, la majorité des pouvoirs s’utilise avec le bouton B, conjugué à une touche de direction. Or, il arrive bien souvent de consommer un slot de pouvoir par erreur car on a orienté son stick un peu trop vite. Car oui, les pouvoirs sont en quantité limitée, les emplacements de magie se remplissant en frappant les ennemis. L’idée d’ajouter un peu de difficulté n’est pas gênante en soi, mais il arrive à de trop nombreuses reprises de se retrouver dans l’incapacité de passer un obstacle car notre jauge de magie est vide. Il faut alors revenir à l’écran précédent afin de bastonner quelques ennemis pour tout recharger.

Knuckles ? C’est toi ?

Inutile, étant donné que le niveau de difficulté est déjà suffisamment élevé avec des créatures aux patterns parfois complexes à déchiffrer et à la résistance élevée, ceux-ci lâchant très rarement des cœurs d’énergie. Les boss sont sympathiques mais somme toute classiques, certains affrontements se révélant assez bordéliques et la victoire ne s’obtiendra que si vous bourrez comme un porc, armé au préalable d’une potion de vie. Les donjons sont également très classiques, voire un peu relous niveau level design. À croire qu’Ocarina of Time a imposé une certaine tradition dans les temples de l’eau labyrinthiques et, disons-le, casse bonbons. Heureusement, il reste à Aggelos quelques quêtes annexes pour obtenir l’armure légendaire et divers bonus, ainsi que son amour inconditionnel pour la saga Wonder Boy pour séduire le coeur des nostalgiques, tout comme celui des curieux de cette époque charnière.

Bilan

On a aimé :
  • Bel hommage à Wonder Boy
  • Gameplay fluide
  • Quelques compositions sonores sympas...
On n’a pas aimé :
  • ... mais d’autres beaucoup trop répétitives
  • Utilisation des pouvoirs hasardeuse
  • Manque d’originalité globale
Vous n’auriez pas une rondelle de citron ?

Aggelos nous est vendu comme un hommage direct à Wonder Boy, et c’est exactement ce qu’il est, ni plus, ni moins. Les amoureux de la saga se retrouveront en terrain connu, mais le titre de Wonderboy Bobi n’offre rien de fondalement audacieux qui lui permettrait de tirer son épingle du jeu. Il s’octroie donc le statut de jeu agréable à parcourir, fleurant bon le mix 8 et 16bits, mais auquel il manque une saveur particulière pour s’élever au niveau des réelles bonnes surprises.

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Aggelos

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Storybird

Développeur : Wonderboy Bobi

Date de sortie : 19/06/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4