C’est en juin 2017 que Ghost of a Tale a pointé son museau pour la première fois sur nos consoles par le biais du Xbox Game Preview. Un peu moins de deux ans plus tard, il sort enfin dans sa version complète. À noter que le jeu a été développé quasi intégralement par une seule personne : Lionel Gallat alias “SeithCG” qui est un ancien animateur de chez Dreamworks (il a été rejoint par la suite par cinq personnes pendant le développement). Si le pari de passer d’un poste d’animateur dans un studio renommé pour créer son propre jeu vidéo est assez périlleux, force est de constater que le résultat est une franche réussite.
Quand le rat n’est pas là, la souris chante
Tout commence dans une prison, on y incarne Tilo une souris ménestrel qui, avec l’aide d’un bien mystérieux bienfaiteur doit s’en échapper. L’histoire est plutôt bien développée, on part avec un seul objectif, s’enfuir de la prison et retrouver sa bien-aimée, mais très vite on rencontre de nombreux personnages haut en couleur parmi lesquels une grenouille pirate ou encore un malicieux duo de souris chapardeuses. Ceux-ci vont aider Tilo dans sa quête en proposant divers objectifs secondaires qui demanderont de se rendre aux quatre coins de la prison et des terres environnantes. S’ils peuvent sembler redondants (très souvent il faut aller chercher un nombre donné d’objets en tout genre), ils permettent, une fois terminés, d’en apprendre plus sur chacun et d’enrichir nos connaissances de cet univers. Les dialogues sont nombreux et toujours chargés d’une petite pointe d’humour bien amenée avec un système de choix multiples.
Rat-vissant
Visuellement, le titre est magnifique et n’a pas à rougir face aux grosses productions actuelles. Le travail effectué est titanesque tant la qualité visuelle des environnements et en particulier des éclairages est excellente. On se surprend souvent à s’arrêter uniquement pour contempler les reflets d’une bougie dans les couloirs lugubres et obscurs de la prison, ou à admirer la végétation de la forêt en pleine journée. À cela vient s’ajouter la modélisation impeccable du héros et des autres personnages qui l’entourent. Ils sont bourrés d’animations et de mimiques vraiment très agréables à regarder. On note cependant deux défauts qui viennent ternir un peu cette bonne copie. Tout d’abord, quelques baisses de framerate dans certains environnements (malgré la One X). Mais surtout, ce qui manque le plus, c’est une ambiance sonore plus développée. Il n’y a quasiment aucune musique, il n’y a aucun dialogue audio et seuls quelques bruitages viennent nous rappeler que le son n’est pas coupé. Heureusement, les ballades que l’on peut interpréter durant l’aventure sont très jolies.
Le level design de Ghost of a Tale est aussi l’une de ses plus grandes forces. Il sert à merveille l’un des grands aspects du gameplay, à savoir l’infiltration ; par exemple pour sortir de la prison il faut se faufiler et se déplacer à pas de souris d’une cachette à l’autre pour ne pas être vu par la garde des rats. Tilo ne peut pas se battre et ne dispose pour se défendre que de bouteilles vides ou de pots de bave. Il faut donc éviter le contact au maximum et pour cela ne pas hésiter à monter par exemple sur une table puis enjamber un muret pour passer dans le dos d’un garde. Là aussi les approches sont multiples et on peut trouver différents chemins pour se rendre sur notre objectif. Chaque zone est très bien pensée et regorge de raccourcis qui se débloquent au fil de notre aventure et qui nous permettent de nous déplacer plus rapidement pour effectuer les nombreux allers-retours nécessaires à la réalisation des quêtes secondaires. L’infiltration a cependant tendance à s’effacer vers le premier tiers du jeu avec la possibilité d’utiliser une armure de rat et de se faire passer pour l’un d’entre eux (justifié dans la quête principale). Équipée, elle permet, en dépit d’une vitesse de déplacement réduite, de se promener dans les différentes zones sans devoir se cacher. Le jeu propose aussi d’autres tenues (voleur, roi, pirate, …) ; malheureusement, il n’y a pas vraiment de réel intérêt autre que le visuel d’en choisir une plutôt qu’une autre, les statistiques n’étant pas suffisamment différentes entre deux tenues. Enfin, aider le duo de souris chapardeuses permet de débloquer diverses compétences plus ou moins utiles. On retiendra surtout celle qui permet de marquer d’une brume rouge les différents objets à ramasser dans la zone.
Il faudra entre 8 et 10 heures pour finir l’histoire principale (quelques heures de plus pour faire toutes les quêtes secondaires). C’est tout à fait correct pour ce type de jeu et ce n’est que du plaisir. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de se dire “C’est déjà fini ?” une fois le générique de fin arrivé. Et on se dit, pourquoi pas une suite ? À nos amis chasseurs de succès, attention, Ghost of a Tale est loin d’être un jeu aux succès faciles. Il en possède 20 mais beaucoup sont manquables et certains plutôt difficiles comme ne pas se faire repérer pendant tout le jeu par exemple.