Test - Crackdown 3 - la puissance du cloud...

«On attendait quoi ?» , - 11 réaction(s)

On ne peut pas dire qu’on l’attendait avec impatience. On pourrait même dire que Crackdown 3 arrive comme victime expiatoire prêt à se prendre une volée de bois vert, à subir les rires jaunes des joueurs et attendre patiemment que les critiques de la presse spécialisée lui creusent un joli et profond trou. Mais replaçons un peu la série dans son contexte. Crackdown premier du nom c’est d’abord un jeu que personne n’attendait et qui s’était avéré suffisamment amusant pour fédérer autour de lui toute une communauté de joueurs. Pas un hit en puissance, pas un gros triple A à licence, juste un jeu agréable et frais qui a séduit. Le second opus quand à lui fut une sombre blague à peine dissimulée derrière une communication bien trop grosse pour lui. Un jeu de tâcheron reprenant la même carte sans nouveautés et passant au final totalement à côté de l’intérêt du premier épisode, à savoir la montée en puissance et la juste utilisation du terrain pour arriver à éliminer les chefs des bandes criminelles de la ville. Un bide. Crackdown 3 arrive là, derrière un premier opus juste agréable et un second inutile, une licence qui ne s’est donc jamais imposée et que Microsoft investit d’une aura qu’elle n’a jamais eue. Rangez vos cailloux et vos fourches, mettez de côté votre madeleine de Proust qu’est le premier épisode et prenez juste Crackdown 3 pour ce qu’il est.

Pourquoi se compliquer la vie ?

Au dessus de la ville, une ombre plane...

On ne va pas épiloguer et essayer de remplir une page avec du vide, Crackdown 3 n’a qu’un scénario prétexte, inutile et inintéressant tout comme ses ancêtres. Un prétexte amorcé par une jolie cinématique saupoudrée d’un humour grivois agréable mais qu’on ne retrouve pas régulièrement dans le jeu. Et c’est dommage. On va dire que l’on ne vient pas pour ça, en tout cas on ne va pas jeter la première pierre sur ce pauvre Crackdown 3 vu que clairement, un bon scénario n’était vraiment pas ce qu’on attendait de lui. On attendait juste de s’amuser et de ce côté-là la vieille formule fonctionne encore. Encore pour les vieux joueurs nostalgiques du premier Crackdown et assez pour intéresser, ou ne serait-ce que interpeller, les plus jeunes qui ne l’ont jamais connu.

Lumières fluos, grosse armure, il ne manque plus que des explosions !

Pour ces derniers revenons un peu sur les mécanismes du jeu et ce qui avait tant séduit les joueurs à l’époque. Crackdown 3 est un jeu bac à sable. Le joueur est largué dans une mégalopole avec son Agent, une sorte de super policier surarmé, pour la nettoyer des gangs qui font régner la terreur dans ses rues. Sauf qu’il ne s’agit plus ici de gangs mais d’une sorte de dictature technocratique, Terra Nova, opprimant les plus faibles. Notre Agent va donc combattre les forces en place en fédérant autour de lui une milice révolutionnaire. Pour arriver à ses fins, il lui faudra éliminer les différents lieutenants de la maire/présidente afin d’affaiblir celle-ci autant que l’Agent se renforcera, avant de mener l’assaut final. Voilà, Crackdown 3 ne propose rien de plus que cette chasse à l’homme dans un environnement urbain.

La conduite des voitures n’a pas changé d’un iota... malheureusement

Comme fer de lance de la communication de Microsoft autour de Crackdown 3 on retrouve Terry Crews, le sympathique acteur américain connu notamment pour ses rôles dans les séries “Tout le monde déteste Chris” et “Brooklin Nine-Nine”. Son avatar virtuel fait parti des six Agents sélectionnables au début du jeu, d’autres seront à débloquer en trouvant leurs ADNs dans la ville. Un choix presque purement cosmétique vu que seul un léger bonus dans le gain d’expérience de telle ou telle caractéristique différencie les personnages. Seul petit regret devenu récurrent, il est impossible de choisir la VOST dans les menus, on se retrouve donc obligé de se farcir le médiocre doublage français en lieu et place de la prestation de Terry Crews. Quel que soit l’effort mis sur la communication autour de Crackdown 3, il est bien difficile de mettre de côté le développement chaotique du titre et sa mise en avant bien maladroite comme vitrine de la puissance du “cloud” à l’époque. Avec Crackdown 3 on a bien l’impression que Microsoft a essayé de faire passer une vessie pour une lanterne...

Tout simplement un Crackdown...

Un boss c’est mieux en coop avec des amis !

Crackdown 3 était-il si attendu que cela ? Cette série dont seul le premier opus n’a rencontré qu’un simple succès d’estime valait-elle de recevoir tant de lumière des projecteurs ? Tout simplement non et Crackdown 3 n’est au final rien de plus qu’un Crackdown plus joli réussissant à améliorer une formule qui était juste fun à défaut d’être révolutionnaire même à l’époque. C’est bien peu, convenons-en, mais c’est déjà pas mal lorsque l’on garde dans un coin de la tête l’horrible deuxième épisode totalement dispensable.

Pour tous les néophytes une question risque d’arriver, là, maintenant : mais alors en quoi Crackdown 3 est-il fun et jouissif ? La réponse est là, juste après ce point.

La ville est un terrain de jeu tout en verticalité !

Notre super Agent dispose d’un potentiel de destruction assez impressionnant. Il peut sauter très haut (mais vraiment haut), soulever des voitures ou des camions, utiliser un arsenal riche et varié et conduire des voitures-savonnettes comme à la grande époque. Sa montée en puissance est à elle seule un moteur à l’envie de progresser : commencer le jeu en faisant de petits sauts de 3 mètres de hauteur pour arriver petit à petit, en augmentant son agilité et en récupérant les fameux orbes verts cachés partout dans la ville, à bondir de toits en toits, d’immeubles en immeubles est toujours un régal. Diriger son Agent dans la mégalopole, théâtre de notre violence absolument pas refoulée, est également jouissif. Ce dernier se manie très bien et les petits ajouts comme le double saut et le boost apportent de la vitesse et un dynamisme salutaire lors des affrontements. Crackdown 3 c’est une exploration de la ville tout en verticalité ; on saute, on tire, on largue une nuée d’explosifs sur nos adversaires toujours plus nombreux et on s’écrase au sol avec un poing ravageur. Notre Agent gagne en force, en puissance de feu et obtient de nouveaux véhicules au fur et à mesure de son exploration de la ville. Au rang des petites nouveautés apportées à la série, outre le déplacement dynamique de l’Agent, on note la possibilité de transporter jusqu’à trois armes au lieu de deux, pour un gain appréciable lors des combats. L’armement est aussi conséquent avec des armes comme le Marteau Pilon qui envoie une pluie de munitions explosives sur l’adversaire, et les réjouissances ne s’arrêtent pas là avec la Gravitochaine qui n’est pas sans rappeler les capacités du grappin de Just Cause. Les grenades sont aussi plus variées assurant autant l’attaque que la défense. Côté véhicules, leur conduite est très vieille école, dans le mauvais sens du terme. Elle est désagréable, on a l’impression d’être au volant d’une savonnette à la physique lunaire. Le véhicule de l’Agence peut se transformer en trois modes : un véhicule araignée capable de sauter et se “coller” sur les murs, un véhicule de base qui garde sa faculté d’envoyer en l’air les obstacles, et le tank. Voilà pour les maigres nouveautés. Cependant, on prend un énorme plaisir à semer la destruction dans un univers coloré, dénué de la moindre goutte de sang pour un chaos tout en plaisir, accessible de 7 à 77 ans.

Ça c’est de l’arme !

Je tiens à souligner cette dernière phrase qui à elle seule redore le blason d’un jeu qui risque d’être la risée d’un bon nombre. Non il n’est pas au sommet de la technique, ses graphismes ne décollent pas la rétine, non il n’invente rien et ne fait qu’améliorer de façon succincte la formule du premier Crackdown mais il le fait bien, et avec sincérité. Le monde ouvert de Terra Nova est un terrain de jeu idéal pour les jeunes joueurs ou les occasionnels qui ne cherchent pas forcément à repousser toujours plus loin leur talent manette en main. Ici le sentiment de puissance est réel et rapidement atteint, après quelques heures de jeu on se sent invulnérable dans un élan grisant de toute puissance. On enchaîne sans déplaisir les courses sur les toits, les différents défis de conduite, les points de cascade et on reprend zone après zone le contrôle sur la ville en la repeignant à nos couleurs, en placardant notre effigie partout sur les murs. On fait tomber un à un les lieutenants de la dictature en place avant de donner l’assaut final contre la haute tour qui lui sert de quartier général.

Un multi pour caser le cloud…

Sauter est ce que l’on fait de mieux dans Crackdown !

Vous l’aurez compris la campagne de Crackdown 3 est agréable que ce soit en solo ou en coopération. Dans la case regrets on peut cocher le fait de ne pas pouvoir en bénéficier en écran partagé avec un ami ou un membre de sa famille à ses côtés, mais passée cette déception et en ayant monté d’un cran la difficulté histoire d’avoir un poil de challenge, la coopération fait son boulot. On attaque les bases en duo, on établit des stratégies d’approche, ou pas, ou on rase toute une base juste pour le fun. On fait la course, en voiture ou sur les toits, bref on s’amuse. Malheureusement pour Crackdown le multi ne s’arrête pas là…

Sincèrement il aurait dû. Des fois mieux vaut ne pas faire du tout plutôt que de faire n’importe quoi, n’importe comment et avec n’importe qui. Le multijoueur de Crackdown est un… “jeu” (?) entièrement dissocié de la campagne solo. Nous avons bien là deux icônes différentes sur la console et même si l’on peut passer de l’un à l’autre par le menu de chaque jeu, cela ne fait office que d’un simple raccourci et cela n’épargne en rien les temps de chargement conséquents. Il y a quand même un avantage à cette étrangeté : pouvoir désinstaller le multijoueur lamentable de Crackdown 3 et ne conserver que la campagne et son mode coopératif.

Je domine la situation...

Présentons toutefois la “bête”, l’étendard de la puissance du “cloud” capable de gérer des destructions massives dans tous les sens et de voir s’effondrer sous nos yeux d’immenses bâtiments dans un déluge de béton, de poussière et de verre brisé. Le multi de Crackdown 3 donne le choix entre deux modes : un classique de chacun pour soi et un combat sur la colline où l’on doit capturer et défendre des zones. C’est tout. À ce niveau là on a le droit de penser au mot “cache misère”. On pouvait espérer toutefois profiter de ces modes dans le terrain de jeu proposé par la campagne solo à savoir la ville de New Hope. Eh bien non ! C’est un unique environnement aussi vide que moche dans lequel vont se dérouler ces deux modes. Alors oui tout explose, les bâtiments s’écroulent mais cela n’apporte strictement rien au gameplay, les destructions sont pitoyables et très, très loin d’être spectaculaires, même sur la console la plus puissante du marché qu’est la One X. Et je ne vais même pas parler de la fluidité de l’ensemble. Après une seule partie, un seul mot nous vient à l’esprit si l’on veut rester poli : “désespérant”.

Bilan

On a aimé :
  • Retrouver un bon Crackdown
  • Un sentiment de puissance toujours présent
  • Les quelques améliorations
  • La destruction tout public
  • Un mode coop plaisant
On n’a pas aimé :
  • Techniquement moyen pour un jeu aussi attendu
  • La conduite savonnette des véhicules
  • Beaucoup de bruit pour pas grand chose
  • Absence d’écran splitté
  • Le multijoueur qui n’aurait jamais dû exister
Ne pas lui demander la Lune

Fallait-il attendre autre chose que ce qu’arrive à nous fournir Crackdown 3 ? On peut être déçu, dire qu’il n’invente rien, que l’on peut trouver mieux ailleurs, plus beau, plus complet, plus tout. Et on n’aurait pas tort. On peut le lapider sur la place publique, se moquer de lui, dire qu’on en attendait plus… Mais on peut aussi le prendre pour ce qu’il est, ne pas cacher le plaisir que l’on prend manette en main à semer le chaos, à sauter de toit en toit, à chasser les orbes verts et bleus dans la ville, à essayer les armes contre une nuée d’adversaires toujours plus nombreux. Sentir cette puissance et cette invulnérabilité monter petit à petit, devenir grisante, enivrante, partager ce petit moment de plaisir avec nos enfants, nos amis captivés par l’ascension de notre personnage d’immeubles et de gratte-ciels toujours plus hauts, Crackdown 3 ne nous offre pas la Lune mais juste un plaisir simple et sincère… En somme il nous offre la même chose qui nous avait tant séduits lors de la sortie de Crackdown sur 360. C’est peu mais c’est déjà énorme. Une madeleine de Proust que l’on prend plaisir à déguster à nouveau et à partager avec ceux qui ne la connaissent pas. Et une dernière chose quand même : il ne faut pas avoir honte pour proposer un multijoueur aussi insipide et désastreux que celui de Crackdown 3 !

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Crackdown 3

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Microsoft

Développeur : Cloudgine - Sumo Digital

Date de sortie : 15/02/2019

Prévu sur :

Xbox One

11 reactions

ludofast

28 fév 2019 @ 07:14

Terminé à 100% en 12h, c’est un point noir, ainsi que ses graphismes old school mais si on le voit pas comme un AAA ça reste superbe, mentions : à la distance d’affichage et au HDR. J’ai beaucoup aimé le gameplay, enfin un jeu de plateforme depuis Recore, parfois jusqu’à 500 mètres au dessus du vide.

Pour pas cher ou en essai gratuit du Game Pass je le conseille fortement.

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