Les jeux de rythme et de danse qui proposent du neuf ne sont pas légion. Floor Kids s’attèle à mélanger les deux genres en permettant au joueur de devenir un grand B-boy ou une grande B-girl, aka un breakdancer. Forcément, il est difficile de dissocier cette danse du style musical et de l’univers culturel qui l’entoure mais ce n’est pas ce qui a découragé le crew de Merj Media qui en impose niveau street-cred. Branchez les platines, le show va commencer.
Make some noise if you’re with me
Avant le jeu, Floor Kids était un court animé de Jonathan Ng, illustrateur de son état, accompagné aux platines de son comparse Kid Koala. Ce dernier n’est pas un bras cassé puisqu’il avait été signé très tôt par l’excellent label Ninja Tune avant de bosser avec Dan the Automator sur Deltron 3030 et Gorillaz ou encore pour les side-projects Lovage et Peeping Tom du grand Mike Patton. Seulement, ces deux messieurs ne sont pas des développeurs et se sont donc fait assister par les Canadiens de Hololabs pour retranscrire l’ambiance et le concept du court métrage en un jeu.
De l’animé, Floor Kids conserve le style graphique crayonné et le design général. Techniquement, c’est une grosse réussite car les animations sont vraiment classes et pleines de vie. Chacun des personnages du jeu a son propre style et ses propres moves pour mettre le feu au parquet. Les figures ne s’enchaînent pas toujours très naturellement mais il fallait bien transiger quelque part pour donner une grande liberté. D’autant plus que c’est surtout visible si on fait n’importe quoi. Dans l’ensemble, c’est quand même sacrément classe et ça donne envie d’essayer chaque personnage pour trouver les enchaînements les plus naturels possibles.
Kid Koala, pour sa part, a composé de nouveaux sons instrumentaux pour accompagner la vingtaine de niveaux qui composent le jeu. Difficile de reprocher quoi que ce soit à l’OST tant elle envoie du pâté même si elle manque un peu de voix. Il fallait bien laisser la place au joueur pour faire le show en imposant son style car c’est toute la force de Floor Kids que de donner le sentiment de maîtriser les figures tout en retranscrivant à merveille le sens de l’improvisation propre à la discipline. Il a l’intelligence de laisser aisément le joueur profiter de la vibe sans trop le contraindre.
Never neglect the beat
Le gameplay est pour cela assez bien fichu. Avec les quatres touches de face, le breakdancer place des figures à taper en rythme en Top Rock. Un coup de stick vers le bas et le voilà en mode figures au sol, les Down Rock. S’ajoutent à cela les Freeze à placer avec une touche et une direction. Pour impressionner encore plus les foules, le joueur peut aussi compter sur les Power Moves, des figures qui se déclenchent avec des rotations du stick et une touche. Quelques finesses comme les Fly viennent compléter le tout. Ce qu’il faut retenir de tout cela c’est que c’est extrêmement naturel une fois le principe assimilé. Pour faire grimper le score, le joueur a des demandes de figures à réaliser certains moments. Enfin pour taper dans les high scores, il faut réussir des séries de rythmes qui se présentent deux fois durant un morceau en tapotant sur la ou les touches de son choix en respectant un timing précis pas toujours évident à maîtriser.
Là où le jeu ne satisfait pas pleinement, c’est dans son contenu. On a vite fait le tour des tracks proposées et le scoring ne donne pas envie de revenir beaucoup sur les morceaux, la notation étant basée sur la capacité à varier les figures sans vraie notion de perfect et de combo. On peine à se sentir progresser avec ce système. Il est possible de faire le chaud durant des battles de deux joueurs mais comme il n’y a pas de mode de jeu en ligne, on arrive rapidement à bout de ce mode qui se prêtait pourtant particulièrement bien à la discipline. C’est vraiment dommage que le jeu n’ait pas profité de son année d’existence sur Switch pour débouler aujourd’hui dans une version enrichie, ce qui l’aurait placé dans la case indispensable au lieu de rester dans celle des curiosités bien foutues à tester si on aime le genre.