Test - Hollow Knight : chevalier sans peur et sans reproche

«N’ayez pas peur du vide» , - 2 réaction(s)

De loin, Hollow Knight est aussi enthousiasmant qu’effrayant, la faute aux mots clés qui le définissent. Made with Unity, campagne Kickstarter réussie, DLC’s rajoutant du contenu,... Tout porte à croire qu’il s’agit ici d’un autre jeu indépendant arriviste surfant sur un style, celui du Metroidvania. Il faut dire que sur Xbox, on a eu le merveilleux Ori, du coup on regarde de loin la concurrence en se disant qu’ils peuvent toujours essayer, ils ne le surpasseront jamais. Pourtant, après de longues heures de jeu, on se dit que c’est Ori and the Will of the Wisps, la suite, qui aura fort à faire pour atteindre l’excellence du petit chevalier blanc.

De l’ombre à la lumière

Les insectophobes le détestent

Hallownest est un royaume figé dans le temps, abandonné. Il reste bien quelques personnages dans le village à l’orée du pays des insectes, mais ils semblent aussi désorientés que le joueur découvrant ce monde. Et des découvertes, il faudra en faire un certain nombre pour voir se dessiner la trame de l’histoire, volontairement mystérieuse. Hollow Knight n’est pas un jeu très bavard ni fortement mis en scène mais pourtant il raconte beaucoup de choses. Entre les stèles narrant avec poésie l’histoire du royaume, les quelques PNJ croisés en chemin ou encore le descriptif des items quand ce ne sont pas les décors eux mêmes qui parlent, il y a beaucoup à apprendre. Tout le monde ne comprendra pas l’histoire de la même manière car il faut s’aventurer et réfléchir pour rassembler toutes les pièces du puzzle.

Solitude et désespoir

Qui est le personnage que l’on incarne ? Qui est l’Hollow Knight ? Quel est cet étrange monde des rêves et pourquoi y a-t-on accès ? Le jeu ne se contente pas de challenger le sens de la déduction du joueur, sa construction de l’exploration labyrinthique et ses combats de boss diaboliques lui donnent aussi du fil à retordre. Autant le dire tout de suite, si vous n’avez pas un bon sens de l’orientation et de l’observation ou que vous n’appréciez pas les combats se gagnant à la sueur du front, Hollow Knight risque de vous frustrer et faire voir rouge. Ce serait pourtant terriblement dommage tant ce qu’il a à offrir est grand et que chaque victoire ou petite découverte apporte une vivifiante satisfaction.

Dark Crystal

De l’onirisme aux hallucinations lumineuses

Dans sa structure, Hollow Knight est un pur Metroidvania. Le joueur se promène dans des tableaux somptueux et sombres, occupés par des insectes tenaces. Il devra trouver de lui-même, sans aucune aide ni indication, le chemin vers les différents items de pouvoir qui l’aideront à découvrir de nouveaux chemins. Le double saut, classique, est l’une des capacités mais le jeu ne cède pas pour autant à la facilité en visant le simple hommage du genre car il amène de nouvelles mécaniques originales. À noter que tous les pouvoirs ne sont pas obligatoires et ne doivent pas nécessairement être trouvés dans un ordre précis. En tous cas, ils seront obligatoires pour trouver un peu d’aide car l’exploration est corsée. Avant de trouver le PNJ vendeur de cartes de la région, le joueur doit avancer à tâtons, mémoriser le chemin emprunté, noter les différents embranchements à explorer et même déduire des passages secrets. Et qu’est-ce-que c’est bien foutu ! Le level-design est vraiment à tomber, proposant sans cesse des cheminements différents sans oublier d’offrir des connexions - fortes utiles, cachées ou non - d’une zone à l’autre, afin de se déplacer plus rapidement. Si vous n’êtes pas attentifs durant vos sessions de jeu, vous aurez à coup sûr beaucoup d’allers-retours à faire pour trouver par où continuer de progresser. Heureusement, un vendeur permet d’obtenir des badges à coller sur la carte du monde pour se souvenir de revenir inspecter tel endroit pour un combat, accéder à une zone nécessitant de posséder un pouvoir particulier,... Le joueur doit devenir un aventurier méticuleux doublé d’un valeureux chevalier.

L’as des as

La carte de la région ne révèle pas tous les chemins

En combat, le jeu n’est pas avare. D’autant plus qu’il sort sur Xbox One dans une version complète avec les extensions contenant de nouvelles régions et boss. Chacun d’eux est une merveille qui exige du joueur concentration et talent. D’abord la concentration pour étudier les patterns d’attaque et les distances de frappe, ensuite le talent pour réussir à éviter les blessures tout en plaçant des coups avec son aiguillon, la lame ridiculement petite du personnage qui laisse peu de place aux actes de bravoure désespérés. Ici, pas de ça passe ou ça casse. Les timings sont serrés et les ouvertures sont peu nombreuses, rendant chaque combat très tendu. Heureusement, le joueur peut s’équiper d’amulettes qui lui permettront de booster ses capacités avec des esquives ou contre-attaques afin de gratter la moindre touche. Optimiser son set est la première stratégie à développer pour espérer s’en sortir. Tous les combats sont intéressants même si certains types d’attaques peuvent revenir d’un boss à l’autre, mais dans l’ensemble, on prend un grand plaisir à se frotter à chacun d’eux.

Est-elle vraiment sage ?

Les ennemis de base ne sont pas non plus inintéressants, le bestiaire étant très riche et varié. On a vite fait de mourir dans une nouvelle zone face aux insectes inconnus que l’on ne maîtrise pas encore. Avec le temps, on se surprend à les pourfendre aisément, preuve de la courbe de progression assez grande qu’offre le jeu. Fort heureusement, les capacités de base du joueur peuvent être boostées via des jauges de vie et de magie en plus des allumettes. D’ailleurs, il faudra souvent choisir entre avoir de la vie ou utiliser de la magie. On peut se soigner à volonté en puisant dans sa jauge de pouvoir tout comme on peut l’utiliser en envoyant des attaques à distance. Et le choix est parfois difficile dans certains combats.

Attaque et contre-attaque

Question design, le jeu n’a rien à envier à qui que ce soit. Le bestiaire, très insectoïde, fait preuve d’une richesse et d’une beauté qui n’a d’égale que la qualité des décors. Si chaque image peut paraître sombre voire décolorée, en jeu on se rend aisément compte des différences de chaque zone à parcourir. Des couleurs au design des éléments, chaque chose a une identité propre, dans un tout unifié par un sentiment de désespoir et de nostalgie presque étouffant. Le monde des rêves n’étant jamais bien loin, de même que le fléau rongeant le monde d’Hallownest, on ressent perpétuellement que le merveilleux se mélange au macabre. À la découverte de chaque zone, la curiosité du joueur est sans cesse titillée mais aussitôt récompensée par les merveilleux tableaux qui s’offrent à lui. Pour ne rien gâcher, les animations sont aussi soignées. Mais ce qui vient définitivement donner son atmosphère si particulière au jeu, c’est son OST, l’une des meilleures entendues ces derniers temps. Les musiques sont divines et accompagnent les situations avec justesse. Tantôt elles accentuent la mélancolie grâce à quelques notes de piano, tantôt elles laissent place à des envolées orchestrales épiques et émouvantes. Durant la trentaine d’heures de jeu nécessaire à ce test, jamais elles n’auront lassé ou agacé. D’ailleurs, le sound-design est généralement très bon, chaque son trouvant parfaitement sa place quand il ne vient pas surprendre le joueur, l’inquiéter ou le prévenir d’une découverte. C’est à son sens du détail et à sa grande richesse qu’on reconnaît un grand jeu. Hollow Knight est définitivement de ceux là.

Bilan

On a aimé :
  • Une ambiance unique
  • Une DA incroyable
  • Une OST à tomber
  • Des combats diaboliques
  • Une multitude de secrets
  • Un level design sinueux...
Vous pourriez ne pas aimer :
  • ...qui peut inviter à se perdre royalement
  • Aucune indication tout du long
Chevalier au grand coeur

Difficile de ne pas se laisser submerger par les superlatifs en repensant à Hollow Knight. Presque impossible en tout cas, de ne pas lui écrire une lettre d’amour en bonne et due forme. Des louanges, il en mérite un paquet autant pour son gameplay nerveux et précis que pour son level design aux petits oignons. Ce serait même pure hérésie que de ne pas vous inciter à tomber sous le charme de l’ambiance qu’il déploie entre notes de piano et choix esthétiques originaux. Car il est de ces jeux qui disposent d’une identité tellement particulière que l’on a envie de le chérir, de crier sur tous les toits à quel point sa difficulté ne doit pas être un frein tant il est capable de laisser place à la progression pour qui persévère un peu. Il peut même devenir moins mystérieux pour les plus téméraires. Au final, Hollow Knight sait tellement remercier et satisfaire le joueur que l’on se demande même ce qui pourrait un jour arriver de mieux au genre Metroidvania que sa venue sur nos écrans.

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Hollow Knight

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Curve Digital

Développeur : Team Cherry & Shark Jump

Date de sortie : 25/09/2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

2 reactions

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rokoloko

08 nov 2018 @ 09:20

Merci pour ce test, y’a tellement de bons jeux à faire, on sait plus que choisir B-)

Eboux

08 nov 2018 @ 12:25

@rokoloko > C’est simple, les autres jeux ne comptent pas :p