Test - Shadow of the Tomb Raider, Lara traînée dans la boue !

«Maya l’Aztèque» , - 7 réaction(s)

Amorcé en 2013, le reboot de la saga Tomb Raider avait complètement redéfini le personnage de Lara Croft. Exit la poitrine opulente et le sourire narquois, place au simple débardeur et au carquois. Après deux épisodes réussis, Eidos Montréal et Crystal Dynamics ont opté pour un retour aux sources pour le dernier épisode de cette trilogie, censé mettre en scène l’ultime aventure qui forgera l’aventurière que tous les joueurs connaissent. Le jeu nous plonge en pleine jungle amazonienne, et votre serviteur s’engage personnellement à ne pas utiliser un morceau des Guns N’ Roses comme titre de paragraphe.

AZTÈQUE FRITES S’IL VOUS PLAÎT

Après avoir parcouru les vallées orientales du Yamataï et les sommets enneigés de la Sibérie, Lara et Jonah en avaient un peu ras le bol de se peler les miches et ils font donc cap vers le Mexique. Bon, c’est aussi parce qu’ils ont appris que les Trinitaires (les bad guys Illuminati de l’histoire) s’y rendaient également pour mettre la main sur un artefact pouvant changer la face du monde, mais avouez que ça ne fait pas de mal de choper un peu de vitamine D au passage. Comme rien ne se déroule comme prévu dans les jeux d’aventure, la découverte de cet artefact déclenche un cataclysme qui ferait passer le tsunami de 2011 pour un banal plouf à la piscine municipale. Fermement décidé à stopper les Trinitaires, le duo doit absolument retrouver la boîte d’Ix Chel, que l’on dit gardée au sein d’une mystérieuse cité maya.

Posaÿ.

Comme l’annonce son titre, Shadow of the Tomb Raider se veut plus sombre que ses prédécesseurs. Il met en scène une jeune héroïne en devenir, qui mesure peu à peu les conséquences de ses actes sur le monde et qui finit par se demander si elle ne ferait pas mieux de laisser la bague de truc ou l’amulette de bidule bien au chaud dans leurs tombeaux. Le ton résolument sérieux qui se dégage du scénario peine pourtant à nous captiver ou à nous émouvoir, malgré les séquences censées approfondir les intentions et les émotions des personnages. La faute tout d’abord à un rythme de jeu en demi-teinte, qui ne sait pas très bien choisir entre l’action ou l’exploration, la narration imposée ou la liberté totale alors que ses prédécesseurs étaient beaucoup mieux dosés. On se retrouve souvent à pénétrer dans une crypte ou un tombeau facultatifs au beau milieu d’une quête principale, tout en ramassant la quantité astronomique de loot qui jonche le sol, surtout si, comme moi, vous ne pouvez vous empêcher de choper la moindre babiole qui traîne. Après des années d’omniprésence de jeux à monde ouvert, de bacs à sable aux maps infestées d’objectifs secondaires en tout genre, on sent que le jeu en garde quelques séquelles et hésite souvent à assumer les phases plus scriptées, pourtant bien réalisées.

C’est pas vraiment Aqualand ici !

La mise en scène visuelle et sonore est d’une qualité indéniable lors des phases d’action, des courses-poursuites ou lors des découvertes de panoramas à couper le souffle. Cependant, la réalisation est beaucoup plus bancale lorsqu’il s’agit d’être plus narratif, donnant lieu à des ellipses étranges entre certains événements ou des réactions parfois démesurées des personnages, sans réelle explication, comme si le jeu voulait trop en faire. À ce propos, je vous conseille d’opter pour le doublage original, sans surprise bien au-dessus de la version française. À noter qu’il existe un mode d’immersion audio permettant aux PNJ de s’exprimer dans leur langue natale. Ce qui s’avérait être une excellente idée est complètement gâché par le fait que Lara ne s’exprime qu’en anglais, ce qui donne lieu à des conversations très cocasses ressemblant plus à un épisode de Flipper qu’à un échange entre deux personnes multilingues.

En même temps, vous savez ce qu’on dit, ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage !

ELLE PASSE PAR LES ARBRES, C’EST ÇA SON TRUC

Dans cette aventure, notre héroïne troque sa doudoune Waïkiki et ses gants en peau de buffle pour une tenue plus adaptée à ce nouvel environnement hostile : la jungle. Enfin, nouveau pas tant que ça puisqu’il n’est pas sans rappeler un certain Tomb Raider III ; il s’agit d’une volonté des développeurs d’inscrire ce dernier volet de la trilogie comme un retour aux origines de la saga, en faisant la part belle à l’exploration et à l’exotisme.

Fais comme l’oiseauuuuu !

En ce qui concerne ce dernier aspect, le pari est réussi car Shadow of the Tomb Raider peut se vanter de bénéficier d’une direction artistique somptueuse. On sent à chaque pas tout le soin apporté à la gestion de la lumière, la végétation qui se courbe sous votre poids, la faune qui s’échappe à votre arrivée… Les phases de grimpette sont encore plus vertigineuses qu’auparavant et vous feront abuser du mode photo lors de la découverte d’un nouveau panorama. Il faut également saluer l’ambiance sonore de grande qualité, qui renforce grandement l’immersion par des petits détails qui font toute la différence, surtout au casque. Quelques ralentissements et autres bugs d’affichage de texture sont à noter, mais rien de bien alarmant.

Ça chauffe en bas.

Malgré un terrain de jeu superbement modélisé, quelques frustrations sont à signaler concernant son exploration. Afin de servir une histoire plus sombre et davantage reliée aux protagonistes, la taille des villes a été revue à la hausse. En résultent deux grands villages qui remplacent les hubs des épisodes précédents, dans lesquels vous trouverez de nombreux PNJ vaquant à leurs occupations, certains vous donnant des détails historiques sur les lieux, révélant ainsi des points d’intérêt sur la map, d’autres vous demandant de l’aide sous la forme de quêtes secondaires. La volonté d’humaniser un peu plus le personnage de Lara est louable, mais cela vient quelque peu casser ce sentiment de fragilité face à l’hostilité de la nature, propre à la saga. En plus de casser le rythme de la progression, les quêtes secondaires sont très inégales, certaines étant carrément ennuyeuses car truffées de dialogues à rallonge. On s’amuse beaucoup plus à sortir des sentiers battus pour aller piquer une tête dans le lagon du coin afin de récupérer un item caché au fond de l’eau. D’ailleurs, les séquences sous-marines sont très dynamiques et alternent entre les phases de cache-cache avec les piranhas, la progression dans des couloirs exigus et des mécanismes à déclencher, tout en devant reprendre une dose d’oxygène dans des cavités intelligemment espacées, de quoi angoisser les Jacques Mayol en herbe.

Les tombeaux cachés sont toujours aussi intéressants à parcourir et font appel à votre sens de l’observation, afin de dénicher le bout de corniche à escalader. Les énigmes sont vraiment bien pensées et apportent une bonne dose de challenge, mixant intelligemment les capacités de Lara acquises au fil de l’aventure. Je ne saurais que trop vous conseiller de désactiver l’instinct afin de les parcourir dans l’immersion la plus totale, rappelant ainsi l’époque des premiers Tomb Raider où l’on n’avait que sa petite soeur et beaucoup de patience (et de chance ?) pour nous guider jusqu’à la sortie du niveau !

Il y avait réellement anguille sous roche.

Si ces tombeaux facultatifs illustrent la meilleure partie du level-design de Shadow of the Tomb Raider, l’ensemble du jeu n’est malheureusement pas de ce calibre. Rise of the Tomb Raider était mieux pensé en termes de progression car articulé autour de zones plus conséquentes, dans lesquelles les objectifs étaient beaucoup mieux répartis. Ici, certainement à cause de la présence des villages beaucoup plus vastes mais aussi plus cloisonnés, on n’a qu’à de rares occasions la possibilité de s’aventurer librement dans des coins plus sauvages pour aller taquiner du jaguar ou tataner des soldats ennemis. La progression plus linéaire du titre contraste donc grandement avec l’immensité des environnements parcourus. Heureusement, vous aurez quand même le loisir de vous prendre pour un Predator chassant ses proies, en plus sexy.

POUSSÉE À BOUE

Qui dit jungle dit terrain de jeu plus propice à l’infiltration. En effet, cet épisode se veut beaucoup moins frontal en ce qui concerne les affrontements, car les arènes de combat sont bien plus étriquées. Par contre, les interactions avec l’environnement sont plus nombreuses. Vous avez notamment la possibilité de vous enduire de boue à certains endroits, réduisant nettement la réactivité des ennemis pour vous repérer. Bon, ce sont pas des flèches non plus hein, certains n’entendent même pas leur camarade se faire égorger comme un cochon à deux mètres derrière eux. Le camouflage est en revanche plus utile face aux soldats équipés de lunettes thermiques, pas très futés eux non plus lorsque l’on a compris leur pattern de déplacement. Outre les projectiles artisanaux que vous pouvez crafter (cocktails molotov, bombes à clous…), votre arc sera résolument votre meilleur allié, à tel point que les autres armes paraîtront anecdotiques, sauf dans les phases scriptées d’élimination de vagues d’ennemis. En plus des flèches classiques déjà bien puissantes, vous pouvez fabriquer des flèches incendiaires, explosives ou, plus amusant, des flèches empoisonnées qui feront perdre la boule à vos ennemis, qui finiront souvent par mitrailler un ou deux de leurs potes avant de mourir. Le problème est que l’on obtient certaines nouvelles capacités bien trop tard, sans possibilité de vraiment les expérimenter, les phases de combat et d’infiltration étant toujours très scriptées et au final, trop peu nombreuses.

3... 2... 1...

Ce qui fait que l’on en vient à utiliser toujours la même technique pour éliminer les ennemis ; même s’il faut avouer que certaines éliminations furtives sont assez jouissives, notamment celle qui consiste à grappiner un adversaire depuis un arbre, pour ensuite l’assommer et s’aider de son poids pour descendre tranquillou. Enchaîner les kills en fufu s’avère simple et fluide, mais on sent que le jeu est pensé pour ça. L’affrontement bourrin est une autre paire de manches et le gameplay montre ses limites, surtout avec l’absence d’un mode couverture digne de ce nom, une esquive bancale et une caméra qui gère mal les déplacements rapides lorsque l’on est encerclé de plusieurs ennemis.

Le gameplay des phases de plateforme est toujours complet et varié, notamment grâce aux différents outils et techniques que l’on peut utiliser (grappin, piolet, descente en rappel…). On sent néanmoins une certaine lourdeur dans le maniement, qui empêche parfois de réussir certains sauts ou quelque autre acrobatie ; preuve qu’il faudra sans aucun doute repenser les choses pour une éventuelle suite !

Bilan

On a aimé :
  • Direction artistique de haute volée
  • Les phases sous-marines
  • Un retour aux sources exotique
  • Blockbuster vidéoludique efficace

On n’a pas aimé :

  • Rythme en demi-teinte
  • Réalisation parfois bancale
  • Phases d’infiltration un peu trop scriptées
  • Exploration pas assez ouverte
Mi-figue, mi-raisin et re mi-figue derrière

Shadow of the Tomb Raider vient clore la trilogie d’une manière un peu hésitante. La mise en scène en dents de scie, les personnages exagérés et le mauvais équilibre action/exploration sont contrebalancés par une direction artistique somptueuse, un exotisme de tous les instants et une richesse évidente du gameplay. Peut-être qu’Eidos Montréal et Crystal Dynamics ont voulu trop en faire sans véritablement trancher dans l’orientation de leur titre. En résulte néanmoins un bon titre qui a le mérite d’esquisser un véritable lien avec la Lara polygonée de 1996, qui provoqua tant d’émoi dans la communauté vidéoludique. On attend donc le crash du prochain avion cargo avec impatience !

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Shadow of the Tomb Raider

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Square Enix

Développeur : Eidos Montreal

Date de sortie : 14/09/2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

7 reactions

GigaTRIPELX

13 oct 2018 @ 17:43

Je pense que le meilleur restera le 1 ! Celui qui m’a en mis plein la vue avec cette immense satisfaction une fois terminé ! Tellement elle a été longue pour moi. Je prendrai le Shadow en occaz car je ne suis pas emballé avec les animations qui st beaucoup plus exagéré, le physique de Lara métamorphosé (elle ressemble pas à la Lara des anciens opus) L’histoire, on verra bien, mais je pense pas que ce 3eme opus détrônera le 1er. (Mon avis)

Joaz

13 oct 2018 @ 19:21

Bon test, bien écrit et critique comme il faut.

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Ray_Mee

13 oct 2018 @ 21:28

@Joaz : Merci, c’est parfois dur de garder un esprit critique avec certains jeux, mais c’est important !

Basterd

13 oct 2018 @ 21:47

Ceux qui préfèrent les premiers tomb raider vont le trouver très bon et pour ceux qui comme moi on préféré le reboot vont moins l’apprécier mais passeront un bon moment quand même. Très bon test

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bangy78

14 oct 2018 @ 00:48

Moi j’ai envie de le mettre comme le meilleur, je les ai tous aimé, mais celui là, Lara est au top j’ai aimé les dialogues, les Cut scènes de manières générales sont bien jouées les visages sont expressif, Jonas, unuratu, domingez... Globalement ils ont tous un truc. Les Tombeaux et criptes sont splendides, j’ai allumé mon cerveau par moment pour penser à comment faire, contrairement à UC4 ou c’est encore bien plus facile (bcp trop). Encore un peu trop de Gun fight mais ça va, mais je fais parti de ceux qui en voudrait zéro, même si les ajouts de gameplay dans les kill boue et flèche tyrolienne sont plutôt classe et pas un gadget usé à foison. Bref c’est le jeu d’aventurier devant tous les autres, ceux de la trilogie et la concurrence. J’ai aimé aussi toutes les découvertes et ses artefacts qui transmettent des connaissances, Rise était bon aussi. Manette en mains on s’y croit.

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Dijmanu

16 oct 2018 @ 12:22

Fan inconditionnel depuis le 1er opus. Je viens de le finir certes c’est pas le meilleur épisode de la trilogie mais je me suis régaler du début à la fin.

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Ray_Mee

17 oct 2018 @ 16:57

@Dijmanu : Tout à fait, je précise tout de même que cet épisode reste un bon jeu efficace. Mais comme c’est un gros blockbuster AAA, on est forcément plus critique à son sujet !