Test - Phantom Doctrine

«L’espion qui va bien vous larguer» , - 3 réaction(s)

Les petits artisans varsoviens de CreativeForge Games nous reviennent avec Phantom Doctrine, un jeu de stratégie/gestion/tactique qui se déroule pendant la Guerre Froide. Un titre qui ne manquera pas de vous mettre à bout de nerfs. On sort le lecteur de cassettes. Promis celle-ci ne s’auto-détruira pas une fois terminée.

From Poland With Love

Cynisme et pragmatisme seront vos maître mots afin de pouvoir survivre dans ce monde froid et sans pitié qu’est celui des espions - qu’ils soient de la Couronne ou non, d’ailleurs.
Une interface sobre, en apparence seulement

Deux, c’est le nombre de factions parmi lesquelles le joueur pourra choisir au début de sa partie : CIA ou KGB. À noter qu’une troisième est débloquable. Ce choix a véritablement un intérêt puisqu’il s’agit de deux - puis trois - histoires différentes ou plutôt trois points de vue différents. Un choix qui influencera également la nature des évènements auxquels vous devrez faire face tout au long de l’aventure mais aussi les compétences de vos agents. Pour espérer un jour voir le bout du jeu, il vous faudra donc terminer toutes les campagnes. Si CreativeForge Games a communiqué sur une durée de vie totalisant 40 heures de jeu, on se situe en vérité plutôt autour de 60 heures pour les trois aventures. C’est après la création de votre avatar - sorte de héros sans vraiment en être un - et un tutoriel des plus minimalistes que vous prendez officiellement vos fonctions de directeur d’une agence d’espionnage. Votre but ? Contrecarrer les plans de Beholder, une agence ennemie qui n’aura de cesse de vous mettre des bâtons dans les roues à coup d’embuscades, d’enlèvements et autres tentatives d’assassinats à l’attention de vos agents. Dès le début de l’aventure, le jeu vous met une épée de Damoclès au-dessus de la tête sous la forme d’une jauge de danger. Cette jauge va littéralement déterminer votre comportement face aux différents scénarios ou évènements qui rythment Phantom Doctrine. Par exemple, si votre jauge de danger est trop élevée, vous ne risquerez peut-être pas d’envoyer un commando secourir un informateur tombé entre les mains de vos ennemis. Vous préfèrerez sûrement sacrifier ce dernier afin de conserver vos agents qui représentent la ressource principale dans ce jeu de gestion/tactique/stratégie. Cynisme et pragmatisme seront vos maître mots afin de pouvoir survivre dans ce monde froid et sans pitié qu’est celui des espions - qu’ils soient de la Couronne ou non, d’ailleurs. De plus, il apparaîtra très vite nécessaire de déménager votre base - moyennant quelques dollars, tout de même - dans un autre endroit du globe si la situation commence à vraiment sentir mauvais pour vous. Il faut donc constamment jouer la montre en gardant un oeil sur votre réserve de cash. Autant vous dire que prendre une mauvaise décision pourra véritablement vous mettre dans la panade. Une panade dont vous ne pourrez peut-être jamais vous sortir.

Une phase d’enquête sympatoche

Parlons un peu des agents. Ils seront en effet une source de casse-têtes et de dilemmes du début à la fin du jeu. Si vous commencez bien l’aventure avec une équipe d’agents pré-constituée, il vous faudra régulièrement en recruter pour espérer mener à bien non seulement les quêtes principales mais également les quêtes annexes réparties sur l’ensemble du globe. Votre zone d’action s’étendra au début de Casablanca à Islamabad en passant par l’Europe et le Moyen-Orient. Il y a de quoi faire car à chaque heure, chaque jour passé, des évènements aléatoires peuvent venir vous pourrir la vie. Vous devrez jongler entre des opérations de surveillance de manoeuvres ennemies, de reconnaissance, d’assassinats sur des agents ennemis que vous aurez préalablement identifiés et localisés. Tout ceci devra être géré en plus de toutes les affaires qui concernent votre base. Recruter un agent devient très vite un enjeu majeur car en embaucher de nouveaux fera monter votre jauge de danger de façon conséquente. Il faudra donc prendre le temps de bien choisir le ou les heureux candidats en fonction de leur provenance (CIA, NSA, Mafia, Détectives Privés, Seals, etc…) mais également de leurs compétences (armes à feu, buffs, débuffs, etc…). Si embaucher représente un risque, remercier un agent en est un autre ! À vous de voir si vous le laissez partir ainsi ou bien si vous préférez tout de même lui laver le cerveau au préalable. S’agirait pas qu’il aille jaqueter à propos de vos plans et de l’emplacement de votre QG à l’ennemi. Votre serviteur a plutôt décidé de trancher la poire en deux : en envoyer un dont l’identité a été compromise en mission suicide histoire de ne pas s’embarrasser avec la paperasse. “Une pierre, deux coups” qu’ils disaient.

Les agents sont également des sbires qu’il va falloir former, soigner, rapatrier. De directeur d’agence d’espionnage sur le point de lever le voile sur une conspiration visant à détruire le monde, vous deviendrez vite une véritable mama prenant soin de ses enfants. S’enquérir de l’état de santé de l’un de vos agents grièvement blessé au cours d’une mission à haut risque deviendra très vite normal et, surtout, critique. Après tout, le meilleur moyen de remplir votre mission, c’est de faire en sorte que ceux et celles qui sont sur le terrain se portent bien. Pragmatisme, vous vous souvenez ? Peu à peu, on monte une véritable death squad, capable de faire face à toutes les situations possibles et imaginables. Pris par l’ivresse de pouvoir, on finit par se sentir inattaquable, voire presque invincible. Puis, un jour, un rapport pop sur l’écran : l’agent TrueFion est mort en mission. “Goddammit !” Phantom Doctrine nous a bel et bien happé dans son univers.

“Je m’appelle Quit. Rage Quit.”

La difficulté générale est très certainement le problème majeur de Phantom Doctrine.
Les formations vous permettront de monter la death squad parfaite

Et c’est précisément là que tout vole en éclats. Phantom Doctrine est pétri de bonnes idées. Ses concepts sont intéressants. L’envie est là, elle transpire à travers les moindres détails. On voudrait aimer ce jeu et ce qu’il essaie de nous apporter. Cependant tout ce travail et cette bonne volonté sont littéralement gaspillés par une prise en main absolument désastreuse. Rien ou presque ne nous est enseigné à travers le tutoriel. Ce dernier se contente en effet de montrer les actions dites “basiques” (déplacements, takedowns, interagir avec divers éléments du décor…) et c’est tout. Il va vous falloir apprendre par vous-même comment gérer votre base mais, surtout, comment réagir à tel ou tel évènement. Phantom Doctrine devient vite un die & retry et ce, même dans sa partie gestion. Ce sera à vous d’explorer les menus et de jouer avec afin d’apprendre à les utiliser. Ces-derniers sont d’ailleurs très mal conçus. Certaines actions sont même cachées, presque dissimulées parmi la masse de données qu’ils vous proposent. Rien n’est décidément clair et ergonomique et le jeu mettra sûrement à l’épreuve les joueurs les moins patients, groupe auquel votre serviteur appartient.

Une zone d’action qui couvre le une grande partie du globe...va y avoir du boulot !

L’interface en mission est également perfectible. Les descriptions de chaque action sont beaucoup trop petites pour être facilement lues si l’on joue loin de son écran. Le système de points qui détermine le nombre d’actions réalisables par les agents à chaque tour, à la manière d’un JDR plateau, n’est, lui non plus, pas très bien expliqué. Ces derniers, répartis entre “tir” et “action”, ne sont pas très visibles pour le joueur car coincés sous la barre de vie de chaque personnage. Trop fréquentes sont les fois où l’on se retrouve à poil face aux ennemis, en manque de ces fameux points. Frustrant. Le concept de conscience, qui permet de diminuer le risque de blessure, est lui aussi rendu flou par l’interface. Les points de conscience, placés en bas à gauche de l’écran, sous l’illustration du personnage, en deviennent presque invisibles.

Le bilan technique est calamiteux.

La difficulté générale est très certainement le problème majeur de Phantom Doctrine. Entre les soldats ennemis qui vous alignent depuis l’autre bout de la map, les balles qui traversent les murs, la détection de TOUS vos agents quand un seul d’entre eux se fait repérer… l’excitation des débuts dégringole bien vite. Trop vite même pour espérer rester sur le jeu et le finir un jour. On a beau se remettre en question, ravaler sa fierté et descendre la difficulté, rien n’y fait. Le mode Facile ne change rien ou presque. Seule la partie gestion sur la carte du monde semble effectivement facilitée. Pour le reste, ce sera ni plus ni moins la même chanson. Face à un tel mur, deux stratégies vont rapidement émerger : jouer l’infiltration jusqu’au bout ou bien opter pour la mission suicide (en priant pour qu’il y ait au moins un agent qui y survive). Un sentiment qui malheureusement porte préjudice au potentiel du jeu.

Attention à bien choisir vos nouvelles recrues

Le bilan technique est calamiteux. À l’heure de la rédaction de ce test, deux crashes et un chargement dans le vide ont été constatés sur One X. Les animations sont tout simplement immondes. Commentaire que l’on pourrait appliquer à l’ensemble de la direction artistique. Aucune identité graphique ni même artistique n’est à chercher dans Phantom Doctrine. Et ce jusque dans la partie sonore dont les musiques sont génériques et sans intérêt. Les environnements sont sombres et franchement déprimants. Les textures sont d’un autre âge. Les chargements prennent des plombes. Devoir recharger sa partie devient très rapidement un cas de force majeure. Quelques accrocs sont également à constater dans le défilement des menus. Non, ce portage sur Xbox n’est décidément pas bon. Espérons que les développeurs assureront un certain suivi de l’état du jeu par le biais de patches.

Bilan

On a aimé :
  • un gameplay riche
  • prendre soin de ses agents
  • un vraie simulation d’espionnage
On n’a pas aimé :
  • techniquement à la rue
  • difficile au point de décourager
  • les chargements trop longs
  • éminemment laid
  • Menus et interface pas clairs
Mata Hari est polonaise

C’est en véritable espion que Phantom Doctrine a su nous charmer, nous envoûter pour mieux nous caresser le menton. Ses lacunes techniques et ses problèmes de conception ne manqueront pas de décourager le joueur le moins alerte. Difficile, injuste, triste et opaque, le dernier titre des varsoviens est peut-être à réserver aux experts du genre qui seront attirés par son gameplay touffu et sa (très) longue durée de vie. À ne surtout pas mettre entre toutes les mains, donc.

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Phantom Doctrine

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Good Shepherd Entertainment

Développeur : CreativeForge Games

Date de sortie : 2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

3 reactions

Litltle gibus

02 sep 2018 @ 18:19

La difficulté m’a refroidi...

Dommage j’adorais l’idée :-/

Je le prendrais peut etre un de ces quatre en promo sur pc

avatar

Kinoucool

03 sep 2018 @ 17:31

Très bon jeux certes difficile mes une foi qu on a bien compris le truc sa va tout seul.... Pour les mission il faut juste de la patience je trouve pas sa plu dur que sa

Koubiwan

04 sep 2018 @ 13:17

Ma foi, ca n’a pas l’air plus compliqué qu’un Xcom. J’aime bien le background avec la gestion de ses espions, avec la possibilité d’un félon dans nos rangs.

Je me le prendrai en promo à l’occasion. Merci pour le test car je trouve qu’on ne parle jamais assez de ce genre de jeu.