Les jeux en FMV (Full Motion Video) sont un genre bien particulier qui est né avec le support CD. Les plus anciens se souviennent sans doute avec émotion des titres sur Mega CD à l’image granuleuse ! Il est bien rare que ces successions de vidéos aient donné de bons jeux, et pourtant ce style a connu un second souffle sur la scène indé, avec des titres comme Her Story, qui ont tenté de renouveler la narration via ce biais. C’est une expérience de cette catégorie qui nous attend avec The Infectious Madness of Doctor Dekker.
Fou ou pas fou ?
Le Docteur Dekker a été assassiné, dans son cabinet, et on joue le rôle de son remplaçant. Cela veut dire reprendre sa clientèle, et donc reprendre la thérapie de chaque patient là où elle en était. Par la même occasion, on va chercher à comprendre ce qui est arrivé au Dr Dekker, un individu qui va se révéler être aussi étrange que ses patients…
Le jeu se déroule sous forme d’interviews, par journée. On choisit quel patient on souhaite interroger, et on lui pose des questions. Les indices collectés, à la fois sur la mort du Dr Dekker et sur leur pathologie, sont répertoriés dans un carnet qui nous rappelle ce qu’on doit chercher. Quand il n’y a plus de questions disponibles, ou quand on a fait le tour des éléments essentiels, on peut passer au jour suivant.
Cette démarche implique un procédé forcément répétitif : ce sont des acteurs, installés dans le divan, avec qui on va dialoguer. Très vite, on se rendra compte qu’on a une marge d’action très limitée : si certains dialogues entraînent des choix, on finira surtout par épuiser toutes les options possibles avant de passer au suivant. Il y a certes des variations dans les éléments qu’on va glaner, mais pas suffisamment pour que cela change le déroulement du jeu. L’intérêt s’articule donc sur la narration, sur la façon dont les différents récits vont s’imbriquer. Voilà qui tombe bien, puisque l’histoire prend une direction assez inattendue, tout en distillant des indices qui permettent au joueur attentif de deviner quelques enjeux. Ainsi, on en arrivera petit à petit à se demander si les patients souffrent vraiment d’une pathologie, ou bien s’ils sont dotés de pouvoirs ou bien maudits. Je me garderais bien de dévoiler le dessous des cartes afin de ne pas gâcher la surprise ! À noter qu’il n’y a pas de VF ni de sous-titres en Français. Autant dire que les non-anglophones doivent donc immédiatement oublier ce titre ! On regrettera malheureusement une fin abrupte alors qu’on aurait aimé en apprendre encore davantage.
Les acteurs sont compétents, et la réalisation arrive à rendre les dialogues vivants, ce qui permet d’oublier qu’il n’y a qu’une seule musique tout du long ! Et comme il faut environ 6 heures pour tout terminer, on a largement le temps d’en avoir assez. Le format fait que ce n’est définitivement pas un jeu sur lequel on passe un trop long moment : au bout d’une trentaine de minutes à regarder des gens nous parler assis sur le divan, toujours dans le même décor, on a envie de passer à autre chose. Pourtant on y revient, par curiosité, pour connaître le fin mot de l’histoire. On peut donc considérer que l’objectif du jeu est atteint !