Avec des jeux comme Journey ou Abzu, on peut dire qu’on a la démonstration que parfois les jeux vidéo arrivent à une certaine maturité. Ces titres s’affranchissent de la prouesse technique pour privilégier l’esthétisme, et ne font pas non plus grand cas des mécanismes de jeux basés traditionnellement sur l’affrontement et les épreuves, mettant plutôt en avant l’émotion et les sensations. C’est à cette catégorie de titres qu’appartient Shape of the World.
Explorateur de l’étrange
L’objectif premier est... de se balader ! À travers une série d’environnements, dans des plaines, sous l’eau ou à la montagne, on doit trouver des portails, et passer au travers. Tout autour de nous, le monde prend forme au fur et à mesure qu’on avance : les arbres poussent, des créatures sortent de nulle part, des reliefs apparaissent. Les couleurs changent, souvent en aplats, et les formes, à la limite de l’abstrait, deviennent de vrais paysages. Il y a très peu d’interactions. On peut faire disparaître les arbres, ou bien, une fois qu’on a ramassé des graines, en faire pousser. Certains rochers nous projettent dans les airs comme si on sautait sur un trampoline. Et c’est tout ce qu’on croisera pendant les deux heures nécessaires pour arriver au bout (un peu plus pour moi qui ai un sens de l’orientation déplorable !).
Le pari du jeu, c’est de faire en sorte qu’on soit bien. L’atmosphère est apaisante, avec des musiques électro planantes : certains diront qu’on a là quelque chose qui a été créé à destination des consommateurs de matières qui font rire. La réussite est mitigée : on ne se laisse pas happer comme dans un Abzu, la lassitude arrivant assez vite après une vingtaine de minutes. Ce n’est pourtant pas une faiblesse, Shape of the World n’étant pas conçu pour cela. C’est plutôt le jeu qu’on lance quand on veut se calmer, être détendu, prêt à accepter un concept et des visuels abstraits. On y joue donc en plusieurs fois, le lançant avec plaisir avant de passer à autre chose quand on est bien.
La maniabilité n’est pas formidable, et c’est même le point faible du titre. En effet, malgré le peu d’interactions, sélectionner ce qu’on vise n’est pas évident, et on se retrouvera également parfois coincé entre des éléments du décor. Rien de grave, mais il suffit de ça pour qu’on sorte de l’immersion dans laquelle le jeu nous plonge. L’expérience demeure agréable malgré tout.