Le temps est toujours une notion bien relative. On a parfois l’impression qu’une minute dure une éternité alors qu’à d’autres moments, les secondes défilent sans qu’on ne puisse les arrêter. C’est sûrement dans l’idée de mesurer tout ce qu’on peut accomplir dans cet espace temps que Minit à vu le jour. La collaboration de Jan Willem Nijman et Jukio Kallio (Nuclear Throne), ainsi que Kitty Calis et Dominik Johann, a-t-elle mené à une petite pépite ? Assurément.
Une minute sans fin
Imaginez-vous devant votre Game Boy, voulant jouer à Zelda mais ne disposant que d’une seule minute devant vous. Que faire durant ce laps de temps pour satisfaire votre soif d’aventure ? Aller découper un buisson, casser une jarre ? Non, définitivement, cela ne suffit pas à nourrir le héros qui sommeille en vous. Vous voulez trouver des trésors, résoudre des énigmes, battre des boss. En voilà des choses qui font rêver. Tout cela est rendu possible dans Minit. Même s’il ne vous reste qu’une minute avant de partir travailler ou faire quelque chose de plus important, vous aurez peut-être la chance de le faire avec à la clé un nouvel item qui ouvre d’autres perspectives.
Tout cela est bien vrai à l’exception du fait qu’il faut quand même plus d’une minute pour allumer une Xbox et passer l’écran titre. En dehors de ça, Minit est un véritable jeu d’aventure complet, riche en items originaux et en énigmes qui sauront mettre à l’épreuve vos neurones. Après chaque minute écoulée, votre personnage mourra en pleine action. Cette malédiction qui pèse sur ses épaules lui rend probablement la vie impossible et parfois frustrante car durant une minute, il lui faut trouver quoi faire. Ainsi, vous partez avec lui explorer la région dans l’espoir de tomber sur une énigme tout en espérant posséder l’objet salvateur ou la vivacité d’esprit nécessaire pour la résoudre. De minute en minute, il faut donc trouver le bon chemin à suivre afin de progresser dans le jeu. L’apprentissage par l’erreur n’est jamais un véritable échec car il y a toujours une leçon à tirer comme la possibilité d’optimiser son temps de trajet.
Déjà ? On recommence au moins ?
Si Minit est bien, c’est parce qu’il épouse parfaitement son concept en réussissant le tour de force de ne jamais frustrer le joueur. Ainsi s’enchaînent les petites victoires et les grandes satisfactions. Le jeu s’articule autour de raccourcis à débloquer et de points de téléportation à trouver pour étoffer le champ d’action possible. Petit à petit, le territoire explorable s’agrandit allant de pair avec le nombre d’énigmes à résoudre. Toutes ne doivent pas forcément être résolues avant la fin du jeu mais pour qui aime le mystère, il y a moyen de booster la durée de vie, un peu comme dans l’excellent Fez. Le jeu est fait pour les curieux qui savent se dire “tiens, c’est bizarre ce truc là, je vais me noter ça dans un coin pour y revenir plus tard”. Attention, s’il n’est pas difficile à prendre en main avec sa vue de dessus et ses actions basiques, il est assez tortueux pour perdre ceux qui ne savent pas se repérer sans carte.
Grossier de prime abord, le style graphique du jeu ne l’est pourtant pas une fois plongé dans son univers. Il est même bien assez fin pour cacher çà et là des passages secrets et des petites animations qui font mouche. De la finesse, il en fait preuve aussi dans le texte avec un humour parfois absurde comme avec ce pnj s’amusant avec le chrono en parlant très lentement. Il ne manque pas d’intelligence non plus, il en regorge même dans ses énigmes et dans la construction de son univers. Par dessus tout, il sait être entêtant avec sa chiptune classieuse. Définitivement, Minit à tout d’un grand et le démontre en faisant surtout preuve de sagesse avec sa durée de vie limitée à une petite heure et demie, pile avant de commencer à s’essouffler.