Test - The Count Lucanor

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Personne n’aurait imaginé un mix aussi atypique et pourtant, le studio franco-espagnol Baroque Decay a pondu un petit bijou dénommé The Count Lucanor. Ce jeu indépendant en pixel-art plonge le joueur dans un cauchemar aussi gore que détraqué, tout ça pour notre plus grand plaisir.

Il était une fois un jeune garçon...

Heureusement que vous avez des bougies

Vous incarnez Hans, un petit bonhomme d’à peine dix ans dont le père est parti à la guerre et qui rêve déjà d’être un adulte pour partir à l’aventure et se couvrir de gloire et de richesses. Bien évidemment, dans cette situation, n’importe quelle mère aurait mis le holà. Du coup, lorsque la maman de Hans finit par (très facilement) céder au caprice de son jeune fils, on tombe un peu des nues. Mais rassurez-vous, cette mère exemplaire lui file quand même la canne de son père (le grand-père de Hans donc), 3 malheureuses pièces d’or et du fromage avant de partir... Chose à ne pas reproduire chez soi bien évidemment, au risque de recevoir une petite visite des services sociaux. Bref, qu’à cela ne tienne, voilà le petit warrior en herbe parti vers de nouvelles aventures.

Et c’est l’endroit le plus « normal » du château...

Sur votre chemin, vous rencontrez un cochon et une vieille femme dont la canne s’est cassée en allant au marché, un marchand ayant égaré son âne et perdu ses marchandises sur la route et un jeune berger gardant ses chèvres et profitant du grand air. Maintenant votre destin est entre vos mains puisque c’est à vous de choisir si vous voulez les aider ou non et ainsi influer l’histoire. Le gardien de chèvre, visiblement content de vous rencontrer, vous propose de déguster son vin de pays. Comme vous vous en doutez, enfant et vin ne font pas bon ménage (il serait peut-être temps d’appeler les services sociaux finalement). Hans se réveille dans le noir complet, au beau milieu d’un cimetière. Heureusement, une bougie est posée là, bienveillante, et vous guidera à travers l’obscurité. C’est bien là que le cauchemar commence puisque vous devez traverser une rivière de sang jusqu’au pré où vous aviez rencontré le berger auparavant. Sauf que là, notre pote se retrouve décapité mais se permet tout de même de vous taper la papote entouré de chèvres visiblement en pleine session de “Gloire à Satan”.

...au cœur d’un château lugubre…

Euh...d’accord

Après avoir fui des chèvres adeptes de chair fraîche, vous tombez sur un kobold bleu, sorte de lutin/bouffon/fantôme aux dents pointues, qui vous demande de le suivre jusqu’aux portes du Château Ténèbre. Ce manoir bien sombre appartient à l’illustre Comte Lucanor qui souhaite léguer son héritage à une personne courageuse et de mérite. Bien évidemment, cet héritage ne va pas vous tomber tout cuit dans le bec puisqu’il vous faudra deviner le nom de ce lutin bleu avant le lever du jour. Cette tâche va s’avérer plutôt compliquée car, pour partir à la recherche des lettres composant le nom du kobold, il faudra traverser les ténèbres tapissant les salles et couloirs de cette forteresse. Qui plus est, des ennemis de taille font leur apparition et c’est donc ici que débute le mode infiltration. Vous disposez heureusement de bougies (que vous trouverez à foison dans le château) pour éclairer les pièces les plus sombres mais aussi pour vous en servir comme d’un fil d’Ariane. Hansel et Gretel seraient fiers (Hans...Hansel...coïncidence ? Je ne crois pas). Grâce à ce stratagème, vous saurez donc où vous êtes allé précédemment et quelles pièces il vous reste à découvrir.

Voilà le Chambellan Rouge, fuyez !

Les Fonctionnaires, monstres tentant de vous ôter la vie avec leur langue poisseuse, arpentent les couloirs du château et vous obligent à les contourner, les fuir ou bien vous planquer derrière des rideaux ou sous une table. Cela dit, n’espérez pas leurrer le Chambellan Rouge aussi facilement puisqu’il est l’ennemi le plus coriace et le plus meurtrier du jeu : un seul tête-à-tête et vous pouvez dire adieu à votre aventure. Dans votre inventaire, vous avez de quoi vous revigorer avec du pain, des pommes ou des châtaignes ; des objets divers comme un miroir, des clefs, une bague magique, un pied-de-biche ; mais aussi des pièces d’or malheureusement bien rares. Et c’est peu dire car ces pièces servent à la fois d’argent pour obtenir des objets fort utiles à l’avancée du jeu, mais aussi comme monnaie d’échange pour sauvegarder. En effet, ne tentez rien de dangereux sans être retourné au préalable à la fontaine où se trouve un corbeau avec qui vous allez faire un marché : il sauvera votre âme en échange d’une pièce d’or jetée dans la fameuse fontaine. Autant vous dire que du danger, il y en a pas mal entre les Fonctionnaires, les pics, les flammes et quelques chèvres carnivores.

..cherchant désespérément à en sortir.

Mais quel est le fin mot de l’histoire ?

Le gameplay en lui-même est plutôt simple : ramasser des objets, pousser des caisses, activer des interrupteurs, avoir le bon timing pour passer un obstacle, vous planquer et fuir. Enfin...« fuir » est un bien grand mot, « marcher » serait plus adéquat car Hans, malgré son jeune âge et son énergie normalement débordante, ne sait visiblement pas courir, même face au danger, ce qui rend le tout assez lent pendant la poignée d’heures qu’il faut pour terminer le jeu. D’ailleurs, The Count Lucanor n’est pas compliqué en soi, il faut le souligner. Les énigmes sont plutôt basiques et se balader dans les couloirs du château n’est pas la fin du monde. Évidemment, si vous êtes avare en bougies, comme je l’ai bêtement été, la tâche s’avère légèrement plus ardue mais ce n’est qu’un détail. La présence de personnages loufoques voire même malsains offre une grosse touche d’humour noir et de macabre, ce qui donne tout son charme au titre. Le style pixel-art, tout comme les bruitages, sont parfaitement travaillés et participent grandement, en plus de l’histoire, à un sentiment de malaise allant crescendo. On regrettera que la rejouabilité du titre soit laissée de côté alors que vous pouvez débloquer pas moins de 5 fins différentes. En effet, ces dernières dépendent d’actions principalement effectuées vers la fin du jeu ce qui ne motive pas vraiment à réitérer l’expérience une seconde fois, excepté pour les chasseurs de succès qui pourront refaire les dernières minutes autant que nécessaire.

Bilan

On a aimé :
  • Le pixel-art et les bruitages parfaitement maîtrisés
  • Une histoire et une ambiance macabres
  • Des personnages malsains et drôles
  • 5 fins différentes à débloquer...
On n’a pas aimé :
  • ...mais peu de rejouabilité
  • La durée de vie vraiment pauvre
  • Des déplacements trèèèèèès lents
  • Un principe de sauvegarde assez punitif
Les Frères Grimm n’ont qu’à bien se tenir !

Sorte de survival horror rétro, The Count Lucanor tient ses promesses en offrant un titre enthousiasmant et assez captivant pour chercher à débloquer les autres fins disponibles. Néanmoins, à l’instar d’un Dark Souls, il est frustrant de devoir reprendre le même chemin et refaire les mêmes actions une énième fois après être mort stupidement. Surtout avec un Hans aussi énergique qu’un pruneau cuit qu’on aurait aimé voir ne serait-ce que trottiner. Malgré tout, l’envie est là et ne tarit pas au fil des 5 heures que nécessite le titre. Nous avons là un jeu paradoxal à souhait : gore et amusant à la fois.

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The Count Lucanor

PEGI 12

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Baroque Decay

Développeur : Baroque Decay

Date de sortie : 21/03/2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch