Si les tropiques et leurs dictateurs ne vous enchantent pas pour vos prochaines vacances, pourquoi n’iriez-vous pas sur Mars ? Troquer les maillots de bains contre les combinaisons spatiales, c’est ce qui a dû séduire les gars de Haemimont Games après avoir planché sur plusieurs épisodes de Tropico. Paradox Interactive a donc sorti le chéquier pour leur permettre de réaliser ce rêve de fou que beaucoup de monde partage : fouler le sol de la planète rouge.
From Mars to serious
Mars ne s’est pas faite en un jour. Au début, il y les drones qui, avec leur petits bras, construisent les premières structures utiles. Des panneaux solaires, un extracteur de béton, un Oxyme pour produire de l’oxygène, un extracteur d’eau, voilà bien l’essentiel pour assurer le minimum vital avant de permettre aux premiers colons de s’installer. Bien sûr, tout n’est pas si simple et le chemin entre le moment où votre première fusée se pose et celui où les pionniers arrivent peut être long. Plus long encore sera l’apprentissage pour réussir à dompter durablement les conditions difficiles et voir débarquer des centaines de terriens se lançant dans l’aventure Mars.
L’assimilation des règles de gestion ne se fait pas simplement. Il faut dire que Surviving Mars n’est pas des plus didactiques. En “partie facile”, l’une des deux options de jeu proposées au menu, on nous indique quand même les premiers bâtiments à fabriquer. De temps en temps, un message nous avertit de choses possibles mais cela est rare. Il faut donc commencer à inspecter les possibilités en lisant les descriptifs des bâtiments puis regarder ce dont ils ont besoin pour fonctionner. Construire le réseau électrique et les pipelines pour l’eau et l’oxygène n’est pas le plus difficile à comprendre face à ce qui vous attend devant les nombreuses possibilités offertes. Apprendre l’avantage des éoliennes face aux panneaux solaires qui se coupent la nuit tombée est logique, mais encore faut-il y penser durant ses balbutiements. Petit à petit, avec un peu de jugeote, on arrive à voir ce qu’il faut faire pour que tout fonctionne correctement. De l’entretien des infrastructures qui n’aiment pas la poussière à la gestion des ressources, il faut avoir l’œil partout et apprendre de ses erreurs.
Comme dans tout jeu de gestion, il faut compter sur la recherche technologique pour développer de nouveaux bâtiments nécessaires à l’expansion de sa colonie. Seulement voilà, celle-ci ne se fait pas sans budget et il faut avoir l’œil rivé sur son portefeuille. De base, le budget est bien assez large pour permettre de vivre quelque temps grâce aux sponsors terriens. Au début, il est même nécessaire de faire des allers-retours en fusée afin d’amener certaines ressources non disponibles sur place quitte à dépenser sans compter. Il en va de même pour certains bâtiments que l’on peut faire venir directement de Terre contre un coût prohibitif mais nécessaire tant que les recherches ne mènent pas à un moyen de les construire sur le sol martien. Pour commencer à gagner de l’argent, il faudra, par exemple, sonder la planète afin de trouver des ressources ou anomalies à analyser avec ses véhicules d’exploration menant ainsi à des découvertes scientifiques qui épateront les sponsors. Une fois l’intérêt de ces bureaucrates et investisseurs gagné, ils activeront la pompe à fric comme il se doit. Du moins, jusqu’au prochain souci.
Voyage dans les dômes-Tom
Après quelques efforts, les premiers colons s’installent sous un dôme. Ces voyageurs ne sont pas forcément les plus adaptés à la vie loin de leur planète d’origine et il faudra faire attention à leurs besoins. Un colon, il faut en prendre soin si on le veut en pleine forme et détendu. Lui donner un toit, un travail, des loisirs, de la nourriture et mieux encore, de l’oxygène, voilà ce qui le rendra heureux. Si vous maîtrisez vos installations et que vos finances sont au beau fixe, vous pourrez commencer à faire la fine bouche et trier les candidats à la volée afin de repérer les personnes les plus aptes à vivre à la dure sans râler. Autant les drones sont primordiaux en début de partie pour s’installer, autant la main d’œuvre humaine est importante pour être autonome vis-à-vis de la Terre puisque tout ce beau monde peut produire des ressources électroniques ou alimentaires sur place. L’équilibre n’est pas des plus aisés à trouver puisque la progression est lente en plus de se faire progressivement.
Si la “partie facile” est un bon moyen pour prendre ses marques, il faut surtout se tourner sur l’autre mode de jeu disponible pour trouver du challenge et varier ses expériences. Sont alors proposés plusieurs paramètres pour se simplifier ou se compliquer la tâche. Choisir qui est à l’initiative de la conquête de la planète permet de jouer sur les financements de départ, le nombre de fusées disponibles mais aussi de bonus sur la recherche ou sur l’intérêt que la population porte à la mission. De la même manière, il faut choisir un commandant qui octroie d’autres bonus ou malus. Enfin, il est possible de sélectionner un scénario mystère pour avoir des coups de stress en pleine partie, qu’il s’agisse d’une guerre sur Terre qui limite vos financements ou une pandémie ravageant votre population, chose qui fait toujours plaisir. Ces règles pourront s’appliquer sur plusieurs zones de la planète où la disposition des ressources et la topologie du terrain ne seront pas toujours des plus évidentes à gérer. Pour les plus téméraires, il est aussi proposé de taper des coordonnées au hasard et s’installer sans savoir à l’avance les conditions de vie. Car Mars n’est pas facile à dompter avec ses chutes de températures qui tuent vos colons en une nuit sans électricité, ses météorites qui détruisent vos bâtiments ou encore ses tempêtes de sable qui endommagent vos machines. Alors que le menu de base laisse à penser qu’il y a peu de contenu, on se rend bien vite compte qu’il y a moyen de varier ses parties déjà longues d’une bien belle manière conférant une durée de vie plus que correcte au titre.
La balade de l’impossible
Se promener dans les menus n’est pas la chose la plus difficile que Surviving Mars propose, fort heureusement. L’ergonomie des jeux de gestion à la manette n’est pas toujours évidente à appréhender mais ici il n’y a pas de gros points rédhibitoires au plaisir de jeu. Avec la touche Y, on accède au menu de construction et avec LT et RT on passe d’une catégorie à une autre pendant que le stick gauche permet de choisir un bâtiment dans la liste. Le positionner sur la carte se fait aisément grâce à la grille du terrain bien lisible. Ensuite, le sélectionner dans le but d’accéder à son menu de gestion n’est pas plus complexe que d’appuyer sur A puis, d’un coup de gâchette droite, on peut entre autres augmenter l’ordre de priorité de construction/d’entretien, le mettre à l’arrêt/destruction. Il en va de même sur les engins à qui l‘on peut donner des ordres de déplacement, de collecter des ressources, ... mais sachez toutefois que les drones s’occuperont eux-mêmes de gérer le magasinage des ressources et les tâches d’entretien. C’est d’ailleurs assez captivant de voir tout ce petit monde s’atteler à ces besognes en toute autonomie tant que les ressources se trouvent dans leur rayon d’action. Enfin, il y a même des raccourcis pour accéder à ses bâtiments favoris via les gâchettes. Là où l’on ressent par contre un peu trop le fait que le jeu est pensé pour PC avant tout, c’est la taille du HUB et des textes bien trop petits nécessitant de se rapprocher de sa TV pour être parfaitement lisibles. Dommage, mais c’est le prix à payer pour ne pas avoir une interface surchargée. D’ailleurs, même le stock de ressources n’est pas affiché constamment à l’écran ce qui empêche d’anticiper les soucis d’électricité ou force à faire des allers-retours entre le menu de construction et de statistiques pour savoir si on peut se permettre de construire un bâtiment. C’est bien le seul souci ergonomique.
Alors que l’on prend grand plaisir à terraformer la planète au travers des mécaniques de jeu, le bonheur émane aussi de la partie technique du titre. Le design des bâtiments est classe et le jeu est d’une grande finesse même si l’on zoome au maximum. Il ne fait nul doute que les amoureux des paysages exotiques profiteront comme il se doit du mode photo. Qui plus est, le framerate est impeccable (testé sur One X sur laquelle le jeu est optimisé) que l’on déplace le curseur, tourne la caméra ou zoome et dézoome à gogo. L’ambiance sonore est aussi agréable et ne lasse pas sur la durée, ce qui est toujours bon à pendre.