Rad Rodgers promettait un jeu de plate-forme inspiré des Commander Keen, Conker, Ruff’n’Tumble et Jazz Jackrabbit, des succès des années 90 sur DOS ou Amiga. C’était du moins ce que vendait la campagne Kickstarter réussie qui a rapporté plus de 80 k$ sur les 50 demandés à Slipgate Studios, ancien Interceptor Entertainment à qui l’on doit Rise of The Triad. La nostalgie a parfois du bon mais dans le cas présent, elle fait plutôt mal.
Nostalgeek
Tout commence lorsque Rad, gamin accro à sa console de jeux vidéo chérie (au point où on lui a donné le sobriquet de Dusty) est réveillé en pleine nuit par sa TV qui s’allume toute seule. Quelques instants après, le voilà aspiré par l’écran dans un monde vidéoludique. Heureusement pour lui, Dusty est là pour l’aider dans son aventure numérique afin de faire on ne sait pas trop quoi, ni pour quelle raison. Tout cela n’est qu’un gros prétexte alors pourquoi les devs se seraient embêtés à l’expliquer vraiment ?
Rad Rodgers a beau être un héritier de l’aire des jeux arcades tout pixelisés, il mouline néanmoins sur Unreal Engine 4 en 2.5D. C’est surtout l’interface qui se veut très old school, des typos utilisées jusqu’aux sprites du HUB dans un pixelart des plus sommaires. Pour être franc, Rad est aussi vilain dans sa DA flashy et générique que Dusty et les autres personnages sont vulgaires. Et croyez-le, le jeu ne renonce à aucune blague méta douteuse, grossièreté gratuite ou insinuation malaisante. C’est à croire que les développeurs pensaient qu’il fallait une grosse couche de gras pour parler aux joueurs des années 90 maintenant adultes.
Toute une éducation à refaire
Si les couleurs criardes et baveuses sont d’un fort mauvais goût, le level design n’est guère plus brillant. On sent bien la tentative de proposer moins de linéarité avec un peu d’exploration par-ci par-là mais dans l’ensemble c’est très faible. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les zones censées être secrètes qui sont visibles et accessibles sans galérer, à tel point qu’un message précise qu’on vient d’en trouver une. En dehors de ces faiblesses, le personnage est assez maniable pour sauter et tirer dans toutes les directions sans souci. Plusieurs armes sont proposées pour varier les plaisirs mais pour que cela fasse mouche, il aurait fallu des ennemis un peu plus malins qu’une banane. La plupart du temps, ils se laissent toucher sans sourciller et stoppent leur action quand les tirs les atteignent. Pire, on peut même les mitrailler en hors champ histoire d’être sûr de tenir à distance les gros qui font mal avec leurs projectiles. Le bestiaire n’est d’ailleurs pas très varié.
Au fur et à mesure que l’on progresse dans l’aventure, on se demande qui de l’ennui ou de la finition hasardeuse aura raison de nous en premier. Si la petite dizaine de niveaux se torche assez rapidement en ligne droite et sans difficulté réelle, on peut compter sur des bugs de collision, une hitbox parfois douteuse, des crashs ou des scripts qui foirent pour serrer les dents bien fort et jurer en coeur avec Dusty. Le pire étant certains passages dans un monde parallèle tout pixélisé où l’on dirige la console afin de débloquer le chemin du gamin : parfois il faut y résoudre des énigmes aux règles obscures qui font douter de ce qu’il faut faire alors que la solution mise en place était la bonne. À la fin des huit niveaux principaux, on est même ravis d’apprendre que le World Deux, qu’on nous invite à découvrir après avoir battu le seul boss du jeu, n’existe pas. Ô joie, Rad Rodgers a au moins la décence d’être court, sauf pour les speed runners qui pourront se torturer avec le chronomètre, ou les masos qui voudront faire le jeu en difficile avec moins de cœurs et de checkpoints. Bon courage à eux.