J’avoue n’avoir pas été tendre avec BigBen lors de la sortie de leur odieux Rugby 15 qui était, pour résumer, une honte et même une injure pour tous les joueurs aimant ce sport. L’annonce de Rugby 18 par ce même éditeur m’a laissé, pour tout dire, dubitatif et même apeuré d’avoir à subir à nouveau l’innommable à propos d’un sport que j’aime tant. Malheureusement, mes craintes étaient justifiées…
Non mais à un moment va falloir penser à s’arrêter…
L’avantage avec ce Rugby 18 est que l’illusion d’un jeu peaufiné et réussi ne dure que le temps de téléchargement de l’ensemble et de l’installation du titre. On commence directement dans un match pour découvrir un simili tutorial et constater l’étendue des dégâts. En un mot : tout s’avère indigeste. Mais on ne peut pourtant pas reprocher au studio Eko Software de ne pas avoir travaillé et tenté de proposer des solutions de gameplay. Les modèles des rugbymen façon “golgoth” ont presque leur charme, même s’ils ne ressemblent à rien et encore moins aux joueurs dont ils sont censés être l’avatar numérique. On a l’impression d’avoir des équipes d’hulks de différentes tailles. Côté gameplay on retrouve le système de passe avec les gâchettes hautes, le plus intuitif, avec la possibilité de faire des sautées en gérant la puissance de la passe. Pour la mêlée on devra manier le stick pour le faire correspondre à un spot de couleur dans une sorte de jeu au chat et à la souris. Pour les rucks il suffit juste de demander à l’un de nos joueurs de rejoindre le tas. Tout simplement. Eko Software a essayé de simplifier au maximum le gameplay et de l’adapter aux règles ardues du rugby. En vain. Parce que dans les faits, rien ne marche.
On va même jusqu’à se demander s’ils ont joué à Rugby 18 avant de le mettre sur le marché et de valider les différents éléments qu’ils ont essayé d’implémenter. Le rugby proposé par Rugby 18 est un jeu haché, brouillon, lent, incohérent. On ne s’y amuse pas. Jamais. On regrette presque l’édition World Cup de Rugby 15 dans laquelle on arrivait quand même à faire quelques actions sympas. C’est dire. Rugby 18 est d’un ennui abyssal, plombé par une IA catastrophique (adversaires, partenaires et arbitre), une réalisation technique minable avec de grosses saccades et même des bugs bloquants. Inutile de penser partir au large, le placement de nos équipiers, sur lequel on ne peut intervenir, privilégie systématiquement le retour au centre. L’ailier repique irrémédiablement vers l’intérieur au lieu de flirter avec sa ligne de touche. On peste sans cesse sur le placement de nos trois quarts, sur la non participation au ruck d’un joueur pourtant bien placé, de la ligne de défense qui se déploie plus vite que celle d’attaque (plus vite même que lorsque l’on appuie à fond sur le sprint). Bref, c’est un foutoir pas possible, tellement lourd que l’on a envie de changer de jeu dès la fin de la première mi-temps d’essai. Même en persévérant on n’arrive jamais à prendre ne serait-ce qu’une once de plaisir dans ce jeu atone bien loin des courses incisives et tranchantes, des percussions puissantes et robustes que l’on attend d’un jeu de rugby.
Autant dire qu’avec un fond aussi mauvais que celui-ci, le faible nombre de modes de jeu que Rugby 18 propose (les championnats dont le Top 14, un mode mon équipe où l’on achète nos joueurs de rêve avec de la monnaie virtuelle) et même les absences désormais régulières de licences phares comme celle de l’Argentine, de l’Irlande et du Super Rugby, sont vraiment le cadet de nos soucis.