De nos jours, ce n’est pas chose facile de proposer au public des jeux à la fois originaux et cohérents. Le titre du studio Flying Turtle Software ne déroge pas à la règle et s’inspire grandement de titres ayant déjà fait leurs preuves. Prenez la direction artistique de Limbo et le gameplay de Super Meat Boy et vous obtenez A Walk in the Dark. Ce petit jeu indé n’est pas pour autant dénué de charme et propose quelques heures de beauté et de dur labeur.
Arielle in a Strange World
Alors qu’Arielle, jeune fille aux petits airs d’Alice, savoure un agréable après-midi en forêt avec son chat Bast, celui-ci en profite pour aller gambader et jouer. Malheureusement, à force d’escalader et sauter partout, il brise un artefact ancestral et libère alors un esprit maléfique. Cet entité démoniaque enlève Arielle et son valeureux chat part donc à sa recherche à travers différents décors comme une forêt, une maison délabrée ou bien une caverne. La tâche de Bast n’est pas simple puisque de nombreux obstacles se mettent en travers de son chemin. Comme tout jeu de plateforme qui se respecte, dextérité et minutie sont de rigueur. Si, au départ, les différents niveaux sont très abordables, ça se corse pas mal vers la moitié du jeu. Vous incarnez à la fois Bast, agile, rapide et bon grimpeur, et Arielle qui, enfermée dans un monde étrange, défie tout bonnement les lois de la gravité. Au gré des niveaux, vous devez éviter les pics, les scies circulaires, les missiles et autres bestioles pas très sympathiques comme des hérissons, des araignées et des chauves-souris. Trois « modes » s’offrent à vous tout au long du titre : tout d’abord le mode « Bast » où rebondir sur les murs et vous baisser sont des réflexes à avoir rapidement, le mode « Arielle » où il faut alterner marche au sol et marche au plafond, et le mode que j’appellerais « Mega Bast » où vous incarnez le félin mais cette fois avec un scrolling horizontal automatique où il faut éviter tous les obstacles qui apparaissent devant vous.
Malgré un gameplay intense et immersif, les caractéristiques des hitbox en rebuteront pas mal puisque étant assez floues, elles provoqueront votre mort de façon très injuste : vous échouerez sur un passage à cause d’une hitbox à la délimitation inégale alors que vous étiez sûr de passer cet obstacle les doigts dans le nez. Punitif vous dites ? C’est rien de le dire ! Entre les hitbox capricieuses et la difficulté allant crescendo, certains niveaux provoqueront chez vous une rage extrême pas vraiment saine. Et pourtant, vous insisterez comme un forcené pour finir le titre coûte que coûte. Comprenant 100 niveaux tout rond ainsi que des Challenges à débloquer, l’aventure principale de A Walk in the Dark ne prend que 2 ou 3 heures en rush. À vous, cela dit, de relever le défi de récolter les deux médailles dans chaque niveau : la première consiste à récupérer ce que l’on appelle les Shiny, de petites boules de lumière placées à des endroits très difficiles à atteindre, et la deuxième consiste, elle, à finir le niveau dans un temps limité. Sachez que récolter ces médailles n’est pas vain puisque cela débloquera donc les Challenges, des sortes de niveaux bonus encore plus hardcore que les niveaux basiques. Les temps de chargement quasi inexistants et la résurrection immédiate en début de niveau offrent une fluidité très agréable et c’est sûrement cela qui vous empêchera de lâcher votre manette.
Chat alors, c’est magnifique !
Si le titre est attrayant par son gameplay addictif, il faut dire que c’est surtout ses graphismes et sa bande-son qui lui donnent tout son charme. Le jeu est entièrement en anglais mais rassurez-vous, cela ne sera pas un frein puisqu’il n’y a aucun texte ou dialogue excepté le texte d’introduction. Alors que les personnages sont perçus comme des ombres chinoises, les décors colorés et lumineux contrastent parfaitement avec la couleur noire au premier plan. Il sera dur de ne pas perdre le fil en fixant les plans de fond aux teintes à la fois douces et froides. Dans A Walk in the Dark, pas de place à l’ambiance pesante et glauque que l’on pourrait trouver dans un Limbo par exemple. Que ce soient les graphismes ou la bande-son, tout est enchanteur et féérique. Même la mort de Bast dans un nuage de fumée provoque une sensation de calme et de plénitude. La bande sonore d’ailleurs, parlons-en. Les bruits d’ambiance participent grandement à notre immersion : les portes qui grincent, le bruissement des feuilles, le clapotis de l’eau ; tout est apaisant et attire l’oreille. Si toutes les musiques sont superbes, les passages au piano (et plus précisément lors du niveau dans la forêt) sont tout simplement à tomber par terre. Les mélodies de Cody Cook enveloppent le jeu d’une manière toute particulière et font de A walk in the Dark une œuvre à part entière.