The Escapists premier du nom était une bonne surprise en son temps. C’était le genre de concept bien fignolé, addictif et fun, mais non dénué de certains défauts comme une certaine redondance à la longue. Sur un créneau aussi atypique que la planification d’évasion de prison, qu’est ce qu’une suite pouvait apporter ?
Savon par terre, joie par derrière
Pour les derniers arrivés, place à un petit rappel du fonctionnement de The Escapists. On incarne un détenu random dans des prisons dont le niveau de surveillance varie du laxisme à la paranoïa totale. Le but, en tant que joueur, est de trouver les failles de sécurité afin de se frayer un chemin vers l’extérieur. Pour ce faire, il est possible de collecter des objets et ainsi fabriquer des outils ou des armes. Il n’est cependant pas conseillé de se faire capter à stocker ces items dans sa piaule en cas de fouille par les gardiens, et encore moins de les avoir sur soi en passant à travers un détecteur de métaux ou lors d’une bagarre se finissant à l’infirmerie : on se les fait alors confisquer. C’est pourquoi il faut mettre en place des stratagèmes alambiqués pour cacher constamment ses pelles, pioches, frondes, barres à mine,... fabriqués à partir de tout et n’importe quoi. Le vice est poussé assez loin et au final : s’amuser à faire un tunnel (que l’on consolide pour qu’il ne s’effondre pas) caché par une affiche tout en passant son temps à vider la terre dans les toilettes de ses voisins pour éviter les problèmes de plomberie est la solution de facilité dans ce monde pervers. Oui, Les évadés devait être le film/livre de chevet des développeurs.
Sauf que voilà, ces petits stratagèmes ne se font pas en un jour, et encore moins sans éveiller les soupçons des gardiens. Pour compliquer le tout, on doit répondre présent aux différents moments de la journée qui rythment la vie en prison : le passage à la cantine, l’appel quotidien, le temps de travail, le temps accordé pour les exercices physiques. Pour progresser, on peut rendre des services aux prisonniers afin d’obtenir de l’argent, pour ensuite acheter des matériaux et objets rares auprès des autres détenus. Avec des possibilités de création d’objets assez étendues et des level designs de prison vraiment tordus, on passait déjà des heures sur le premier épisode pour se faire la belle, et c’est toujours le cas dans ce nouvel opus qui n’apporte rien de neuf à la formule de base.
Entre adultes consentants
De prime abord, dans cette suite, il n’y a pas grand changement lorsque l’on se met devant l’écran. Les graphismes sont plus fins avec un rendu plutôt 16 que 8 bits, mais gardent le même esprit. Pas de quoi fouetter un chat (le pauvre). Ensuite, on se rend compte que la liste des items à fabriquer est grosso modo la même en ce qui concerne les outils de base et les armes. De ce fait, les possibilités d’évasion ne semblent pas plus étendues. Le problème principal du premier opus, son inventaire rébarbatif, n’a même pas été amélioré. Bref, c’est le même jeu.
Les réelles différences dans le gameplay sont minimes, à l’instar du système de combat qui permet désormais une attaque chargée et de bloquer les coups. Il faut se tourner vers le level design pour voir que le jeu offre plus de possibilités avec des prisons sur plusieurs niveaux (donc plus grandes) et des règles de gestion toujours tordues. On retrouve même des prisons mobiles dans lesquelles les règles du quotidien n’ont pas lieu d’être, seule la discrétion est requise pour s’échapper avant d’arriver à destination. Bref, si vous n’avez pas aimé le premier épisode, il ne fait nul doute que vous pouvez complétement zapper celui-ci.
Se faire des amis plutôt que des ennemis, c’est un peu la base de la survie en prison. Et c’est justement le principal ajout de cette suite : le multijoueur en local ou en ligne jusqu’à 4 joueurs. Le fonctionnement est très simple, on pop dans une partie au hasard et on essaie de s’entendre avec les autres personnes présentes. Mine de rien, l’idée de pouvoir se creuser la tête à plusieurs pour trouver une nouvelle manière de s’échapper a quelque chose d’on ne peut plus séduisant sur le papier. Malheureusement, si on ne joue pas avec des personnes qui communiquent en chat vocal, il est très difficile de s’exprimer sur le plan à mettre à exécution avec les quelques pauvres lignes de texte pré-enregistrées. D’ailleurs, les joueurs ayant rejoint mes parties ont plutôt eu tendance à taper sur tout le monde, moi y compris, générant un chaos incontrôlable dans lequel il m’était impossible de progresser. De ce fait, à moins d’être sûr d’y jouer avec des personnes que vous connaissez, le mode coopératif en ligne n’est pas fun et ne mérite pas l’investissement. Vraiment pas. On déplore aussi le fait qu’il n’y ait pas de maps spécifiques pour le multi qui requièrent des actions à coordonner au millimètre. Non, le jeu reste le même, si ce n’est que c’est quand même pratique de se diviser les tâches pour sortir plus vite de zonzon. Quand on sait à quel point le jeu peut être difficile et les parties durer longtemps, ce n’est déjà pas si mal en vrai. Pour donner du grain à moudre aux joueurs esseulés, un mode versus est présent.
Le contenu du jeu n’est pas à la ramasse et devrait satisfaire les adeptes du premier qui souhaitent retourner en taule. On dénombre 10 maps au total (mobiles et thématiques incluses) et chacune varie les univers agréablement et accroît invariablement la difficulté d’un cran à chaque fois. Pour aller plus loin dans l’identification avec ses petits camarades de prison, ou pour se taper un trip particulier, il est maintenant possible de personnaliser les PNJ via des objets à débloquer en réalisant diverses actions au cours des parties. C’est sympa un instant mais bon, ce n’est pas fou non plus.