Tout s’annonçait bien. Il faut dire que nous attendions avec impatience cette petite virée à Crystal Lake entre amis. Nous avions allumé le feu de camp, Chad Kensington ouvrait encore sa grande gueule, Jenny Myers n’avait d’yeux que pour Adam Palomino tandis que les autres victimes potentielles tentaient un improbable trio à la guitare. Un peu plus loin dans les bois, Jason affutait sa hache. Son masque cachait sûrement le même sourire béat que l’on arborait tous. On allait passer une superbe nuit de massacre. Du moins, c’est ce que l’on espérait… mais rien ne nous avait préparé au cauchemar que nous allions vivre avec ce Vendredi 13…
Jason et ses copains vont en camping
Vendredi 13 : le jeu (parlons français s’il vous plait) est un jeu multijoueur en ligne. Si vous n’avez pas d’abonnement gold, inutile de chercher à débourser les 39,99 euros demandés sur le store : cela ne vous servira à rien. Du moins pour l’instant vu que les développeurs ont promis un mode solo par la suite... sous forme d’un add-on payant pour ceux qui n’auront pas précommandé le jeu. Pourtant, il aurait été pertinent et même utile de permettre quelques sessions offline dès la sortie afin de laisser le joueur appréhender le gameplay du jeu tranquillement, en douceur. Au lieu de cela, Vendredi 13 n’offre qu’un tuto indigeste et nous balance sur l’une des trois cartes disponibles en nous laissant nous débrouiller tout seuls comme des grands… et donc faire n’importe quoi, n’importe comment. Si on arrive à trouver une session, ce qui n’est pas si évident que ça.
Sortir un jeu seulement multijoueur, sans mode local nécessite de la part des développeurs de proposer des serveurs et un code réseau solides. Vendredi 13 n’a ni l’un, ni l’autre. L’équipe de IllFonic est bien au courant des déboires rencontrés par les joueurs, ils ont déjà présenté leurs excuses à ce sujet et travaillent d’arrache-pied pour gommer tous ces désagréments. Jouer en ligne de façon correcte, sans lag, avec un ping correct et trouver une session avec suffisamment de joueurs est un véritable chemin de croix à l’heure où j’écris ces lignes.
À croire qu’il faille souffrir pour pouvoir avoir l’honneur d’être tué par le charismatique tueur au masque de hockey car c’est ce qui risque de vous arriver le plus souvent. Le concept de Vendredi 13 est simple, il réunit huit joueurs maximum en ligne, un va être choisi au hasard dans la liste pour incarner Jason, les autres seront dans la peau des pauvres étudiants/victimes qui eux vont devoir trouver un moyen de s’échapper de l’une des trois cartes proposées par le jeu. Le hasard faisant souvent mal les choses, et même en sélectionnant comme préférence sa volonté de jouer le tueur, l’incarner est assez rare. Je dois avoir la poisse mais sur ma trentaine de partie, je ne l’ai joué… qu’une fois. Endossons donc le rôle de la pauvre victime pour commencer…
Un jeu de massacre...
Comme je l’ai indiqué en préambule de ce test, le tuto du jeu est très mal fait et on n’a aucune possibilité de faire quelques parties offline pour s’accoutumer au gameplay. Nos premiers pas dans l’aire de jeu du tueur sont donc un vrai massacre où l’on n’aura eu comme seule impression que celle d’errer sans but, sans trop savoir que faire en croisant les doigts pour ne pas croiser la route de Jason. Chaque “bachelor” (le jeu est entièrement en anglais alors autant s’habituer…) possède ses propres caractéristiques de vitesse, de force, de réparation, endurance, furtivité et de maîtrise de soi. Ces dernières vont largement orienter votre façon de jouer, mais on ne se rend réellement compte de leurs réels effets qu’après avoir incarné au moins une fois Jason et compris les façons de rester discret et de se faire oublier par ce dernier.
Les bachelors, au nombre de dix, ont pour mission de rester en vie, ce qui est plus facile à dire qu’à faire quand on sait que lorsque Jason nous a pris pour cible, il est quasiment impossible d’en réchapper. Pour ce faire et suivant la carte, on va devoir réparer l’une des voitures en rade de la carte en trouvant les clés, de l’essence et une batterie, ou faire de même avec un bateau pour s’enfuir à son bord en évitant que le tueur ne soit sur la route bien entendu. Les bachelors peuvent aussi attendre patiemment cachés que le temps limite s’écoule (c’est long), ou plutôt trouver le seul téléphone extérieur du camp, le réparer et appeler la police. Dans ce cas, il faudra attendre cinq longues minutes que la police arrive et rejoindre le point d’extraction sans tomber sur le tueur. Les plus audacieux peuvent aussi tenter… de tuer définitivement Jason ! Oui, c’est possible, mais pour cela il faudra privilégier le jeu en coopération et remplir pas mal de conditions préalables, mais le jeu en vaut la chandelle !
Si on a la chance de pouvoir se glisser dans la peau du tueur au masque de baseball, inutile de chercher à trop réfléchir : il vous suffira de tuer les autres avant qu’ils n’aient eu le temps de s’enfuir. Pour cela rien de plus simple et le jeu peut se résumer à un “Où est Charlie ?” sauf qu’une fois qu’on l’a trouvé on essaye de l’éviscérer avec classe. Jason a un arsenal assez conséquent comme des pièges à ours, des couteaux de lancer, une hache (ou un pieu suivant le modèle de Jason que l’on incarne) mais aussi des pouvoirs sacrément utile comme celui de se téléporter par exemple. Dans le fond, il suffira à Jason de repérer sa proie, de la saisir pour ensuite la tuer à l’aide d’une des nombreuses mises à mort contextuelles. Ces dernières sont nombreuses mais malheureusement peu impressionnantes. Et c’est là que l’horreur commence vraiment…
Vendredi 13 a, dans le fond, toutes les cartes en main pour être un jeu bien sympathique si l’on met de côté son absence de tuto et de jeu hors ligne. Tout. Sauf qu’il n’est pas fini. En l’état on a affaire à une sorte d’ébauche, aux graphismes moyens, bardée de bugs en tout genre et à la réalisation désuète. Ce manque de finition nuit de façon assez catastrophique à l’ambiance du jeu, qui a beau accumuler les références aux films, musiques, protagonistes, mises à mort, n’arrive jamais à dépasser le stade de grand guignol. Voir Jason saisir péniblement sa victime et les nombreux bugs de collision que cela entraîne, puis son animation pourrie pour la mettre au sol avant de la décapiter avec des effets dignes d’un des premiers Mortal Kombat, s’avère plus pathétique qu’horrible. Le jeu ne dispose en outre d’aucun effet de lumière digne de ce nom, qui aurait été capable de poser l’ambiance, pas de brume nocturne, rien ne justifiant les ralentissements constatés lors des parties. Vendredi 13, plombé par sa technique, se trouve à des années-lumière de l’ambiance sombre et malsaine des films et ça, c’est impardonnable.