En Juin 2007, Colin McRae DIRT voyait le jour, un jeu mêlant aux traditionnelles spéciales de rallye du rallycross, des courses de buggies ou encore de rallye raid. Dix ans après, celui que l’on appelle désormais simplement “Dirt” revient pour un 4e opus et a la lourde tâche de succéder au très bon Dirt Rally du “même studio”.
3...2...1…
Notre périple commence par un clip très chouette nous expliquant pourquoi jouer à Dirt 4 est génial. On y découvre les différentes disciplines, du rallye au rallycross en passant par les courses de buggies, trophy trucks et autres cross-karts, il y a de quoi faire. Après avoir renseigné nos informations pilotes (nom, prénom, nationalité, avatar…), une courte spéciale d’initiation se lance à bord d’une Ford Fiesta, une traction donc. Une voix off nous indique en temps réel la procédure de départ, les freinages, les notes du copilote ainsi que les différents dégâts et réparations opérables. Très semblable à ce que l’on pouvait retrouver dans WRC 6, on est vraiment pris par la main et c’est une très bonne chose pour les néophytes comme pour les habitués. En effet, là ou Dirt Rally nous laissait nous débrouiller seul, ici le joueur se voit expliquer absolument tout. A la fin de l’étape, nos performances nous orientent vers une difficulté générale de l’IA. Par la suite, afin de continuer notre apprentissage, on intègre la Dirt Academy, une sorte de gros hub ouvert où l’on peut rouler librement, prendre part à des défis mais aussi et surtout à des leçons de pilotage. Divisées en plusieurs catégories, ces leçons sont vraiment très complètes, parlant à la fois des techniques de pilotage, des différents types de véhicules (traction, propulsion, 4x4…) mais aussi des règles et particularités des disciplines du jeu.
Après ça, si l’on est un élève assidu, on se voit remettre notre première licence de pilote pour débuter dans le mode carrière. Quatre catégories d’épreuves contenant chacune diverses sous catégories s’offrent à nous. Parmi elles on compte le rallye, le rally-cross, le landrush (course de buggies/trophy trucks sur des pistes remplies de sauts) et les épreuves de rally historiques à bord de véhicules ayant fait la gloire du sport. Faisables dans l’ordre que l’on souhaite, le but est de gravir les échelons au fil des catégories et d’acquérir des licences pour concourir dans des championnats toujours plus prestigieux.
Afin de prendre part à la compétition, il nous faut une voiture, et là, plusieurs possibilitées s’offrent à nous. La première est de rouler pour un sponsor qui prend en charge les voitures, l’équipage ainsi que les frais liés aux réparations et autres dépenses techniques. La deuxième est d’acheter un véhicule (neuf ou d’occasion via les petites annonces), de recruter son propre personnel, chercher des partenaires et développer des infrastructures pour sa team. Bien entendu, cette dernière coûte beaucoup d’argent, mais la part des gains qui nous revient est alors beaucoup plus importante. En effet, si on choisit de rouler pour une écurie, 80% de nos gains seront reversés à cette écurie. De ce fait, il est préférable au début de faire quelques courses pour le compte d’un sponsor afin d’engranger des fonds, et ’ensuite d’acheter sa voiture et monter sa propre structure pour gagner plus d’argent. En revanche, il faudra prendre soin de sa caisse, car la moindre sortie de route sera synonyme de frais de réparations importants. De plus, des ingénieurs de qualité seront nécessaires pour remettre son auto sur roues dans le temps imparti entre chaque spéciale et améliorer ses bolides avec les meilleures pièces possibles. De plus, l’image de notre équipe est également personnalisable : les couleurs, sponsors, le nom et la déco sont modifiables de façon à avoir une voiture unique. Cette gestion d’écurie est absolument géniale à utiliser et requiert vraiment beaucoup d’attention. Savoir gérer son argent, ses équipes et installations est vraiment primordial et il n’est pas rare de devoir mettre son équipe de côté face à des dépenses trop importantes.
Concernant les étapes, Codemasters a annoncé qu’ils avaient travaillé sur une fonctionnalité appelée “my stage”, générant instantanément une spéciale unique en fonction de deux paramètres (longueur et complexité). En pratique, il faut choisir parmi 5 destinations (avec chacune un type de surface défini) et générer son étape. Si sur le papier l’idée semble vraiment prometteuse grâce à la perspective de ne jamais rouler sur la même spéciale, dans la pratique c’est autre chose... Au début on trouve cela chouette, mais on comprend très vite qu’en réalité les mêmes parties de routes sont mises bout à bout et que les décors sont totalement absents. Pire encore, les mêmes tronçons se retrouvent plusieurs fois dans la même spéciale, du coup, il n’est pas rare de rencontrer 2, 3 ou même 4 fois le même virage, la même montée, la même difficulté ou autre selon la longueur de la spéciale. Du fait de la génération automatique, les parcours se ressemblent absolument tous (logique puisque ce sont les mêmes bouts qui changent d’ordre). Alors qu’on sait que la magie du sport automobile passe par des épreuves ou des parties de circuits mythiques (raidillon de Spa, col du Turini, rallye de Monte-Carlo…), il est dommage de constater que le module ne génère pas de parties techniques ou d’enchaînements mémorables. On roule donc sur des spéciales de rallye random, inintéressantes, qui se ressemblent toutes et surtout, qui sont les seules proposées par le jeu, là où Dirt Rally reproduisait les vraies étapes du championnat du monde, tant pis…
Quand l’accessibilité nuit aux fondamentaux
Qu’on se le dise, Dirt 4 est beaucoup plus accessible que son aîné, et de ce fait, tout ce qui faisait le charme du gameplay de Dirt Rally n’est plus. Le jeu propose deux types de jouabilité : arcade et simulation. Dans chacun des modes il est possible de régler différentes aides à la conduite comme le contrôle de traction, de stabilité, l’abs, et la boîte de vitesses. Le mode arcade est vraiment très (trop) assisté et peu de plaisir s’en dégage à cause du manque de logique dans les réactions de la voiture. Clairement, même pour les néophytes, on ne peut que conseiller de passer en “simulation” pour avoir quelques sensations et tenter de tirer quelque chose des voitures de rallye. Malgré tout, les amoureux de Dirt Rally risquent de bouder ce Dirt 4 à cause de son gameplay. Les transferts de masses sont beaucoup moins marqués, la direction est devenue raide et sans saveur, permissive au possible, et la sensation de vitesse est inexistante. On ne voit plus non plus les suspensions de la voiture s’écraser lorsque l’on freine ou vire, et l’impression de vivacité du véhicule ainsi que le ressenti manette en main en prend un sacré coup. Il est désormais presque inutile d’anticiper les virages et de positionner sa voiture. Les aspérités de la route sont bien plus négligeables qu’auparavant et ce qui peut sembler agréable devient instantanément regrettable quand on fait marcher sa boîte à souvenirs, ou pire, quand on relance Dirt Rally.
Là ou il était possible de “tasser” sa voiture dans les virages et prendre un énorme plaisir même avec les véhicules les moins rapides de Dirt Rally, aujourd’hui on s’ennuie fermement avec les trois quarts des caisses. Le mode “simulation” de Dirt 4 devrait en réalité être son mode “arcade” tant il est aseptisé. C’est d’autant plus regrettable qu’on remarque que quelques subtilités sont venues se glisser dans la physique pour la rendre plus “crédible”. En effet, les dévers par exemple se révèlent vraiment traîtres et demandent de changer ses trajectoires, poussant ainsi le réalisme un peu plus loin alors qu’à côté de ça, certains fondamentaux on pris du plomb dans l’aile. Le tout n’est vraiment pas aidé par une caméra arrière rigide au possible qui donne en plus l’impression de rouler à 70 alors que le compteur affiche 150. Les caméras intérieures améliorent un peu les choses mais on est loin de ressentir la vitesse à laquelle on roule réellement.
Le landrush lui est un peu moins touché et procure de bonnes sensations. Les courses sont parfois disputées et permettent de décompresser un peu entre deux spéciales de rallye. Seuls les crosskarts nous ont fait grincer des dents à cause de réactions totalement absurdes parfois, et de l’impression de piloter une savonnette.
De manière générale, il faut aussi souligner que l’IA n’est pas franchement folichonne et que la difficulté, même au plus haut niveau, est vraiment très faible. La faute sûrement aux spéciales générées aléatoirement sur lesquelles il est difficile de rendre compétitifs des adversaires. Cela se remarque d’autant plus que sur les pistes prédéfinies du landrush ou du rallycross, l’IA est beaucoup plus à l’aise.
Fluide, mais pas très beau
Côté technique, il y a pas mal de choses à reprocher à Dirt 4. Si le titre tourne en 60 fps et jouit d’une stabilité satisfaisante malgré quelques chutes, lorsqu’on y regarde d’un peu plus près, on remarque un aliasing très marqué (notamment sur les arbres, barrières...), des ombres vraiment négligées, et surtout un énorme bond en arrière face à Dirt Rally. Lorsqu’on met les deux jeux côte à côte, il y a un sacré écart au niveau de la distance d’affichage, des textures et des véhicules. Non pas que ces derniers soit mal modélisés, mais ils n’ont simplement presque plus aucun reflets sur la carrosserie, et l’image globale n’est plus aussi jolie que l’année dernière. Les sons quant à eux sont quasiment les mêmes et c’est une bonne chose puisqu’ils étaient très bons ! On ressent et entend parfaitement les régimes et rupteurs de chaque voiture et les bords de pistes sont toujours très animés (lorsque le générateur de spéciale daigne placer de l’animation). Dans le même ordre d’idée, il est agréable de pouvoir tomber sur des véhicules en panne ou accidentés au cours des spéciales, ce qui renforce pas mal l’immersion en jouant sur le principe d’imprévisibilité fondamental aux sports mécaniques. Enfin, si les conditions météos ont un réel impact sur la jouabilité, elles en ont également un important sur la visibilité. En effet, les spéciales avec un brouillard épais sont un vrai “calvaire” pour le joueur, la moindre erreur se paie cash et dire qu’il faut compter sur son copilote est un euphémisme.
Les aficionados de jeu en ligne seront ravis d’apprendre que chaque mode est jouable en multijoueur et que ce dernier est toujours aussi stable et complet en terme de paramétrage. Les épreuves communautaires (quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles) sont également de la partie et permettent toujours d’engranger beaucoup d’argent pour peu que l’on y soit assidu, mais attention, un seul faux pas, et c’est le ravin et l’impossibilité de recommencer qui vous attend !