Test - Portal Knights

«» , - 0 réaction(s)

“Tiens, regarde là-bas, j’ai l’impression qu’il y a une place à côté de Minecraft.” C’est après cette phrase sibylline pour un néophyte que les développeurs de Portal Knights ont pris leur bébé sur les épaules et ont entrepris une longue marche vers cet eden à peine entrevu. Sur le chemin, ils ont donné à Portal Knights de jolis graphismes, de belles musiques, un petit côté RPG, un coop jusqu’à quatre joueurs et un côté construction assez riche en espérant que cela puisse suffire pour monter la tente et s’installer au pied de l’ogre du Sandbox. Hélas, une fois arrivés ils s’aperçurent que le coin était aussi surchargé qu’une plage de la côte d’azur en plein mois d’Août. À défaut de tente, il faudra se contenter de poser sa serviette.

Un bien modeste rpg

Les environnements sont vraiment jolis

Portal Knights est un jeu modeste, comme semble le montrer le doux prix auquel il est mis en vente. 20 euros c’est peu, et cela peut convaincre le joueur en mal de Sandbox, désireux de lâcher son sacro-saint Minecraft au profit d’une petite production bien plus jolie jouant la carte du rpg pour sortir du lot. Et les premières heures de jeu sont plutôt convaincantes. Après avoir choisi notre avatar et sa classe parmi les trois proposées (voleur, guerrier, magicien) on se lance à la découverte des îles volantes qui composent un monde désormais en ruine. On ne va pas s’attarder sur le scénario famélique de Portal Knights qui n’est qu’un prétexte pour explorer des îles plus ou moins morcelées à la recherche de matériaux et d’un nouveau portail nous amenant… à la prochaine île.

Portal Knights joue la carte du minimum syndical en guise de RPG : pas d’histoire à proprement parler, pas de développement scénaristique, des mini quêtes aussi basiques que rares et un univers en patchwork sans grande cohérence. Les rares PNJ rencontrés ne proposent qu’une seule ligne de dialogue (inutile), ou une quête, ou jouent étrangement le rôle de commerçant. Étrangement car plus on avance dans le jeu plus on se demande à quoi peut bien servir l’argent que l’on amasse en tuant les créatures qui peuplent les îles. Quel intérêt d’acheter des matériaux que l’on trouve à profusion ou des couleurs pour nos animaux de compagnie totalement hors de prix ?

Les boss viennent briser la monotonie qui s’installe petit à petit

Les reproches à la partie RPG ne s’arrêtent pas là et se focalisent grandement sur les combats proposés par Portal Knights. Simplistes semble le mot le plus poli pour les qualifier. On cible une créature avec la gâchette, puis on tourne autour d’elle tout en lui assénant des coups, en essayant vaguement d’utiliser l’esquive mise à notre disposition. Dès que l’on engage un combat, le saut devient inutilisable et est remplacé par l’esquive, cette “bonne idée” n’en est plus vraiment une lorsque l’on combat sur des terrains accidentés, hauts de deux blocs ou plus, ce qui arrive très régulièrement. Vu que Portal Knights n’offre aucun combo, aucun block, ni aucune subtilité, le moindre affrontement se remporte dans la pression successive d’un seul bouton en tournant autour des adversaires et en utilisant quelques potions de soin le cas échéant. On a connu plus subtil. Heureusement, toutes les dix îles, notre chevalier du portail affronte un gigantesque boss. Pas de quoi crier au génie là non plus, et si on a pris le temps de s’équiper et surtout de fabriquer les dernières armes et armures disponibles, on passe ces affrontements comme dans du beurre. Ils ont au moins le mérite d’exister et de varier les plaisirs.

Un Sandbox sympathique mais frustrant

Mais que cache cette étrange structure ?

Si Portal Knights est sommaire dans sa partie action/RPG, il s’avère heureusement bien plus séduisant dans son côté Sandbox. Déjà, le jeu est beau, coloré, et les différentes ambiances que l’on traverse dans le jeu sont variées et lui donnent un certain cachet. Chaque île, générée aléatoirement, dispose de son propre écosystème avec ses monstres, sa végétation, ses minerais et matériaux. Chaque île cache aussi un ou plusieurs portails et des coffres. On se plaît à les explorer en totalité, au début, avant de se rendre compte de la redondance de l’affaire. Rien ne nous pousse réellement, mis à part un gain d’XP non négligeable, à fouiller chaque île de fond en comble. Pas de recettes cachées, pas d’armes rares, pas vraiment de course au loot (les recettes laissées par les monstres sont toujours les mêmes), ni même de compagnons originaux coincés au fond d’un donjon. Petit à petit, on laisse de côté l’exploration pour faire ce que l’on sait faire de mieux : amasser les blocs et les minerais nécessaires pour fabriquer armures, armes, et pour construire notre “Antre” idéal.

Portal Knights est très complet ... et sa plastique peut donner de bien belles créations pour les architectes en herbe.

Très rapidement dans le jeu, en gros dès que notre sac à dos sera rempli, on cherchera se poser sur une île, la plus jolie ou celle ayant déjà des ruines sympathiques à rénover, pour en faire notre “home sweet home”, notre base, notre camp de rêve. C’est à ce moment que notre double créatif se réveille et que l’on se prend à rêver de la future extension, de l’emplacement de notre chambre, de la hauteur de notre bâtisse et de la future déco intérieure. Portal Knights est très complet à ce niveau et sa plastique peut donner de bien belles créations pour les architectes en herbe. Mais ces derniers devront s’armer de patience et de beaucoup de courage. Le côté fragmenté du monde de Portal Knights vient justement poser soucis dès lors que l’on décide de s’établir dans un lieu bien précis. Chaque établi/enclume/table à dessin que l’on construit peut s’améliorer et débloque par là de nouvelles listes d’objets à fabriquer, sauf que les matériaux demandés se récoltent petit à petit au fur et à mesure de notre avancée et des boss occis.

Voilà c’est presque fini !

Et c’est là le plus gros problème du jeu, on devra faire de multiples voyages entre notre “île création” et les îles de gisement, sanctionné à chaque fois par un long chargement de plusieurs minutes. Une sorte de tue l’amour instantané qui aurait mérité la possibilité, comme dans Dragon Quest Builders par exemple, de pouvoir construire une sorte de grand coffre magique réunissant tous les matériaux récoltés et accessible n’importe quand. Sans ça, partir dans de grandes et imposantes constructions est réellement problématique. Un autre petit élément frustrant : on peut construire un lit mais pas dormir dedans. On est obligé à chaque fois d’attendre la fin de la nuit pour y voir plus clair, et vu que l’on ne peut équiper qu’un objet à la fois, il faudra soit poser sa torche par terre à chaque fois que l’on mine, soit le faire dans le noir. En fait, on se heurte régulièrement dans Portal Knights à des petits problèmes de gameplay et à de petits éléments étrangement absents ou inutiles (comme la nourriture, qui ne sert à… rien) qui nous donnent l’impression de jouer à un jeu en early access qui ne demande qu’à évoluer, s’étoffer. C’est tout ce qu’on lui souhaite mais en l’état, malgré le sympathique mais gadget (pas de quêtes spéciales pour le multi) jeu en coopération, 2 en local et 4 en ligne, la frustration prend irrémédiablement le pas sur le plaisir de jeu...

Bilan

On a aimé :
  • Un Sandbox joli à petit prix
  • Coop à deux en local
  • Assez riche pour de jolies constructions
On n’a pas aimé :
  • Le temps de chargement pour aller d’une île à l’autre
  • Un côté RPG anecdotique
  • Des combats simplistes
  • Beaucoup d’éléments frustrants ou inutiles
L’excuse du prix

On ne va pas reprocher à Portal Knights d’être un petit jeu sympathique à 20 euros car c’est ce qu’il est. Ni plus, ni moins. Une sorte d’amuse-bouche assez fade sur le palais mais plutôt joli à l’oeil, que l’on prendra plus de plaisir à partager avec son enfant qu’à déguster en solitaire. Il ne lui manque pas grand chose pour quitter la place de jeu moyen et se hisser au rang de bon petit jeu, et c’est ce qui est particulièrement frustrant tant dans la catégorie création pure -où il s’en tire plutôt bien- que dans celle de l’action/rpg où il reste totalement anecdotique. Il ne lui reste que l’excuse du prix et c’est bien dommage, car Portal Knights pouvait et avait vraiment de quoi faire beaucoup mieux. Un peu comme s’il n’avait pas osé franchir le dernier portail nécessaire à son envol...

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Portal Knights

PEGI 7 Violence

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : 505 Games

Développeur : Keen Games

Date de sortie : 19/05/2017

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4