Le joueur est un être étrange. Ainsi, je confesse être lassé depuis longtemps par les longues cinématiques, et encore plus par tout ce qui est QTE, que je considère comme le niveau zéro du gameplay. Pourtant, ce Late Shift m’a intrigué. Un jeu en FMV (Full Motion Video), uniquement basé sur des choix, je crois bien que je n’y ai pas touché depuis la Saturn. Exception faite des jeux Quantic Dream, bien sûr, qui n’en sont jamais très loin. Tant qu’à utiliser un concept uniquement basé sur des choix ponctuels, autant l’assumer, ce que Late Shift fait d’entrée de jeu.
Voie de garage
L’histoire commence alors que le héros prend son poste de gardien de parking. C’est un étudiant en mathématiques, passionné par les probabilités, et dès l’introduction le principe des choix qui conduisent notre vie est mis en avant. Après une courte discussion avec une jolie blonde, nous allons nous retrouver embarqué dans une histoire rocambolesque de cambriolage tournant autour d’une tasse de thé chinoise, objet de tous les désirs. Bien entendu, je ne peux pas vous raconter la suite, l’intérêt même du jeu étant de vivre un film !
Quand on commence à jouer, il est difficile de ne pas être séduit. Tout est dans une jolie Full HD, et la réalisation (pas technique, mais cinématographique) est d’une étonnante bonne tenue. Les comédiens font le job et sont plutôt convaincants : on est dans ce qui pourrait être un épisode d’une série télé correctement troussée. Suivant les situations, on se retrouve face à de nombreux choix (55 choix pour ma première partie), l’occasion d’adopter divers comportements, du bon gars respectueux de la loi jusqu’au jeune qui saute sur l’occasion pour devenir un gangster ! La progression est fluide, et l’espace entre deux décisions est rarement très long, ce qui donne bien l’illusion qu’on est globalement acteur de ce qui se passe à l’écran. La conclusion arrive cependant de façon un peu abrupte, ce qui est probablement voulu, tant cela donne envie de tout de suite recommencer pour essayer autre chose. J’avoue ne pas avoir vu passer le temps pendant l’aventure, qui a duré environ une heure.
Deuxième vision et plus
Après cette première bonne impression, c’est surtout la deuxième partie qui permet de jauger Late Shift. Le bilan est tout de suite plus mitigé. En effet, les points de passage obligatoires restent très (trop) nombreux, quels que soient nos choix. Heureusement qu’il y a tout de même de vraies différences qui font qu’on arrive à avoir l’impression de vivre à la fois la même aventure et une aventure différente. Les passages sans prendre de décisions qui ont eu l’air un peu longs la première fois deviennent pénibles, car on ne peut bien entendu pas les passer. Cela reste cependant intéressant, et donne même une leçon de cinéma : des mêmes scènes, placées dans un contexte différent, et montées autrement, donnent une tout autre impression ! Deuxième partie qui reste donc une jolie balade au global.
Ce sera la dernière : quand on relance à nouveau pour chercher à arriver à une fin différente parmi les 7 possibles, on atteint immédiatement les limites de l’exercice. Revoir encore les mêmes scènes est immédiatement fatigant, et on décroche tout de suite, d’autant plus que les nouveautés, c’est-à-dire les passages pas encore dévoilés, se font plus rares. Après une vingtaine de minutes, j’ai même laissé le film se terminer seul en ne donnant plus aucune instruction au héros. Pour bien profiter de Late Shift, profitez donc de la lecture de ce test : évitez de le relancer une troisième fois, cela risque de se traduire par une mauvaise impression qui va gommer le plaisir pris précédemment.