Test - Little Nightmares

«La grande bouffe» , - 2 réaction(s)

Connaissez-vous l’expression “mettre la charrue avant les bœufs” ? Oui ? Non ? Peu importe à vrai dire car le test de Little Nightmares qui va suivre illustre parfaitement cette expression. Le développeur, Tarsier, doué de toutes les bonnes intentions du monde, a entrepris la création du jeu dans le désordre en pensant que l’atmosphère, l’ambiance, la direction artistique sans faille de leur jeu étaient des éléments largement suffisants pour pallier l’absence de structure narrative. Malheureusement pour eux, cette absence plane comme une ombre au-dessus de leur jeu tout au long de l’aventure et plombe littéralement une expérience qui avait tout pour être mémorable...

Ué, notre personnage principal aura un imper jaune et s’appellera Six !

Little Nightmares est un jeu sombre, très sombre...

Little Nightmares est né, sans réellement le savoir, dans la tête des développeurs de Tarsier en 2012 suite à une démo technique appelée Dollhouse. Interpellés par l’ambiance de cette démo, l’équipe décida de se saisir au vol de ce premier jet pour le transformer en jeu. Les idées fusèrent, des cuistots monstrueux sont nés, un complexe étrange aussi de même qu’un personnage : une frêle petite fille habillée d’un imperméable jaune qui était censée s’échapper d’un étrange et monstrueux festin. Le jeu allait trouver son premier nom : Hunger. Cependant, les développeurs se sont rendu compte que chercher “Hunger game” sur Google n’allait pas être une perspective des plus pertinentes. Le nom de Little Nightmares fut alors adopté, de même que celui de Six pour le personnage principal. Pourquoi vous raconter cette genèse ? Car celle-ci est racontée dans le carnet des développeurs et montre bien les principaux problèmes de Little Nightmares à savoir un ensemble d’idées -souvent bonnes, parfois géniales- disposées les unes à la suite des autres, un peu n’importe comment et ce sans aucune trame narrative…

Six se réveille dans la valise qui lui sert de lit. Sa chambre ressemble plus à une cellule d’acier qu’à autre chose mais cette dernière n’a pas de barreaux et une seule issue qu’elle va choisir d’emprunter pour s’évader de l’Antre, un énorme complexe sous-marin dont personne n’a réussi à sortir jusqu’à présent. Six réussira-t-elle à déjouer la vigilance des monstrueux gardiens de l’Antre et à affronter l’étrange femme qui semble régner sur cet enfer ?

Six va devoir récupérer cette clé pour continuer

Cadeau. Oui, toute cette description du préambule du jeu est cadeau vu que si vous ne l’avez pas lu, vous n’en saurez rien durant tout le jeu. Little Nightmares se range dans la catégorie des jeux d’aventure/puzzle scriptés comme Limbo, Inside ou encore Another World et Heart of Darkness pour les plus vieux. Une sorte de “Die and Retry” (meurs et recommence) sans aucune ligne de texte ou de dialogue, la narration se faisant via l’avancée de notre personnage dans son environnement et son interprétation laissée libre au joueur. Little Nightmares ne reste pas cantonné à la simple vue de côté et intègre de la profondeur à son gameplay qui tend énormément vers de l’infiltration : Six devra parfaitement utiliser sa petite taille et sa discrétion pour éviter les monstrueux gardiens de l’Antre. Le pourquoi du comment de cette évasion semble totalement mis de côté par Tarsier et il s’agit là du principal défaut de Little Nightmares : son manque total d’assise narrative. Le jeu n’arrive pas à nous raconter une histoire, par moments on se demande même s’il essaie, il nous propose juste une série d’ambiances, de lieux, de tableaux et c’est là-dedans qu’il excelle.

D’une beauté monstrueuse

Perdue dans un océan de chaussures...

Même si la direction artistique est fabuleuse, il faut du temps à Little Nightmares pour qu’il puisse nous happer totalement. Un chapitre pour ainsi dire, c’est peu et c’est beaucoup à la fois car le jeu n’en comporte que cinq et demeure assez court (comptez 4-5 heures pour une première fois). Un chapitre d’introduction poussif, inintéressant, plutôt vide avant que n’entrent en scène les véritables stars du jeu : ses monstres. Six passe alors en second plan et on reste subjugué, médusé, terrifié même par les créatures horrifiques qui peuplent l’Antre. Le premier à se manifester est un homme au chapeau totalement difforme, court sur pattes, totalement aveugle, il compense son handicap par des bras immenses, une bonne ouïe et un odorat particulièrement développé. Les rencontres entre Six et lui sont particulièrement tendues et intenses. Voir ses longs bras tâtonner le sol à quelques centimètres d’une Six immobile, terrifiée, et prier on ne sait quel dieu pour que ses recherches se focalisent ailleurs, fait partie des malheureusement trop rares moments mémorables de Little Nightmares. Ce monstre demeure bien plus réussi que les frères cuistots qui suivent car sa difformité et ses longs bras font que si Six est repérée, elle ne peut plus lui échapper. Ce qui n’est pas le cas des cuistots, patauds, lents, dotés de petits bras et que l’on peut duper très facilement. Le bestiaire de Little Nightmares est fabuleux, cauchemardesque au possible et superbement mis en valeur par une ambiance sonore impeccable, géniale, irréprochable dans sa faculté de magnifier la tension du jeu.

Surtout ne pas bouger !

Malheureusement pour Little Nightmares, les moments de grâce horrifique qu’il nous offre, aussi réussis soient-ils, sont au final peu nombreux et manquent cruellement de liant entre eux. Il faut attendre le quatrième et avant dernier chapitre du jeu pour être littéralement soufflé et emporté totalement, un banquet monstrueux avec de fortes références au Voyage de Chihiro. Ce seul chapitre vaut à lui seul l’achat du jeu et on aurait presque pu lui donner un coup de cœur sans réserve si Tarsier avait réussi à nous donner ces moments tout au long de l’évasion de Six. Little Nightmares souffre de son manque de liant, il n’arrive jamais, avant l’avant-dernier chapitre, à nous enlever de la tête la désagréable impression de traverser un lieu totalement artificiel, une sorte de succession de tableaux sans aucun rapport entre eux, des idées jetées par terre puis totalement oubliées par la suite, des jolis tableaux sans aucune explication, aucune cohérence. Seuls les trois derniers chapitres ont un semblant de logique, les deux premiers en sont totalement déconnectés si bien que l’on se demande encore quelles coupes a bien pu subir le jeu avant sa sortie. Une impression renforcée par des croquis débloqués au cours du jeu qui nous montrent des passages absents de Little Nightmares. L’ambiance seule ne peut faire oublier l’absence de narration et le manque de cohérence d’un univers pourtant si atypique et fascinant.

Bilan

On a aimé :
  • Un bestiaire cauchemardesque et magnifique
  • Une bande son monstrueusement belle
  • Un chapitre 4 en tous points excellent
On n’a pas aimé :
  • Il faut penser à raconter une histoire quand même
  • Les deux premiers chapitres sans lien avec les suivants
  • Très court, trop court
  • Finalement trop peu de moments mémorables
Et pourquoi un imper jaune ?

Construire un univers magnifique et le doter d’un environnement sonore excellent ne suffit pas pour faire un bon jeu. Little Nightmares avait toutes les cartes en main pour rendre son cauchemar inoubliable pour les joueurs, hélas, toutes les bonnes idées des développeurs de Tarsier sont trop diluées dans un jeu pourtant court et manquent cruellement de liant pour y parvenir. On a l’impression que Little Nightmares n’est qu’une succession de tableaux monstrueux jetés les uns contre les autres que l’on a essayé maladroitement d’assembler par la suite avec un semblant d’histoire. Un désordre créatif qui plane sans cesse au dessus de Little Nightmares et qui plombe ce cauchemar qui offre pourtant au joueur quelques rares mais intenses moments uniques confinant au génie. Il nous laisse, au final, le cœur saignant, déchiré entre l’amour fou et une indifférence tout juste polie. Dommage.

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Little Nightmares

PEGI 16

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Bandai Namco

Développeur : Tarsier Studios

Date de sortie : 28/04/2017

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

lacrasse

02 mai 2017 @ 11:51

fini ce matin,bon petit jeu,j’ai bien aimé l’ambiance,graphisme,bande son,mais oui coté gameplay c’est un peu plat,et la jouabilité est pas au top,a faire quand meme quand il sera en promo,ça vaut le coup !

tomzati

02 mai 2017 @ 16:36

Dommage, il attendra les promos pour ma part du coup...