Test - Armello

«Un jeu de plateau pas si bête...» , - 2 réaction(s)

La pièce est sombre. Seule la table demeure éclairée par la lumière chaude sortant d’un abat-jour quelconque. Le cadre est loin d’être formidable, pourtant nous demeurons tous religieusement assis, nos regards voguant sans cesse entre les cartes que nous tenons entre les mains et le plateau de jeu situé au centre de la table. La tension est presque palpable, pesante. Je dois bouger mon personnage. Être agressif. Je le sais. Pourtant en faisant ça, je peux aussi bien me rapprocher de la victoire que tomber dans un coup fourré longuement fomenté par un de mes adversaires. Peu importe. Je me saisis des dés et je les lance. Ils rebondissent sur la table, s’entrechoquent, roulent sur eux-mêmes. La partie se décide maintenant, sur un coup du sort. C’est un moment vécu de nombreuses fois par tous les passionnés de jeu de plateau. C’est un moment que va essayer de retranscrire Armello de façon virtuelle cette fois-ci, remplaçant les dés, les figurines et le plateau par une manette tout en essayant de séduire autant l’amateur de grosses boîtes bien remplies.

Armello Anthony

Le Roi, condamné par le Déclin, sombre dans la folie...

Oui, je sais je mérite au minimum l’éviscération avec une cuillère en plastique pour ce jeu de mot gratuit et pourri seulement compréhensible par des amateurs de basket. Mais bon cela a été plus fort que moi, aussi fort que ce désir irrépressible, lorsque je tombe sur un jeu de société d’en ouvrir la boîte et de lancer une partie avec les premières personnes à portée de dé. Je ne vais pas dire que je suis un joueur invétéré, mais la magie de ces jeux de plateau et des moments qu’ils réservent agit sur moi avec toujours la même force. Armello a réussi dès les premières partie à me séduire complètement et je vais vous dire pourquoi.

Les cartes ruse, équipement, magie et compagnon sont essentielles

Évacuons rapidement la partie technique du jeu pour passer à ses mécaniques. Du point de vue artistique, Armello fait un sans faute. Ses tons pastels et le design des différents protagonistes du jeu, des animaux baignant dans un univers d’heroic fantasy, sont particulièrement beaux. Les personnages, le plateau de jeu et les diverses illustrations semblent tout droit issus d’un livre de conte pour enfants. L’environnement sonore n’est pas en reste, les compositions signées par Michael Allen et Lisa Gerrard (mais si, vous connaissez, la co-compositrice et chanteuse de Gladiator entre autres) sont superbes et collent parfaitement à l’ambiance du titre. Mais bon, pour un jeu de plateau, être beau et avoir une belle ambiance ne suffit pas.

Un Roi en péril

Il est essentiel de bien rentabiliser nos déplacements

Et les concepteurs d’Armello ne se sont pas lancés dans l’inconnu, fort de leur concept de base ils ont réussi à convaincre suffisamment de backeurs pour réussir leur kickstarter. Les mécaniques de jeu sont simples tout en étant assez riches pour permettre des approches tactiques différentes. Sur un plateau de jeu composé de cases hexagonales, quatre joueurs, incarnant quatre héros, vont lutter pour prendre la couronne du Royaume d’Armello au Roi en place, touché par un mal étrange appelé Déclin. Il existe plusieurs façons de prendre le pouvoir. Il faut soit réussir à tuer le Roi, qui est de base particulièrement costaud et protégé par sa milice (donc inutile de foncer tête baissée dès le premier tour sur son château, c’est peine perdue), soit attendre qu’il meure du Déclin en s’assurant d’avoir la plus grande réputation du Royaume.

Armello mélange de façon assez subtile le jeu de plateau, le jeu de rôle et le jeu de cartes.

Chaque tour de jeu se compose de deux phases, la journée et la nuit et chaque héros possède trois actions par phase. Au neuvième tour de jeu le roi meurt et la partie prend fin automatiquement sauf si l’un des joueurs a réussi à vaincre le roi avant. Armello mélange de façon assez subtile le jeu de plateau, le jeu de rôle et le jeu de cartes. Afin d’augmenter la puissance de son personnage et lui permettre d’affronter le roi, on pourra suivre une série de quêtes scénarisées tout en essayant de mettre des bâtons dans les roues des autres joueurs, en utilisant des cartes de ruse ou en les affrontant directement sur le plateau de jeu.

Quelle est la prochaine quête à privilégier ?

Les subtilités sont nombreuses et le jeu se dévoile petit à petit au gré des parties même s’il n’atteint son plein potentiel que lors des séances de jeu en ligne contre quatre adversaires humains ; c’est justement sa plus grande force qui est aussi son plus gros défaut. Le didacticiel présent dans le jeu est très bien fait et permet d’appréhender les règles générales. Les parties solo contre l’IA aident à se faire la main avant de plonger dans le grand bain du jeu en ligne contre des adversaires aguerris. Malheureusement, il est très difficile de trouver des joueurs, à moins de disposer d’un groupe d’amis ayant la même affinité avec le jeu de plateau, il sera difficile de jouer à des parties de quatre joueurs humains et de pouvoir former des alliances de circonstance et de se trahir comme il se doit lors de la dernière ligne droite. En tant qu’amateur de jeux de plateau, on ne peut que regretter aussi l’absence de la “magie” de ces derniers. Les éventuelles connivences qui peuvent se former par un simple regard ou les réactions enragées fort sympathiques à surjouer ou à admirer manquent cruellement à l’appel, d’autant plus qu’il est impossible de jouer en local à cause des cartes d’événement que l’on peut jouer à loisir pour pourrir la vie des autres joueurs.

L’autre gros souci est la longueur des parties, ces dernières durent une heure au minimum, voire plus si jamais les joueurs cogitent beaucoup avant de jouer et ce malgré le temps limité dont ils disposent. En ligne, il est impossible de sauvegarder bien entendu ce qui est le cas fort heureusement lorsque l’on joue seul contre l’IA, contre cette dernière une option permet d’accélérer les tours, une option qui s’avère bienvenue. En multi, il est essentiel de se dégager suffisamment de temps pour une longue session et ça, ce n’est pas évident…

Bilan

On a aimé :
  • Un très bon jeu de plateau sur console
  • Beau et doté de belles musiques
  • Des mécaniques riches et subtiles
  • Jouable à 4 en ligne...
On n’a pas aimé :
  • ...mais difficile de trouver des joueurs
  • Parties un peu longues
A quand la version physique ?

Armello est un excellent jeu de plateau doté de mécaniques simples mais avec de nombreuses subtilités permettant une grande variété d’approche. Artistiquement superbe, il séduit très facilement, il hypnotise rapidement et nous plonge dans une course effrénée au pouvoir où tous les coups sont permis. Les seuls reproches que l’on pourrait lui formuler sont inhérents à sa nature même de jeu vidéo. Il est difficile de trouver des joueurs et la magie de la proximité n’existe pas ; les parties assez longues peuvent aussi freiner les ardeurs. Il serait toutefois dommage de ne pas se laisser tenter car Armello a bien des atouts dans sa manche et suffisamment de charme pour contenter le joueur solitaire qui rêvera à coup sûr d’une éventuelle sortie du jeu en version physique. Et ça c’est bon signe.

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Armello

PEGI 7 Violence

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : League of Geeks

Développeur : League of Geeks

Date de sortie : 30/08/2016

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4

2 reactions

Joaz

31 jan 2017 @ 18:03

:-) HEY ! Voilà une surprise ! Surtout que ce jeu est dispo depuis un moment. Mais effectivement, il est si différent de ce que l’on peut trouver sur une console. Pour ma part, je l’ai acheté depuis un petit moment et c’est ma fille de 12 ans qui en est totalement accro. Elle a fait quelques parties avec des adultes, mais c’est effectivement très difficile de trouver du monde. J’ai même acheté sur ses incessantes requêtes, le DLC un peu faiblard à 10 Euros je crois, où l’on trouve des perso (au nombre de cinq, il me semble) et quelques anneaux seulement. Mais cela reste un très bon et beau board game sur console.

Jarel

01 fév 2017 @ 12:43

Content d’avoir un avis supplémentaire (et positif en sus) sur ce très bon Armello ! Mon fils de 11 ans a, lui aussi, accroché !