Test - Tour de France 2016

«Refuge des jeux abandonnés» , - 20 réaction(s)

Il était là, replié sur lui même, caché dans un coin, il était moche et il avait l’air malade, personne ne voulait y toucher… alors, pris de pitié, j’attrapai ma paire de gants de cuir, et si par hasard, il était sympa… ? TDF2k16

Une course de vélo… c’est d’aller, en vélo, d’un point A (le départ) à un point B (l’arrivée). Maintenant que la discipline n’a plus de secret pour vous, rentrons dans le vif du sujet… Tour de France 2016, c’est donc un jeu de vélo, de course de vélo, de la plus grande course de vélo du moooooonde, développé par Cyanide (Styx, Blood Bowl…) et édité par Focus Home Interactive. Ils n’en sont pas à leur coup d’essai puisque TDF 2k16 est le 6e épisode de la série, elle-même étant la petite soeur de l’excellent Pro Cycling Manager. C’est cool tout ça, parce que moi, j’ai toujours rêvé de conduire la camionnette Cochonou…

Sans les roulettes ???

C’est beau la génétique

Avant tout, un petit tour du côté du tutoriel vous apprendra à pédaler, à vous cacher du vent, à vous ravitailler et à vous servir de l’outil le plus important du jeu : l’oreillette… mais on y reviendra plus tard. Une fois débarrassé des petites roulettes, le serveur vous proposera le menu : à l’apéritif “le Dauphiné”, en entrée “le Critérium International”, le plat du jour “le Tour de France” et en dessert un “My Tour” dont vous choisissez vous-même les ingrédients… Je décide de ne prendre que le plat… pour tout dire, à ce stade je n’ai pas très faim… l’appétit vient en mangeant.

Le gameplay est basique comme pour un Forza, les gâchettes vous permettent d’accélérer ou de freiner, le bouton X pressé en continu vous fera sucer la roue du coureur devant vous (beau job !), le bouton A sert quant à lui à attaquer (oubliez les bourre-pifs) en se mettant en danseuse (oubliez les entrechats), le turbo en fait… et Y saura satisfaire vos coureurs avec une gamme complète de gels à boire : le bleu pour restaurer les PV, le rouge pour la Mana… ou un truc dans le genre… et enfin (j’ai gardé le meilleur pour la fin) B qui vous ouvrira les portes du Temple, où sont réunis l’Ordre et le Pouvoir, où Cassandre vous prédira l’avenir, où Jean-Paul Olivier vous contera ses plus belles histoires, où les Immortels de la tunique Jaune vous contemplent, attendant patiemment que vous entriez dans la Légende : l’Oreillette !

Parce que le vélo, en général, on se dit que c’est forcément le plus fort qui gagne à la fin, c’est la logique, et la logique c’est imparable… sauf que non, la logique dans le TdF 2k16 elle n’est pas dans la puissance, dans l’endurance, ni même dans le contenu des bidons. La logique, dans ces courses au long cours, elle est dans la voiture du manager, elle est tactique, et collective. Et c’est là que le jeu se positionne. Soit tu as une culture (même petite) du cyclisme avec les stratégies de base et tu as une chance de te plaire ici, soit le Tour de France c’est juste le truc qui te barre la route justement le jour où tu voulais aller voir Mamie, et qu’en plus, pour prouver ta bonne foi, t’as même pris le pain, mais bon, tu peux pas passer, alors bon, tant pis pour Mamie…

Anne, ma soeur Anne, n’entends-tu rien venir ?

L’Oreillette (avec la majuscule s’te plaît) c’est le centre stratégique de la course. À partir de ce menu on peut passer des consignes à ses coéquipiers, gérer leur tempo, leurs prises de relais, leurs attaques, leurs ravitaillements, leurs comportements globaux sur l’étape (attendre, prendre une échappée, protéger un leader...), savoir dans quel état de forme ils sont, et aussi prendre le contrôle de n’importe lequel d’entre eux, à n’importe quel moment. Toute la gestion de l’étape passe par ce menu. Votre directeur de course vous proposera lui aussi une stratégie “générale” (collaborer pour reprendre une échappée, poursuivre un effort, …) à suivre ou non. Parce qu’on ne gère pas une étape de plat vouée à se terminer sur un sprint massif comme une étape de montagne, parce qu’on dirige une équipe de neuf coureurs avec des profils différents, la notion de “tactique” est omniprésente.

Si le monde de la pédale vous est inconnu, laissez-moi vous introduire dans l’antichambre de la cyclismologie :

Porter le Maillot Jaune à Bagnères-de-Luchon… un rêve devenu réalité…

Pour faire simple il y a quatre types d’étape : les étapes de sprinters, de routards, de grimpeurs et les “contre-la-montre”… la réalité du sport fait que les surprises sont rares, et chaque spécialité a donc ses spécialistes. Inutile de lancer une échappée sur une étape destinée à un sprint final, vous ne trouverez à l’arrivée que la frustration de vous faire rejoindre à deux kilomètres du but par une locomotive multicolore chargée d’hormones. Plus nerveux et rapide, le “sprint” se prépare, il faut placer ses pions, protéger de la chute fatale ses prétendants au maillot suprême, mettre son guépard en position et ne pas rater la seconde où le sprint démarre, gérer la puissance et l’endurance sur un ou deux kilomètres, pas toujours simple quand on ne connaît pas le profil de l’arrivée.

La montagne se gère quant à elle dans la surveillance des jauges : ne pas se mettre dans le rouge sous peine de finir dans le gruppetto, ou pire, flirter avec le “hors délais” synonyme de disqualification, suivre son leader quitte à sacrifier la santé de quelques équipiers, … C’est souvent dans ces étapes que se joue le classement général, la montagne ça vous gagne (un Tour)... moi c’est là que je l’ai perdu. Une étape de routard, c’est du plat, de la petite côte “casse patte” ; Ces étapes sont calibrées pour de longues, très longues échappées, et parfois, pareil à Atlas, vous serez seul à porter le monde tel un fardeau. L’entente ne tient qu’à un fil, oubliez de prendre les relais et c’est la discorde, la fin annoncée de l’aventure. Participer à l’effort et bien surveiller ses ravitaillements sont des clés pour espérer pouvoir disputer le final de ces étapes. Et puis il y a les Contre-la-Montre individuel… seul contre le chrono, tout est dans la gestion de l’effort, et l’état de forme du coureur.

Vous l’aurez compris, TdF2k16 est avant tout un jeu de stratégie, et plus on avance dans le Tour, plus on anticipe, plus on regarde les profils des étapes à venir en gardant un oeil sur les classements et l’état de forme de ses propres coureurs. On se surprend à élaborer des stratégies attaque/contrôle/récupération très loin en amont des étapes, et de devoir les modifier en cours de course parce qu’on n’avait pas vu venir l’attaque d’un prétendant au titre.

Une attaque sur la gauche !

Le peloton est vivant, comme une grosse masse organique, des hommes en sortent, puis se font ravaler. Son comportement est crédible, l’IA du jeu fleure bon le vélo. Il suffit de passer en mode “Accéléré” pour se rendre compte du boulot accompli, les participants d’une échappée se passent le relais, attaquent, se font lâcher. Collectivement le tout est très cohérent, individuellement on remarque parfois quelques problèmes, comme un Maillot Jaune virtuel qui refuse de prendre les relais à 10km de l’arrivée… loser va.

On est en face d’une expérience hypnotique. Une fois la course lancée, plus moyen de s’en défaire, on attend qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi… mais il ne se passe rien… jamais… mais on est là, on guette… on sait pertinemment qu’il ne se passera rien, on connait… depuis le temps… mais on ne sait jamais… ah ??? Ah non… Et en fait, c’est bon !

Et c’est la chute !

Cent quatre-vingt-dix-huit coureurs dans le peloton, un seul visage... mais, à la rigueur ce n’est pas très grave, parce que des visages vous n’en verrez que très peu sur les milliers de kilomètres de route de ce TdF2k16…

Des culs… des culs partout…

On se rend compte de la solitude du cycliste, quand dans l’effort, dans un état de concentration, de réflexion, voire même de méditation absolu, la seule chose que capte votre regard n’est qu’un ensemble multicolore de postérieurs masculins… des culs… des culs partout… Vivement la VR !

Les décors, sans être vilains sont trop “propres”, on est dans la France d’Amélie Poulain. Il fait toujours beau, les voitures sont immaculées, les arbres sont tous très bien rangés dans des forêts dignes de défiler sur les Champs le 14 juillet. Les textures sont inexistantes, c’est pauvre… très pauvre… le public est plus diversifié que le peloton, on doit pouvoir compter au moins quatre personnes différentes, et au moins trois animations, ça déchire la rétine au pic à glace. L’ambiance sonore… la quoi ??? On se contentera de quelques encouragements venus des côtés de la route, votre installation dolby 5.1 va cracher ses poumons, on s’y croit, je me suis même surpris à me retourner pour voir si il n’y avait pas un mec derrière moi en train de gueuler “Allez Bardet !”, c’est bien foutu… mais Bardet il est dix minutes derrière mon gars… Ok, c’est tout pourri. Même si ce n’est pas le coeur du jeu, le fait d’avoir l’impression de jouer sur un Ordinathan est un peu handicapant et pourrait rebuter les estomacs les plus fragiles.

On en fait vite le Tour ?

La Team Fafatrin, quand ça veut pas, ça veut pas !

Niveau contenu, il y a de quoi faire, le Mode Pro Tour vous permettra de mettre vos compétences de manager au service de vos sponsors, et de gérer votre écurie comme vous l’entendez : recruter des coureurs, choisir les épreuves, relever les défis imposés par vos sponsors, pour engranger l’argent pour recruter encore des coureurs (mais des bons cette fois…). Le mode défi. Ça vous impressionne ces gars qui descendent les cols à près de 100 km/h sur des pneux de deux centimètres d’épaisseur ? Si vous avez répondu oui, c’est par-là que ça se passe : jouer les funambules pour exploser les temps de l’IA ou de vos amis ! Ah oui les amis… il ne sera pas possible d’arpenter les routes avec vos copains, le multi en ligne n’a juste pas été prévu du tout… so 2006 !

Et si vous en voulez encore, bande de fous, vous pourrez profiter du mode My Tour qui vous permet d’incarner Christian Prudhomme, et de créer votre propre épreuve avec toutes les étapes qui vous font envie, ou pas. Il y a de quoi faire donc. Mais tous ces modes de jeu sont quand même hyper redondants. Une fois la Grande Boucle et ses 3529 km derrière vous, il vous faudra pas mal de volonté pour vous relancer dans une nouvelle aventure…

J’ai bien mangé, mais j’ai plus faim… merci.

Bilan

On a aimé :
  • Gameplay accessible
  • Tactique, stratégie
  • Une IA qui tient la route
  • Aussi hypnotique qu’à la télévision
  • Ça transpire la passion
On n’a pas aimé :
  • La réalisation aux fraises
  • Pas de multi en ligne
  • On ne peut pas conduire la camionnette Cochonou
God Save the Petite Queen

TdF2k16 respire la passion, les dev sont des mordus, et ça se voit. Sans concurrence sur le créneau, ils ont sorti les gros braquets pour nous pondre un vrai jeu de vélo, avec de vrais morceaux de simulation dedans. Si on met de côté les grosses défaillances techniques, le coeur du jeu est bon, et pour un peu que vous ayez, une fois au moins, vibré en regardant une étape du tour, en oubliant les histoires de seringues, alors peut-être que l’aventure vaut le coup d’être tentée, et peut être que l’an prochain, tu sortiras le B-twin pour te faire le Ventoux…

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Tour de France 2016

PEGI 3

Genre : Sport

Éditeur : Focus Home Interractive

Développeur : Cyanide Studio

Date de sortie : 16/06/2016

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4

20 reactions

Djimpredator

27 oct 2016 @ 13:18

Sympa tu nous en refait un (test) quand tu veux Batoune

Olve360

27 oct 2016 @ 16:25

Je comprends mieux tes nouveaux penchants vidéoludiques ^^ :-P

Je ne te connais certes pas beaucoup, mais j’étais un peu étonné de te voir avaler les routes du tour avant d’aller faucher du blé, le coude appuyé sur la fenêtre de ton tracteur... Il y a bien du Rocket League qui traîne de temps en temps mais quand même... Enfin ça met un peu d’exotisme dans le Flux Xbox live parfois un peu monotone ^^

Ah elle est dure la vie de testeur, mais c’est cool qui tu ais rejoint la team Xboxygen, joli test ! et courage, le bizutage ne dure pas éternellement en général, à moins que ce ne soit toi qui ais choisi les titres à tester ??!! :o)

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SauroneMX338

Rédaction

27 oct 2016 @ 16:48

@Olve360

Bastoune est du genre à aimer se faire du mal... Drôle de délire, je sais, mais il a insisté !

Olve360

27 oct 2016 @ 17:16

Je vois... ^^

Tiens vous n’avez pas fait de test de l’excellent Hyper light Drifter, certains le comparent à Dark Souls... C’est un bon moyen de se faire du mal :p en tout cas moi j’ai adoré XD

BenjiBot

27 oct 2016 @ 17:17

Envolées lyriques... Heroisme... Fous rires assurés... Merci Bastoune ! (et en plus le test a le mérite d’être nuancé...)

Je sors mon vélo pliable de mon bateau et je passe te prendre en bas de chez toi, on va voir qui c’est les rois des pédales mon Bastoune !! :o)

Naeje

27 oct 2016 @ 17:43

Alors là bravo ! Une pépite ! :’-))

ChupaLoL360

27 oct 2016 @ 18:14

Je lâche le guidon pour t’applaudir des deux mains ! Merci Bastoune pour cette lecture fort agréable pleine d’observations très justes et de moments poilants. Maillot jaune du test !

Mr Moot

27 oct 2016 @ 18:51

Quel beau test ! Il est encore meilleur quand ton sait que t’as un backlog long comme ma bi...bliothèque. Chapeau. J’imagine que ton nouveau du moment c’est aussi pour un test ?

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bastoune

27 oct 2016 @ 20:36

:-)):-)):-)) merci merci merci ! Content que ça vous plaise ! Merci à l’équipe Xboxygen pour m’avoir laisser faire, pour une première c’était sympa faire. Et une spéciale dédicace à Jony qui m’a motivé du bord de la route ! |-)

Jonyboy

27 oct 2016 @ 20:56

J’ai pas eu à faire cracher ton 5.1 non plus hein !

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