Alors que les différents championnats européens ont débuté, les amateurs de football n’attendent qu’une chose : le nouveau FIFA. Battre ses amis et devenir le roi du ballon rond virtuel devient alors une obsession, surtout après l’injuste dénouement de l’Euro 2016 se déroulant sur notre sol. On veut passer à autre chose, la suite. Rien de mieux qu’un nouveau jeu de foot pour tout reprendre depuis le début, réapprendre et retrouver les sommets. Et du coup, ce nouveau FIFA, ça donne quoi ?
Partir à l’aventure
Ce nouveau millésime de la simulation footballistique d’EA Sport a fait le pari, cette année, de laisser l’Ignite Engine sur le bord de la route pour s’octroyer les services du désormais fameux Frostbite Engine, rendu célèbre par la licence Battlefield entre autres. Si l’opération n’offre pas de résultat révolutionnaire, on est tout de même en droit de constater une certaine finesse supplémentaire sur le rendu général. L’herbe semble bien réelle et les animations, bien qu’un peu trop rapides, offrent une sensation de réalisme très appréciable. En revanche, il est toujours navrant de constater qu’on n’avance que trop peu sur les animations faciales des différents protagonistes. Si les visages sont de mieux en mieux modélisés, seule la partie inférieure est animée. Une animation labiale, un sourire et un froncement de sourcils, c’est à peu près à tout ce qu’on a droit de ce côté-là. Le résultat n’est toujours pas réellement convaincant surtout que les gros plans prennent de plus en plus d’importance avec l’arrivée du mode carrière scénarisé savamment nommé « L’aventure ».
Le mode Aventure nous plongera dans la peau d’Alex Hunter, jeune footballeur anglais souhaitant vivre son rêve : devenir joueur professionnel. Il ne faut pas s’attendre à pouvoir créer son personnage comme peut le permettre un NBA 2K, par exemple, en dehors du choix de notre équipe préférée et de notre poste de prédilection. Il est encore plus dommage de s’apercevoir que l’on est cantonné aux 20 équipes de Premier League (les fans anglais de Newcastle ainsi que les européens apprécieront) ainsi qu’aux postes offensifs. Avant-centre, milieu offensif ou ailier, voilà votre destin. En tout cas, c’est ce qui définit votre style de jeu plus que votre poste puisque l’entraîneur de votre équipe n’aura souvent que faire de vos affinités, préférant vous aligner milieu relayeur alors que vous êtes un 9 pur jus tandis que, votre amis et coéquipier Gareth Walker sera aligné en pointe alors qu’il s’agit d’un vrai 10.
- Pour gagner une place de titulaire, il faudra remplir un certain nombre d’objectifs pour satisfaire le coach
À la limite, dans le championnat anglais, les milieux font preuve d’une telle projection vers l’avant que, 8, 10 ou 9 et demi, cela fait finalement assez peu de différence sur le terrain. Remarquer, en revanche, que nos performances n’ont aucun impact sur les premiers mois de compétition est bien plus regrettable. Qu’on soit le Fabrice Fiorèse des temps modernes ou l’égal de Messi et Ronaldo, peu importe. C’est le banc puis la porte de sortie qui nous attendent. Tout du moins, au début. Quelle n’a pas été ma déception quand je me suis retrouvé poussé vers la sortie avec une moyenne de 2.5 buts par match sur les 10 premiers matchs de carrière. Fort heureusement, les aventures d’Alex Hunter, sont agréables à suivre et permettent, de passer un agréable moment sur le canapé malgré une intelligence artificielle en totale perdition. En effet, lorsqu’on décide de ne contrôler que le jeune Alex Hunter, nos coéquipiers semblent complètement hors de forme et ne jouent que très peu vers l’avant en multipliant les touches de balles et les passes en retrait. Inversement, lorsqu’on veut contrôler toute l’équipe, c’est notre joueur qui semble sous le coup d’une anesthésie du cervelet. Cantonné à un rôle de milieu relayeur excentré (alors que notre position préférentielle est avant-centre), Hunter restera collé le long de la ligne de touche tel un cocaïnomane en manque de rail blanc tout dépassant le plus difficilement du monde la ligne médiane. Il devient donc très compliqué de remplir nos objectifs offensifs dans de telles conditions. Il est donc préférable de choisir de ne jouer qu’un seul joueur en faisant fi des replis défensifs pour se concentrer sur l’attaque.
Place au jeu
- Dans l’Aventure, on attribut des caractéristiques à Alex Hunter pour le rendre meilleur selon notre style de jeu
Après tout, il s’agit bien là de ce que le jeu veut mettre en avant : l’attaque. Même s’il est bien possible de poser le jeu, redoubler les passes et d’attendre une ouverture dans la défense, le jeu incite tout de même à jouer rapidement vers l’avant. En effet, les appels plus tranchants des attaquants rendent les passes en profondeur mortelles. Lorsque le match oppose deux clubs du même calibre, le défenseur peut revenir sur l’attaquant s’il réagit assez vite. En revanche, en cas de duel relativement déséquilibré sur le papier, l’attaquant filera seul au but sans demander son reste. Difficile alors d’en vouloir aux joueurs de continuer d’alimenter les fameux Real - Real en ligne en alignant les joueurs les plus rapides de l’effectif. Cette année, et fort heureusement, les phases de possession ne se montrent plus stériles. En effet, il est bel et bien possible (si si je vous assure) de faire bouger le bloc défensif adverse pour s’introduire dans la surface adverse ou s’ouvrir une fenêtre de tir au 20 mètres.
Si tout ça est rendu possible, on le doit surtout à l’absence d’erreur sur les contrôles des joueurs. Souvenons-nous quelques secondes des contrôles manqués pour des raisons peu évidentes. Il est grand temps de tirer un trait dessus car l’intégralité des contrôles et passes en une touche de balle sont assurés. L’impression est quelque peu déroutante lors des premiers instants mais on s’y fait assez vite. Je trouve personnellement ça dommage d’enlever cette dimension d’erreur en intégralité car un mauvais contrôle ou une passe mal assurée font partie intégrante du football. Alors oui, la fréquence était beaucoup trop élevé et trop contraignante l’année dernière mais il aurait suffit d’ajuster tout ça, pas le supprimer.
Si l’attaque semble tant mise en avant, le mérite en revient aussi (surtout ?) à la défense qui se révèle plus exigeante et submersible que jamais. Les timings de tacle se sont resserrés, la protection de balle des attaquants est plus efficace, le pressing est moins hargneux et les attaquant bien plus incisifs. Il faut alors bien souvent compter sur la maladresse des joueurs adverses ne maîtrisant pas encore la nouvelle physique de balle. Plus lourd, le ballon aura bien plus de mal à partir en lucarne d’une frappe croisée surpuissante. C’est bien souvent un bon vieux tir écrasé filant directement près du poteau de corner auquel il faut s’attendre lors des premiers essais. Si les frappes enroulées paraissent plus efficaces, la plupart des buts viendront de face à face ou du centre. Il apparaît d’ailleurs assez clairement que les centres sont, pour l’instant, trop efficaces à l’instar de ceux de FIFA 14. En dehors de ça, il n’y a, pour le moment, pas de grosse faille à signaler et en soi, c’est déjà pas mal.
Dans notre rayon nouveautés
Au rayon des nouveautés, comment ne pas souligner l’arrivée aux commentaires de Pierre Ménès qui s’en vient rejoindre son compère du Canal Football Club, Hervé Matoux. Si le duo était alléchant sur le papier, le résultat final est, lui, décevant. En effet, en dehors de quelques remarques bien senties en début de match, notre ami Pierrot manque de tranchant dans ses interventions et, le mixage audio n’aidant pas, est clairement en retrait de son binôme. Il en reste que l’arrivée de sang neuf fait du bien ; gageons une synergie décuplée pour l’épisode prochain. Il ne peut en être autrement au vu de la réputation et des prises de position si tranchées de celui qui se trouve être un des tout meilleurs consultant du football français.
- Le nouveau système de coup de pied arrêté demande beaucoup d’application mais est terriblement précis
On notera aussi l’apparition remarquée d’un tout nouveau système de coup de pieds arrêtés indirects. Il est désormais possible de viser une zone du terrain grâce à un viseur ainsi que déplacer ses joueurs pour les positionner au bon endroit. Si la méthode est déroutante lors des premiers essais, la faute en incombe à réticule de visée qui offre une résistance le faisant revenir à son point de départ lorsqu’on lâche le stick. Il faut donc faire preuve d’une réelle dextérité pour parvenir à ses fins. Fort heureusement, cette difficulté vient compenser la précision de ces coups de pieds arrêtés.
Les amateurs du mode Club Pro devraient, eux aussi, voir leurs habitudes quelque peu chamboulées. Fini les milestones à passer pour augmenter nos statistiques. Maintenant, notre joueur évolue de match en match en fonction du contenu proposé et du résultat. Il faudra en plus dépenser, au choix, des points de compétence dans les grandes catégories de statistiques qui nous sont proposées. En revanche, n’espérez pas trop vous améliorer en jouant en match libre (donc hors club structuré) tant on y trouve une quantité hallucinante d’idiots avec qui il est juste impossible de jouer. Dribbles en tout genre et dans tous les sens, frappes désespérées, absence totale de jeu, une demande constante du ballon anéantissent 90% des attaques. La plupart des énergumènes croisés dans les matchs libres ont beau se croire meilleurs que Maradona, ils n’en restent pas moins des Cavani au rabais.