Du haut du donjon, mon regard se perd dans le lointain. Le soleil caresse de ses derniers rayons l’ensemble de mes terres. On dit qu’un homme peut voir l’ensemble de sa vie en se retournant juste une dernière fois avant de mourir. Ma fin est proche, la maladie me ronge de l’intérieur. Lorsque je me retourne, je ne vois qu’acier, poussière, flammes et compagnons étendus dans leur sang. Le pouvoir a un prix et je l’ai payé au centuple. Jeune, j’avais soif d’aventure et de reconnaissance. J’étais parti de la ferme de mes parents sur le plus vigoureux des chevaux de trait, armé d’une simple épée rouillée. Bien des années plus tard, je me trouve à la tête d’une armée, souverain des terres que j’ai conquises, craint de mes ennemis, de mon peuple et même de mes amis. Je contemple un royaume éphémère qui disparaîtra dans les cendres de mon bûcher funéraire. Je suis devenu un roi alors que j’aurai dû, avant tout, m’évertuer à être un homme. Désespéré, je quitte le jeu et je lance une nouvelle partie de Mount & Blade : Warbound afin de gommer les erreurs de cette première vie.
Il était une fois un gueux…
C’est le Moyen-age. Du moins c’est la première chose à laquelle on pense lorsque l’on se lance pour la première fois dans une partie de Mount & Blade : Warband. Mais pas pour les bonnes raisons, en effet, les graphismes de Warband, terriblement moch… euh, austères nous ramènent directement au Moyen-age des jeux PC. Pour les vieux, commencer une partie de Mount & Blade est comme se prendre une grande vague de nostalgie en plein visage. Si on la voit venir, c’est drôle et sympathique, dans le cas contraire on boit la tasse, et là cela devient gênant et désagréable. Pour les petits jeunes qui ne jurent que sur la sainte technique, la tasse est assurée et on prie pour qu’ils aient pensé à mettre leur bouée canard afin de ne pas disparaître sous les flots. Avouons-le de suite, ce serait bien dommage pour eux. Car bien caché derrière cette austérité se cache un jeu que l’on pourrait qualifier de bac à sable médiéval aussi riche que généreux.
Cette générosité n’est pas sans rappeler un monument du jeu vidéo : Pirates ! de Sid Meier. En gros comme dans Pirates !, Mount & Blade propose une simulation de vie au Moyen-Age ou comment un petit personnage sorti de nulle part, va devenir un puissant et respecté seigneur… ou autre chose vu que l’on est totalement libre de mener sa barque où bon nous semble. Et on débute comme cela à Mount & Blade, après avoir créé son personnage, défini son passé et son sexe (l’aventure sera plus difficile si l’on incarne une femme ou un simple roturier, Moyen- ge oblige) et choisi son royaume de départ. On échappe de peu à la mort et on se trouve engagé par un marchand pour libérer son frère capturé par des brigands. Évidemment partir seul relève du suicide pur et simple, vu que l’on n’est pas suicidaire par principe, on se constitue très rapidement un petit groupe de mercenaires afin de régler le problème. Et de petit groupe, le jeu nous fait progressivement passer en bande puis de bande en véritable armée.
Mount & Blade : Warband se révèle petit à petit et se paye le luxe d’arriver encore à surprendre le joueur après plusieurs heures de jeu. Du moins celui qui ne se sera pas noyé avant car on peut se perdre très rapidement à enchaîner des quêtes annexes afin de pouvoir payer la rente de notre armée, et ces dernières sont très nombreuses. Vous pouvez récupérer des missions auprès des châtelains et seigneurs locaux afin de vous mettre dans leurs bonnes grâces tout en faisant attention que celles-ci ne vous mettent pas dans la case des têtes à trancher de leurs belligérants. Le monde de Mount & Blade est vivant et évolue sans cesse, les armées se déplacent, les châteaux tombent, les villages sont pillés, les alliances se font et se défont et les guerres s’entretiennent ou se meurent. C’est vraiment plaisant d’évoluer en son sein, surtout que le champ des possibles est énorme.
Vous souhaitez faire du commerce entre différentes villes ? Possible. Vous souhaitez piller des villages environnants, capturer un petit fort ? Possible. Vous enrichir grâce au commerce d’esclaves ou en récupérant la rançon d’un seigneur capturé ? Possible aussi. Mount & Blade : Warband est une véritable simulation moyenâgeuse où tout -ou presque- est permis, même faire la cour à une dame afin d’élargir son domaine ou établir une alliance. Seuls vos compagnons viendront quelquefois commenter vos actions, l’esclavagisme et le pillage ne sont pas du goût de tout le monde. Si vous ne souhaitez pas perdre quelques éléments importants de votre armée, il faudra gérer les susceptibilités de votre bande voire choisir entre deux compagnons qui ne se supportent tout simplement pas. On appelle cela les joies de la vie en groupe.
Le Moyen- Age, c’est mieux sur PC
Tout aurait pu être parfait dans le meilleur des mondes, si bien sûr on arrive à laisser de côté l’austérité technique de Mount & Blade, mais malheureusement il traine derrière lui les tares du transfert d’un jeu PC sur console. Celles-ci ne se résument pas à l’absence des mods d’une communauté de fans très active depuis le début de l’aventure, certains d’entre eux ont même été implémentés directement sur cette version Warband. Non, en fait la plus grosse tare de Mount & Blade vient de sa maniabilité qui peine réellement à faire oublier son origine clavier/souris. Lorsque l’on essaie d’enchaîner les frappes d’estoc avec notre bâtarde puis parer comme on peut avec notre écu, la lourdeur de notre avatar vient nous rappeler comme il est pratique de diriger indépendamment et surtout avec précision les coups et les déplacements avec un clavier et une souris.
Cela est d’autant plus évident lorsque l’on charge les troupes adverses à cheval, gérer la course de notre destrier et en même temps les coups de lance ou d’épée et un véritable calvaire, si bien que, frustré de frapper dans le vide, on se presse de quitter notre monture pour rejoindre la mêlée à terre. Vu l’âpreté des combats et la puissance des coups montés, c’est un peu contre-productif. On oublie aussi le tir à l’arc monté qui est… une affaire de chance à la manette. Petit à petit, on délaissera même totalement le cœur du combat pour gérer nos troupes de loin en faisant tirer nos archers avant de faire charger la cavalerie puis de finir le travail avec notre infanterie. Des commandes vocales sont disponibles, malheureusement pas en français, mais on ne va pas faire la fine bouche, c’est déjà bien qu’il soit entièrement traduit.
Le transfuge PC/console ne se subit pas seulement sur les combats mais aussi sur les menus aussi austères que la technique et aussi peu intuitifs que la maniabilité du jeu. On s’y perd facilement, la plupart sont juste une longue série de texte et dans tous les cas on sent qu’ils se prêtent beaucoup plus à la souris et aux raccourcis clavier qu’à notre cher pad Xbox. L’inventaire, quant à lui, est réellement immonde ; déjà, il est impossible d’y accéder facilement et impossible d’y accéder tout court sur le champ de bataille (pratique lorsque l’on veut récupérer les armes de nos adversaires vaincus afin de les vendre). La représentation des objets est beaucoup trop grande, ce qui donne un texte immonde et pas ergonomique et une gestion de l’ensemble particulièrement lourde. On a l’impression en fait que Mount & Blade fait tout pour décourager un éventuel joueur à l’aimer sans retenue en mettant sans arrêt en balance une richesse et un contenu grisant et une technique et une maniabilité rageante.
Warband propose en sus un mode multijoueur en ligne qui est censé regrouper jusqu’à 32 joueurs dans des traditionnels Deathmatch, Deathmatch en équipe, Capture the flag, Conquest, Battle et siege (qui comme son nom l’indique nous permet d’attaquer un château défendu par d’autre joueurs). Malheureusement, vu le peu de joueurS ayant succombé à Mount & Blade sur Xbox One, nous n’avons pas eu le loisir de tester correctement ces modes multi faute de combattants. Ils ont le mérite d’exister mais la grande force de Mount & Blade : Warband résidera essentiellement dans sa campagne solo riche, prenante et totalement chronophage.