Ah les vacances ! Le moment propice à toutes les aventures les plus incongrues, les escapades les plus folles, les expériences les plus extravagantes ! Une petite parenthèse enchantée pour tous, qui nous permet, un instant, de se libérer des chaînes du quotidien pour s’envoler ailleurs et avoir le sentiment d’être libre... tout simplement. C’est un peu tout ce que vous propose The Solus Project. Un peu. Car les vacances seul sur une planète déserte et inhospitalière sont loin, mais alors très loin, d’être une sinécure !
Life on Mars ?
Derrière le nom The Solus Project se cache le dernier espoir d’une humanité qui a été obligée de quitter la Terre, ravagée par l’impact d’une immense météorite. Trouver une nouvelle maison, une planète habitable pour que l’humanité puisse être préservée, voilà ce qu’est le projet Solus. Vous faites partie de la mission de reconnaissance sur l’une des dernières planètes potentielles : Gliese-6143 C. A peine arrivé en orbite autour de cette dernière qu’un étrange projectile provenant de sa surface détruit l’intégralité de votre vaisseau. Vous seul avez réussi à vous échapper de cette terrible tragédie à bord d’une nacelle de survie et à atterrir sur cette étrange planète.
C’est à ce moment-là que votre côté Man/Woman vs Wild prend le dessus. Car oui dans The Solus Project vous allez pouvoir choisir le sexe de votre avatar et donc l’intonation de ses cris désespérés et le timbre de ses questionnements intérieurs. Car l’incidence sur le jeu n’excède pas ces deux petits éléments. A peine remis de vos émotions, et après avoir admiré le paysage qui, avouons-le est assez impressionnant, des choses plus terre à terre vont rapidement vous sortir de votre torpeur : manger, boire, dormir et se réchauffer. Vos premiers pas dans The Solus Project sont assez déroutants, on s’attend à un jeu d’exploration et on tombe au final et très rapidement sur un jeu de survie et ses traditionnelles contraintes. Les nuits sont très froides et les jours très chauds et il faut sans cesse faire très attention à vos paramètres vitaux afin de ne pas mourir bêtement et se retaper un indigeste et très long chargement pour reprendre votre partie. Soyons francs, l’aspect survie de The Solus Project ressemble à une sorte de gimmick incorporé au dernier moment pour rajouter une sorte de challenge purement artificiel. Cette partie est totalement loupée.
On a l’impression de jouer à une sorte de jeu de survie pour les nuls où l’on commence par fabriquer une torche avec un tube d’acier et des racines sèches avant de gérer ses réserves de nourriture et d’eau dans un inventaire plutôt réduit. En plus de disposer d’une maniabilité étrange et mal conçue. Étrangement, si on est équipé d’une torche, on ne pourra que mettre le feu à une plante comestible sans la récupérer directement, et je vous passe la gestion indigeste de l’inventaire. Cet aspect survie casse totalement le rythme et l’intérêt de l’exploration en hachant plus que de raison nos pérégrinations. De plus, la sauvegarde se fait automatiquement, uniquement et à chaque fois que l’on dort ou que l’on change de zone. Pas vraiment pratique. A moins d’aimer se faire mal inutilement, il est largement conseillé de régler les paramètres du jeu, heureusement nombreux, afin de réduire l’aspect survie à un minimum tolérable et d’augmenter au maximum le temps du cycle jour/nuit. Une fois ceci fait, le jeu se montre alors sous son vrai visage et devient largement plus recommandable. The Solus Project est un jeu d’aventure, exploration, littéralement fascinant et je vais vous expliquer pourquoi.
Ground control to Major Tom
N’espérez pas monter un petit camp de fortune au bord de la plage et profiter du panorama magnifique que vous offre la petite île sur laquelle vous avez atterri : la survie de l’humanité dépend de vous et de vos actions. Vous allez devoir très rapidement vous mettre en route afin de comprendre ce qui a bien pu vous arriver, voir si Gliese-6143 C est habitée et surtout trouver un moyen de communiquer avec la mission principale. Un beau programme et surtout une sacrée aventure. L’écosystème de la planète est tout simplement magnifique et surprenant, on se glisse très facilement dans la peau de cet explorateur en herbe. On est sans cesse sur le qui vive à chercher le moindre élément remarquable, examiner attentivement les différentes formes de vie végétales que l’on croise et surtout survivre au climat chaotique de Gliese-6143 C.
The Solus Project est formidable dans l’ambiance qu’il propose car il arrive à faire de la planète un personnage à part entière. Les marées sont importantes et suivant l’heure de la journée, la côte a un visage radicalement différent, il faut faire attention à l’endroit où l’on s’endort pour ne pas se réveiller les pieds dans l’eau ou tout simplement… noyé. La végétation pousse aussi naturellement, elle est balayée par les vents et les tempêtes. Ces dernières peuvent être particulièrement impressionnantes et violentes lorsqu’elles prennent la forme d’un ouragan ravageant tout sur son passage. On prend alors ses jambes à notre cou et on fonce vers la grotte la plus proche. Que dire aussi des violentes pluies de météorites aussi impressionnantes que mortelles ? The Solus Project réserve bon nombre de surprise dans ce genre qui renforcent l’ambiance et la crédibilité de son univers ce qui rend l’exploration aussi grisante que passionnante.
Le jeu regorge aussi de secrets, parmi lesquels on déplore la présence de feuilles de journaux intimes de l’équipage dispersés un peu partout. Ces papiers distillant l’intrigue et le contexte au petit bonheur la chance et qui représentent le degré zéro de la narration dans le jeu vidéo ne servent globalement pas à grand-chose. On ne peut en dire autant des étranges artefacts que l’on découvre au gré de nos pérégrinations, globalement bien cachés, ils octroient quelques bonus bien utiles comme une meilleure résistance à la déshydratation, à la chaleur, plus de vie, une vitesse accrue ou encore la possibilité de respirer plus longtemps sous l’eau. L’endroit où l’on trouve ces artefacts sont autant de signes d’une présence plus ou moins disparue d’une véritable forme de vie intelligente sur la planète et augmente progressivement nos interrogations et notre volonté de découvrir le terrible secret que cache cette planète.
Le plaisir de la découverte est omniprésent dans The Solus Project, et tous les amoureux d’exploration seront aux anges. Rien n’aiguille le joueur sur les secrets que renferment les moindres recoins de la planète, ce n’est qu’en essayant certains passages, en regardant attentivement derrière le moindre rocher que l’on tombera sur les lieux les plus étranges et énigmatiques. Se contenter de suivre les objectifs de notre console de survie fait passer à côté de l’essentiel du jeu. Attention toutefois car aucune carte n’est disponible, il faut partir à l’aventure en ayant un minimum de sens de l’orientation et aussi quelques notions d’anglais car le jeu n’est pas traduit. Si on a trop peur de se perdre on peut toujours laisser derrière nous un disque de téléportation, cela peut nous permettre de revenir à un endroit connu. Ce dispositif n’est pas seulement conçu pour revenir sur ses pas mais aussi, et surtout, pour atteindre des endroits inaccessibles, dangereux ou malheureusement, essayer de sortir d’un endroit où l’on se trouve totalement bloqué. Le défaut de cette grande ouverture à exploration est qu’elle pousse souvent le joueur à tenter d’atteindre les lieux à première vue inaccessible et surtout non prévus pour l’être par les programmeurs. On se retrouve souvent bloqué dans des endroits incongrus et obligé de recharger une partie… et de subir à nouveau un long temps de chargement. Ces aléas techniques montrent les limites des deux équipes de développement à l’origine du jeu, techniquement joli mais pas fou avec ses ombres assez moches, le rendu de l’eau et ses nombreux effets pixélisés. On pardonne moins la sensibilité par défaut du jeu qui personnellement m’a rendu malade très rapidement. Heureusement, comme pour la survie, cela se règle !