C’est en 2009 que Red Lynx a sorti la première itération de sa saga phare, Trials. Misant l’essentiel du jeu sur une fameuse maniabilité comme l’appellent les experts « au poil de cul », ce jeu de Trials a su très rapidement se faire une place chez plusieurs types de joueurs du monde entier : les curieux, les courageux, les scoreurs invétérés, ou même ceux qui voulaient juste pouvoir inscrire leur nom en haut du classement de leurs amis. Il y a peut-être un peu de tout ça en vous, qui est resté malgré le changement d’univers radical introduit par Fusion, et c’est pour ça que vous êtes venu voir si ce Trials of the Blood Dragon, annoncé et sorti un peu en surprise pendant ce dernier E3, était aussi bien qu’il avait l’air barré.
Rex, au pied
Pour ce Trials, le mashup avec Blood Dragon a imposé aux équipes de Red Lynx de mettre en place un semblant d’histoire ; vous incarnez les enfants de Rex Colt, Roxanne et Slayter, en 2019, qui participent à la 4e guerre du Vietnam afin de sauver la liberté et le monde. Est-ce que ça change quelque chose au jeu ? Non. Est-ce qu’on s’en fout ? Been…c’est plus discutable. Cette ambiance neon retro des années 80 qui coule dans les tuyaux de refroidissement du titre est aussi l’occasion de faire un pot-pourri de plusieurs éléments emblématiques de ces années. Citons par exemple des sortes de cartes Panini à collectionner et à coller dans son album au fur et à mesure de sa progression ou un avatar qu’on choisit dès le début et qui va grandir en fonction des scores que vous effectuerez. L’excellente bande son est en parfait accord avec cet univers sur-coloré et volontairement bordélique (le menu annonce déjà la couleur), à l’image des cinématiques complètement WTF qui posent l’histoire entre les niveaux ou des sons 8-bits des menus.
De ce côté, l’ambiance est très réussie, pour peu qu’on adhère à ce style. En effet, cette direction artistique forte est présente jusque dans le gameplay du jeu, et c’est là que va s’opérer la scission entre ceux qui accrocheront ou ceux qui détesteront le jeu.
Journée au pays des drogués
Vous vous dites sans doute qu’il m’en a fallu du temps pour parler d’un point aussi anecdotique que l’atmosphère dans un Trials. Mais rappelez-vous de Fusion ; si comme moi l’ambiance futuriste du jeu et les délires de poney et de chat vous ont perdu, il y a des chances que cette nouvelle direction prise par le titre vous soit fatale.
En jeu, on retrouve toutes les mécaniques qui ont fait la popularité de Trials ; la maniabilité ne change pas, c’est un vrai plaisir, mais les développeurs ont eu la volonté d’ajouter des nouveautés fortes : on sera désormais amené à piloter d’autres véhicules, comme un char, un wagonnet de mine, un BMX, un jetpack ou…ses propres pieds ! Ces phases vous feront oublier que vous êtes dans un Trials. Si l’utilisation de chaque véhicule ne représente en général qu’un court morceau d’un niveau et est plutôt anecdotique, les phases de plate-forme à pied reviennent régulièrement. La maniabilité m’a semblé un peu lourde et pas franchement convaincante quand il faut enchaîner un peu rapidement les mouvements, malgré quelques phases intéressantes. Cette orientation plateforme se retrouve dans les ennemis que vous croiserez parfois (à pied aussi bien qu’en véhicule) et qu’il faudra écraser ou shooter avec le stick droit avant qu’il ne s’en occupent. Ce même stick droit servira aussi à l’utilisation du grappin qui se présente sous forme de corde qu’on accroche à des éléments prédéfinis, obligeant à bien calculer la distance de balancement nécessaire pour atteindre la prochaine plateforme, un des rares ajouts intéressants au gameplay du jeu (avec, si comme moi vous y accrochez, les phases en jetpack) !
Par ailleurs, le temps des niveaux est désormais calculé sur un minuteur qui défile jusqu’à 0 et non plus d’un compteur indiquant le temps pris pour finir le niveau. Ce petit détail change pas mal de choses, puisqu’il n’est désormais quasiment plus question de faire un chrono de folie, les classements par temps ayant été planqués dans un sous-menu, mais juste de se situer sous un seuil définissant votre niveau (A, B, C, etc.) sur la course. Ça et le nombre de chutes que vous avez faites. Mais là où les précédents opus proposaient gentiment des courses classées en catégories pour différents types de joueurs (de « passant par là » à « purement cinglé »), le niveau suit désormais la progression de l’histoire et augmente doucement…sans devenir vraiment élevé.
Au final, la vraie difficulté viendra de la direction artistique du titre. En effet, le côté surchargé et hyper coloré des 80s ainsi que le trip drogué de Blood Dragon avec des niveaux qui tournent pendant qu’on avance rendent la lecture des trajectoires parfois impossible sans se planter. C’est une nouvelle entorse aux possibilités de scoring du titre puisqu’il sera presque utopique de trouver une trajectoire idéale sur un parcours à ce point en mouvement.
Au rayon des absents, citons aussi l’éditeur de niveau, les mini-jeux et le multijoueur, car on ne peut désormais que lancer un niveau après l’autre, en mode « histoire », ce qui rend le jeu assez court au final puisque ce ne sont pas les 30 missions prenant place dans les 7 différents mondes qui vous tiendront en haleine bien longtemps.