Test - Rugby Challenge 3 : Jonah Lomu Edition

«Ballon mort...» , - 7 réaction(s)

L’arbitre faisait mine de ne rien voir. Il scrutait d’un air absent les poteaux d’en but comme hypnotisé par l’oscillation qu’ils prenaient sous le vent. A vrai dire j’étais trop occupé pour m’en soucier. Méthodiquement, scrupuleusement, je m’efforçais d’enfoncer millimètre par millimètre le visage du dernier jeu de Rugby que j’ai testé dans le gazon. Mes crampons 36mm en étaient presque limés. J’avoue avoir mis de côté ma machine à baffes après avoir ressenti une légère contracture au niveau du poignet. Une blessure est si vite arrivée, il faut savoir écouter son corps au premier signe de fatigue. Rugby Challenge 3 se tenait juste derrière moi, tout tremblant. Poli, il attendait son tour. Entre deux coups de talons, j’ai tourné la tête de son côté et lui ai adressé un sourire suivi d’un petit mouvement de la main amical. Il faut avouer que j’ai gardé énormément de sympathie pour ses grands frères malgré leurs défauts. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour lui ?

Plus grand monde sur le terrain

Ce rouquin est un élément majeur de l’équipe de France...

Après la honte Rugby 15 et son ersatz à peine mieux spécial coupe du monde, j’avoue avoir rongé mon frein rugbystique durant cette longue période de disette. En tant qu’amateur de rugby, tous mes espoirs et mon dévolu s’étaient portés sur le tant attenu Rugby Challenge 3. Une attente que j’espérais voir récompensée par un jeu à la hauteur des promesses et des qualités des deux opus précédents. Hélas, on va commencer par une bien mauvaise nouvelle et qui va me pousser à détester plus encore HB Studio et son « jeu » de la honte : la guerre des licences étant ce qu’elle est, Rugby Challenge 3 arrive sans le Top 14. Et là, ça fait mal.

...le Top 14 est remplacé par un ersatz de compétition française avec de faux clubs et de faux joueurs.

Exit les fabuleux Clermont-Racing ou Racing-Toulon et même les matchs de mon équipe de coeur, la Stade Toulousain, le Top 14 est remplacé par un ersatz de compétition française avec de faux clubs et de faux joueurs. Malheureusement ce n’est pas tout, le monde du rugby vidéoludique se trouve scindé en deux. Rugby Challenge 3 possède les droits de nombreux championnats comme ceux de l’Angleterre, de la Nouvelle-Zélande, de l’Afrique du Sud, de l’Australie et donc du super 15. Oui, le Super 15, vu qu’ils sont restés à l’ancienne version sans l’ajout des équipes japonaises et argentines. On oublie donc le tournoi des six nations, la plupart des équipes européennes (sauf l’Angleterre), la plupart des clubs européens, la Champions Cup et j’en passe. C’est moche, c’est triste, c’est désespérant. Chaque année, l’amateur de rugby et de jeu vidéo devra faire le choix entre l’hémisphère sud sans l’Argentine, les Samoas, les Fidjis et autres Tongas ou l’hémisphère nord sans l’Angleterre.

Le prénom Censuré revient à la mode

Pour pallier cette regrettable absence Rugby Challenge 3 propose le Centre de Fans, une sorte de portail communautaire qui permet de récupérer et de partager toutes nos créations originales de joueurs ou d’équipes. On trouve déjà facilement, le RCT, le Racing, le Stade Français, le Stade Toulousain, Clermont et les principales équipes nationales européennes. C’est déjà ça de pris, c’est sympathique mais cela ne remplacera pas l’intégration directe des licences avec les vrais maillots et tout le bazar. Le système de création des joueurs est toujours aussi complet et permet de créer facilement un avatar de notre joueur préféré. On peut même en faire un tatoué cette fois-ci. Petit bémol un peu lourd toutefois, le jeu intègre un système de censure étrange et idiot en ce qui concerne les prénoms : on peut facilement appeler notre créature Têtedenœud mais pas Martin. C’est bête pour Juan Martin Hernandez la star Argentine qui de fait ne peut pas avoir de prénom.

Le même en pareil, ou presque

Jonah Lomu reste, même après sa mort, LA star du Rugby...

Vous l’aurez compris ce manque de licence et notamment l’absence du Top 14 est sûrement l’élément le plus préjudiciable car, rappelons-le pour les non initiés, la série des Rugby Challenge des Néozélandais de Sidhe demeure encore à ce jour la plus satisfaisante pour les amateurs de rugby et surtout la plus prometteuse. Jusqu’à ce troisième opus, à vrai dire, car le bébé est passé des Kiwis aux Wallabies, en effet un changement de développeur est intervenu et c’est l’équipe australienne de Wicked Witch Software qui est maintenant aux commandes. Un studio plus important qui aurait pu/du faire passer un cap à Rugby Challenge. Malheureusement, il n’en est rien et Rugby Challenge 3 se présente à nous dans son plus simple appareil, on peut même se demander quel a été le boulot réalisé par les développeurs de Wicked Witch.

Le Haka des Allblacks reste une exclu de Rugby Challenge

Avant de remettre mes crampons et de m’atteler à parfaire mes rucks « virils » mais corrects sur un Rugby Challenge 3 à terre, je vais tout de même présenter la licence à ceux qui ne la connaissent pas : il s’agit tout simplement de la simulation de rugby la plus honorable de ces dernières années. Plutôt jolie (par rapport aux autres), elle sort surtout du lot par un gameplay qui sent, qui respire le rugby et qui conviendra à la grande majorité des amoureux de ce sport désireux de s’y adonner sur leur console préférée et ce sans risquer de se casser une côte au cours d’un simple match de flag à 40 ans. C’est du vécu. Le jeu arrive à alterner correctement les phases au large et le travail de sape des avants. On peut jouer le contest du ballon juste après un plaquage, jouer rapidement les touches, préférer un rugby d’occupation par le jeu au pied, bref le panel est suffisamment large pour que l’on puisse prendre du plaisir à chaque match. On a même droit à l’arbitrage vidéo pour voir s’il n’y a pas eu un en-avant au moment d’aplatir. L’amateur de rugby arrive à trouver son compte rapidement et ce en oubliant les carences techniques du titre à savoir une animation hachée, pas mal de bugs de collision, sans parler du sound design qui n’a pas évolué depuis la première mouture du jeu et se paye le luxe de proposer des commentaires français aux fraises la plupart du temps et très mal compressés !

Les pénalités sont toujours aussi agréables à tirer

Bon, ça c’était pour les nouveaux venus. Pour les anciens, le tableau est moins rose. Vous vous souvenez de Rugby Challenge 2 ? Et bien c’est pareil. Identique. Mis à part le gain de netteté des graphismes, on croit retrouver un bête portage du même jeu, trois ans plus tard et sans le Top 14. Le gameplay n’a pas évolué d’un iota, aucune amélioration, les animations sont aussi anémiques qu’avant, les commandes réagissent toujours avec autant de latence. J’ai même eu la désagréable surprise de retrouver le bug d’animation qui nous fait perdre le contrôle de notre joueur en instance d’être plaqué : une fois pris dans la nasse et même dans l’en but, impossible de le faire tomber pour qu’il aplatisse, il fait cinq mètres avec son défenseur sur le râble pour finir en ballon mort… Ce n’est qu’après quelques parties que l’on arrive à déceler avec pas mal de bienveillance quelques changements et ils concernent tous le secteur de l’IA. On est heureux de voir que les errements défensifs présents dans Rugby Challenge 2 ont disparu, le jeu d’occupation est mieux retranscrit, on s’extasie de voir que les joueurs laissent sortir un ballon envoyé par l’adversaire pour obtenir un renvoie aux 22. Bref, les matchs s’avèrent beaucoup plus cohérents à défaut de proposer une technique correcte. On en arrive même à oublier les défauts et se perdre dans un plaisir coupable et ovale.

Et en bonus : pas grand chose…

L’essentiel du combat se situe devant, au coeur de la mélée

Certainement pour éviter que le manque de travail effectué soit trop flagrant, les développeurs de Wicked Witch ont rajouté deux-trois trucs à leur jeu. Bon, rassurez-vous pas grand-chose, juste deux modes de jeu supplémentaires pour un résultat pas franchement convaincant. On commence par l’apparition du Rugby à 7, épreuve star des prochains JO. Lorsque l’on connaît la qualité et l’explosivité du Rugby à 7 on ne peut que se réjouir de cette arrivée, hélas non content de souffrir du même syndrome d’absence de licences officielles que pour le XV, ce mode de jeu reprend le même gameplay et s’accompagne des mêmes errements que son grand frère. Et là, ça ne va plus du tout, car autant l’animation anémique, la latence des commandes et le manque de fluidité dans le jeu peut passer dans un rugby fragmenté et spécialisé comme le XV, autant dans le sept on en arrive à une recette totalement rédhibitoire. De plus, l’IA est travaillée pour les matchs à XV et passe donc souvent à travers sur le sept, par exemple les départs petit côté marchent presque à chaque fois. Un coup d’épée dans l’eau qui ne pourra tenir que quelques parties entre amis et encore.

A sept, le coup d’envoi demeure stratégique

Reste le mode devenir pro qui, comme son nom, l’indique vous glisse dans la peau d’un joueur lambda pour lui faire gravir les échelons jusqu’à devenir la star de l’équipe nationale. On rappelle au passage qu’il ne pourra pas s’appeler Martin. Pour ce faire, lors de chaque match disputé il lui sera demandé de remplir une liste de 5 objectifs suivant son poste. Chaque objectif rempli avec succès accorde des points de bonus qui augmenteront quelques unes de ses nombreuses caractéristiques. Dans l’idée, c’est pas mal sauf que là aussi tout ne répond pas au quart de tour. Demander une passe est une gageure, la latence des commandes est encore plus rageante, partir ballon en main derrière une mêlée en tant que huit ne marche pas et certains objectifs sont bugués ou impossibles à remplir. Comme par exemple, voler une balle en touche à d’adversaire lorsque l’on n’est pas sauteur attitré et les passes après contact ne sont pas comptabilisées même si elles sont faites correctement. On a beau être indulgent, cela a du mal à passer. Pour en profiter pleinement mieux vaudra se tourner vers le mode carrière en prenant une équipe anglaise, australienne, néo zélandaise ou sud-africaine. De toute façon, on n’a pas vraiment le choix…

Bilan

On a aimé :
  • Retrouver Rugby Challenge sur One
  • Le centre de fans
  • Une IA meilleure que dans le deux
On n’a pas aimé :
  • On pourrait appeler ça un bête portage…
  • …sans la licence du TOP 14, ni beaucoup d’autres d’ailleurs
  • Les commentaires français aux fraises
  • Pas mal de bugs, l’animation, et la réalisation datée
  • Le rugby à sept et le mode Devenir pro ajoutés à l’arrache
Va falloir arrêter de se regarder et y aller !

Amendonné, (il fallait que je le place celui-là), l’excuse du peu de moyens et du jeu de niche ne peut pas justifier un manque flagrant d’implication et de talent. Rugby Challenge 3 en est l’exemple précis. Trois ans après un Rugby Challenge 2 que l’on avait trouvé un peu trop sage bien que toujours au-dessus de la concurrence, il joue la carte de l’économie en n’endossant que le rôle de simple copie. Un sur place préjudiciable d’autant plus qu’au passage la série perd un grand nombre de licences dont celle du Top 14. Les développeurs ont beau faire du remplissage avec l’ajout du rugby à sept –sans prendre en compte ses spécificités- et du mode Devenir pro bugué et incomplet, les quelques améliorations de l’IA ne peuvent gommer l’absence totale d’évolution d’une série certes sympathique mais de plus en plus dépassée. L’espoir dans le cœur des joueurs laisse progressivement place à une immense déception comme celle de voir le triste destin d’un ancien jeune joueur prometteur dans l’anonymat du banc de touche.

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Rugby Challenge 3 : Jonah Lomu Edition

PEGI 0

Genre : Sport

Editeur : Bigben Interactive

Développeur : Sidhe Interactive

Date de sortie : 13/06/2013

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4

7 reactions

pushfred

07 jui 2016 @ 11:41

Il est moins pire que les autres ou pas ? C’est ça qu’on veut savoir...

Jarel

07 jui 2016 @ 11:43

C’est pareil que le 2 avec juste une IA améliorée, deux modes en sus et sans le TOP 14. Il faut lire le test screugneugneu !

Sinon c’est chouette quand même (largement mieux que l’infâme Rugby 15 !).

pushfred

07 jui 2016 @ 11:54

J’avoue, je n’ai pas lu le test en entier ( je ne me fais pas d’illusion), j’ai juste lu les « on a aimé » ou « on a pas aimé »...apparemment c’est pas encore au point les jeux de rugby, et en plus je ne peux pas jouer avec l’UBB. Tant pis :-(

pushfred

07 jui 2016 @ 11:57

J’ai tout lu cette fois-ci. Très bon test ; on sent que tu connais le Rugby...;-)

Jarel

07 jui 2016 @ 12:59

Ah mais je suis né dedans (Toulousain con et du sud ouest comme toi) ! Cela reste à ce jour la meilleure option pour jouer au rugby sur console (sans problèmes sur ONE) si on joue encore sur 360 il reste le finalement sympathique World Cup Rugby 2011 qui est plus accessible.

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Fablink

11 jui 2016 @ 11:53

Merci pour ce test, le seul en fr à ce jour. Ce qui est assez dommage vu le peu de jeu de Rugby qui sortent. Par contre serait-il possible de tester Rugby league live 3, paru l’an dernier. Certes c’est du XIII mais il fait par le studio à l’origine des Rugby Challenge et de ce qu j’ai pu en voir l’évolution à l’air plus marqué comparé au précédent épisode.

Jarel

12 jui 2016 @ 20:52

Fablink > merci, j’aurai bien voulu tester aussi rugby league 3 mais sa sortie confidentielle, surtout en France, ne nous l’a pas permis à ce moment. C’est triste de voir cette stagnation, déroutante et plutôt triste d’une licence que personnellement j’apprécie beaucoup. J’espère encore un coup de fouet et une évolution bienvenue au prochain opus...