Lorsqu’on évoque Unravel, on pense bien souvent à la première présentation d’un petit jeu de plates-formes/réflexion à l’E3 où un de ses papas avait fourni une prestation pleine de stress et de tremblements. Au fil des mois, ce qui pouvait passer pour un couac de présentation est devenu un vrai plan de communication de la part d’Electronic Arts et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a marché. On est passé du “mouais à voir” au “je veux y jouer à tout prix” en même temps que les “les envies de faire un câlin” au tout tremblant présentateur fleurissaient sur les réseaux sociaux. Et si Unravel c’était un peu plus que ça quand même ?
Une bien belle broderie
Dans Unravel, on incarne Yarny. Une petite figurine de laine, fruit de longues après-midis solitaires de la petite mamie que l’on aperçoit au tout début du jeu. Yarny a un pouvoir, au-delà de servir de son surplus de laine telle la queue du Marsupilami, il peut sauter dans des cadres photos pour en revivre les souvenirs à son échelle. C’est donc tout petit, tout fragile et tout rouge que l’on parcourt les différents environnements d’une beauté éclatante. De la campagne à la mer en passant par la montagne ou encore une décharge, les décors sont criants de réalisme et on arrive à s’y plonger sans aucun mal. Il faut aussi concéder que les animations du petit Yarny n’y sont pas étrangères. En effet, celles-ci ont été réalisées avec grand soin et notre boule laine a une vraie allure de petit garçon perdu dans un univers beaucoup trop grand pour lui.
Si graphiquement, Unravel réalise un très beau parcours, son gameplay se veut également très agréable. Composé d’un long fil de laine, notre petit Yarny verra sa “vie” limitée à son enrobage rouge. Si on progresse trop sans “recharger” la laine de notre héros, celui-ci se trouve dans l’incapacité d’avancer. Il faut donc rebrousser chemin et trouver une pelote pour se couvrir un peu. De plus, Yarny est également capable de se servir de son fil comme d’un lasso pour atteindre des plates-formes un peu hautes et s’y hisser. Pour parvenir à des hauteurs à priori inaccessibles, il est également possible d’attacher notre bout de laine à deux ancres non loin l’une de l’autre et de se servir du fil comme d’un trampoline. Bien sûr, tout cela consomme de la longueur et il faudra donc être assez vigilant lors de certains puzzles n’autorisant qu’un chemin bien précis pour s’en sortir.
Cousu de fil blanc
Cependant, toutes les actions sont à peu près résumées dans le paragraphe précédent et l’on atteint là un des points noirs du jeu : il peine à se réinventer. En dehors de quelques situations ponctuelles bien précises, les puzzles comporteront tous les même boucles de gameplay et la surprise se fera de plus en plus rare à mesure de notre progression.
Il ne faudra pas non plus compter sur la narration pour nous tenir scotché devant l’écran pendant les 5 à 6 heures de jeu tant celle-ci est discrète. À base de souvenirs photographiés, il faudra rassembler soi-même les pièces pour reconstituer le puzzle et tenter de faire sa propre interprétation. De plus, on a quand même cette fâcheuse tendance à sentir que le jeu essaye de nous arracher une larme sans y parvenir, même pas une toute petite. Que ce soit avec la musique mélancolique à souhait ou certains souvenirs évocateurs, on peut se douter qu’il se passe quelque chose de tragique. En revanche, l’implication scénaristique est tellement inexistante qu’il est bien difficile, dans ce cas, de laisser une quelconque émotion nous porter.