“Cher journal, j’ai eu très peur aujourd’hui lorsqu’un monstre ressemblant à un croisement entre un gorille et un crapaud m’a attaqué dans la petite bibliothèque. J’en avais déjà croisé un sacré paquet il y a quelques heures, et j’avais même botté les fesses de la reine des sangsues mutantes avec l’aide de Billy. Mais il fallait que je respecte le schéma classique de la petite recrue apeurée devant ce bel homme de Chris Redfield. Alors je me suis mise à crier, sachant pertinemment qu’il se situait à l’étage en dessous. C’est d’ailleurs étrange quand j’y repense, ce manoir Spencer me fait beaucoup penser au centre de formation d’Umbrella que j’ai vu plus tôt. Rien de grave cependant, je vais faire comme si tout ceci était nouveau pour moi et oublier tout ce que j’ai déjà vécu il y a quelques heures.”
Signé : Rebecca Chambers
Retour vers le passé
Lorsque j’ai joué pour la première fois à Resident Evil Zero, c’était sur mon Gamecube, pas si longtemps après avoir frissonné devant le génial remake du premier opus. D’ailleurs parlons un instant de ce dernier. A cette époque, je pensais qu’il serait impossible de faire plus parfait comme réédition. Que les prochains jeux vidéo seraient forcément moins beaux, même des années après. Le remaster HD sur PC et consoles actuelles me conforte dans cette idée. C’est bien simple, Resident Evil est une oeuvre d’art comme on en voit que trop rarement, et même l’original que j’ai récemment fait conserve tout son charme. Mais alors que se passerait-il si les développeurs avaient décidé de faire une préquelle un an après ? Et qu’au lieu d’avoir Shinji Mikami comme réalisateur, il devenait tout simplement consultant ? Vous faites vos premiers pas dans l’horreur, la vraie véritable.
Tout d’abord, il faut mettre un méchant bien japonais : les cheveux longs, très efféminé, la plupart du temps dans l’ombre pendant les cinématiques et qui répète à tout va “J’aurai ma revanche et je plongerai le monde dans les ténèbres !”. On pourra ricaner sur le personnage de Wesker, mais lui avait un vrai but crédible, sans avoir besoin d’en faire des tonnes. Ensuite, on va ajouter un scénario bien réchauffé et qui ferait passer tous les autres épisodes pour des modèles d’écriture. Saupoudrez avec un peu de level design d’une incohérence sans nom. Petit exemple croustillant : on sort du manoir pour aller prendre un téléphérique sous une chapelle située à 50 mètres, pour ensuite aller dans le labo secret d’Umbrella de Resident Evil 2 qui a l’air désaffecté (alors que le jeu se passe deux mois avant !), et tout ça pour se rendre compte que le manoir du début est juste au dessus de notre tête… Le reste, je ne vais pas trop vous le détailler, il existe des tonnes de critiques depuis 2003, mais je vais tout de même préciser que les bonnes idées ajoutées au remake de Resident Evil par rapport à l’original (les objets défensifs, les zombies qui ouvrent les portes et qui reviennent à la vie avec bien plus d’agressivité, etc.) ne sont pas présentes dans ce Resident Evil Zero. A la place, on a un système de “partenaire” qui alourdit encore plus le gameplay. Sans parler de l’absence des coffres, qui vous obligera à faire des dizaines d’allers-retours et de l’ambiance horrifique totalement absente.
Resident Evil Zero virgule cinq
Passons maintenant aux nouveautés de ce remaster haute définition. La bonne nouvelle c’est que le jeu est toujours aussi beau. Les décors et les personnages sont fins et rendent très bien sur un écran actuel. Par contre les cinématiques en CGI sont, comment dire... moches. Très moches, bien plus moches que le jeu lui-même. La faute à une compression vidéo très visible dans les moments sombres (et il y en a plein) et qui apparaissait déjà dans Resident Evil HD. Après il y a les trucs très énervants et qui m’ont plus d’une fois donné envie de balancer ma manette collector Locke par la fenêtre. En premier lieu, la configuration de la manette est absolument immonde (en tout cas sur Xbox One). Vous allez sûrement penser que je chipote, mais après des années de pratique de la série, devoir me retrouver à appuyer sur B pour courir est juste une mauvaise blague. Comme si les développeurs l’avaient fait exprès, car dans Resident Evil HD, c’est le bouton X pour courir et B pour ouvrir l’inventaire (comme les originaux sur Playstation avec Carré et Rond). Alors les amis, je ne vous raconte pas le nombre de fois où j’ai ouvert l’inventaire en voulant faire demi-tour ou pour courir. La seule façon de modifier ça, c’est en passant par le mapping de la manette (car impossible d’avoir une configuration convenable dans les options du jeu).
L’autre élément inacceptable sur nos machines, c’est la présence d’une demi seconde de latence entre chaque changement de plan, alors qu’il n’y en a aucune dans Resident Evil HD. Comment ont-il fait pour rendre ce remaster moins performant et jouable que le précédent ?! Il y a quand même le choix entre format 16/9 et 4/3 et entre jouabilité “remake” et “originale”. Dans les deux cas, je risque de faire le vieux con mais dans l’idéal il vaut mieux jouer en 4/3 avec la configuration originale, auquel cas votre personnage prendra des trajectoires totalement folles après chaque changement de caméra, et avec un bon gros zoom à cause du format 16/9. Le truc, c’est qu’on peut contrôler son binôme avec le joystick droit, ce qui est tout bonnement injouable avec la configuration originale. Et bien sur, les développeurs n’ont pas pensé à mettre une option où on peut laisser en jouabilité originale sur le stick gauche, et en “remake” sur le droit, ce qui aurait été bien plus simple. Dernière petite nouveauté : le mode Wesker qu’on obtient après avoir fini le jeu. Rien de bien novateur car il s’agit juste de contrôler Wesker à la place de Billy, sans la moindre différence scénaristique ou sur le déroulement de l’aventure. Le capitaine des STARS a en plus la particularité de rendre les combats bien trop aisés. Il dispose d’un super pouvoir qui peut éliminer tous les ennemis présents dans la salle d’un seul coup (il faut par contre charger l’attaque au maximum) et d’un sprint qui lui fait traverser un couloir en un éclair. Mais le truc drôle, c’est de le voir dans les cinématiques avec la voix de Billy, un grand moment de bêtise.