Vous vous êtes sûrement un jour demandé, dans une crise aiguë de fièvre missfrancesque ou lors d’une soirée bien arrosée, comment on pourrait éradiquer toutes les dictatures dans le monde. Vous avez certainement pensé à la frappe chirurgicale, le tueur embusqué dégommant d’un seul coup de fusil à lunette le despote semant la terreur sur son peuple. Moins radical, vous avez peut-être songé au simple bienfait de l’ouverture du pays à la démocratie via une diplomatie compétente, ouverte et patiente. Rico, le héros de Just Cause a lui choisi une autre voie : celle de la révolution frontale et bas du front renversant le vil dictateur à grands coups de rébellion armée, de gigantesques explosions en tout genre et de chargeurs vidés avec générosité. Une vision différente, qui marche depuis deux opus et qui est toujours d’actualité dans ce troisième volet de Just Cause.
Just Cause toujours
Petite et rapide introduction pour présenter Just Cause au dernier de la classe, celui qui reste sagement assis au fond, près du radiateur, le nez collé à la fenêtre en attendant que l’heure passe. Just Cause est une série dans le genre jeu d’action en monde ouvert, dont le premier opus est arrivé en septembre 2006 sur PC, PS2, Xbox et Xbox 360 et était aussi le premier jeu d’un studio suédois inconnu jusqu’alors : Avalanche. A défaut d’avoir réussi une entrée tonitruante sur la scène vidéoludique, Avalanche et Just Cause se firent remarquer d’abord par une technique assez impressionnante pour le genre. Le moteur maison développé pour le jeu fit forte impression et le travail de l’équipe suédoise fut salué par la presse et les joueurs. Mais Just Cause n’est pas seulement une vitrine technique pour un moteur maison c’est aussi un jeu, un vrai, reposant sur un gameplay particulier, bien à lui.
Mettant en scène un mercenaire spécialisé dans l’éradication de régimes totalitaires, le bien nommé Rico Rodriguez, la série Just Cause revendique haut et fort son second degré et l’immense défouloir qu’elle offre au joueur : destruction massive, surf sur des voitures, attaque en hélicoptère d’une base adverse à l’aide d’une grosse sulfateuse et explosions spectaculaires à tout-va le tout sur fond de décor paradisiaque, d’île aux plages de sable fin, de ciel bleu immaculé, de montagnes aux cimes enneigées, de forêt vierges immenses d’où émergent des villes balnéaires, des mégalopoles ou de petits villages rustiques. Just Cause se démarque surtout par l’arsenal de Rico et notamment un grappin couplé à un parachute. Ce combo permet à Rico de se déplacer rapidement d’un endroit à un autre, de s’accrocher à tous les véhicules de l’île, de s’extirper d’endroits dangereux et d’atteindre des endroits inaccessibles. Cet équipement hors normes offre à la série un gameplay efficace, original et spectaculaire.
Just la suite
Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous ai servi ce premier paragraphe totalement réchauffé. C’est en baissant la tête sur le plat Just Cause 3 que l’on se rend compte que la recette demeure identique. La nouvelle révolution que va épauler Rico dans un archipel méditerranéen n’a au final rien de révolutionnaire. Les baroudeurs des premiers opus vont rapidement retrouver leurs marques et assimiler tout aussi vite les quelques nouvelles fonctionnalités très minimes comme la wingsuit, une sorte d’arbre de compétences et la possibilité de lier deux éléments au grappin comme, par exemple, un pauvre soldat à une voiture de passage ou à un bidon d’essence prêt à exploser. Rien de révolutionnaire mais toujours du fun, de gigantesques explosions, de la destruction massive et un gameplay rodé et très intéressant. En parlant de gameplay, la wingsuit permet de dynamiser les déplacements en vol, en abandonnant de temps en temps la descente pépère et lourde que nous impose le parachute, ce qui n’est pas plus mal. L’histoire, elle, ne se prend pas une seule seconde au sérieux, elle se laisse suivre sans déplaisir arrachant même quelques sourires et enchaîne les moments improbables comme cette introduction où Rico arrive sur la première île sur l’aile d’un avion arrosant DCA et autres chasseurs de roquettes. Les situations du scénario de base sont assez variées même si la routine s’installe rapidement lors des missions annexes et les traditionnels nettoyages de bases adverses et libérations de villages. Seuls les défis relèveront le challenge et pimenteront le quotidien de notre héros.
Le jeu propose un environnement immense, varié et très agréable à parcourir. Certains points de vue sont vertigineux, et les villes méditerranéennes perchées sur des éperons rocheux, la mégalopole, capitale de l’archipel, les pics enneigés surplombant la mer turquoise, les réseaux de grottes offrent un terrain de jeu très riche. Les paysages sont tellement beaux que l’on regrette le manque de vie de l’ensemble. Certes, beaucoup de véhicules arpentent les routes, les civils se promènent dans les rues mais tout est assez désincarné, sans véritable âme. Techniquement, même si le jeu est agréable à l’œil, on déchante un peu avec quelques ralentissements lors des séances de grosses, grosses explosions enchaînées. Rien de bien gênant depuis le dernier patch mais cela reste assez désagréable. Les temps de chargements restent aussi un peu long, heureusement que Just Cause 3 privilégie le fun et l’accessibilité sans aucune prise de tête avec toujours une grande facilité de s’extirper très rapidement de la mêlée et une jauge de vie qui remonte très (trop ?) rapidement.