Test - Starpoint Gemini 2

«Le retour du transporcherie !» , - 3 réaction(s)

La mode est à l’espâââââce, inutile de le nier. Après une longue période de creux interstellaire en matière de Space Operas sur console (qui se souvient encore de Freelancer, Colony Wars, Wing Commander ou Starflight ?), les jeux d’aventure spatiale ont à nouveau le vent en poupe. Il est vrai que les retours triomphants starwarssiens et startrekkiens ont de quoi séduire les éditeurs les plus dubitatifs. Surfant assez directement sur la vague Elite, Starpoint Gemini 2 est l’adaptation Xbox One d’un titre initialement sorti sur PC en 2014. N’ayant pas particulièrement marqué les esprits, il tente aujourd’hui de se faire un nom sur Xbox One, avec quelques ajouts par rapport à sa sortie initiale. Opportunisme calendaire ou vraie aventure spatiale ? Montez à bord et allons explorer !

Plan de vol, Capitaine ?

Tout droit, vers cette obscure clarté qui tombe des étoiles.

Starpoint Gemini 2 est donc la suite logique de Starpoint Gemini, un jeu que vous n’avez pas connu, sorti en 2013 par des développeurs qui vous sont tout aussi inconnus. Inutile d’épiloguer : nous ne sommes pas dans le sacro-saint triple A, mais bel et bien dans le domaine du « petit jeu » qui tente de se faire sa place au pays des grands, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Si l’on ne peut que se satisfaire d’une mouvance actuelle qui a tendance à faire glisser des titres typiquement PC vers les consoles de salon (Wasteland 2, Gone Home, Blood Bowl…), cela n’empêche pas d’être regardant vis-à-vis des titres en question. Et c’est là que la traversée du champ d’astéroïdes peut s’annoncer périlleuse. Mais n’anticipons pas.

Starpoint Gemini 2 est donc un Elite-like 100% solo, qui se joue en vue extérieure. Le principe est simple : piloter un vaisseau dans un gigantesque bac à sable spatial. Faire ce que l’on veut sur Starpoint Gemini 2, cela veut dire traverser la galaxie de part en part, affronter des vaisseaux spatiaux, rejoindre des factions, vendre et acheter des marchandises, jouer au chasseur de primes ou au contrebandier, se laisser aspirer par des trous noirs et pimper son navire. Les possibilités de personnaliser ses vaisseaux sont en effet énormes, qu’il s’agisse de cosmétique, de capacités offensives, défensives ou de stockage. Une fois un semblant d’équipage recruté, des soldats embarqués et des alliés grassement payés, on pourra alors accomplir, si on le souhaite, les missions qui déroulent l’intrigue d’un scénario aussi banal qu’insipide.

Koona t’chuta Solo ?

C’est le bordel !

Non, insipide n’est pas le mot. Abscons et ridicule serait plus juste. Parce que l’histoire du fils vengeur qui suit les traces de son père héroïque et qui devient héros de l’espace à son tour, vous le reconnaîtrez sans mal, on nous l’a déjà faite un certain nombre de fois. Si l’on ajoute à cela que le jeu est en VO intégrale sans sous-titres, que les voix anglaises sont risibles tellement l’absence de jeu d’acteur est violente, et que les textes à l’écran sont tellement petits qu’il faut se ruiner les yeux pour lire une simple phrase de deux lignes, on comprend rapidement que le joueur doit fournir un effort d’immersion assez conséquent pour se prêter à l’aventure. Pas de panique pour ceux qui seraient traumatisés par le scénario : un mode freeroam est proposé d’emblée au joueur, afin de lui épargner une souffrance trop directe. Ouf. Si les voix anglaises et les textes microscopiques ne vous rebutent pas, vous serez alors heureux d’apprendre que le tutoriel se compose d’une série de pages d’aide Xbox One, tout à fait indigestes elles aussi. Certaines seront toutefois indispensables pour apprendre le maniement de base de votre vaisseau et les trois menus contextuels auxquels vous avez accès en permanence. Évidemment, ces pages d’aides sont également en anglais uniquement, et tellement arides à lire qu’elles pourraient presque faire passer le tutoriel youtubesque d’Elite Dangerous pour une bonne idée. Cela pourrait sembler anecdotique, mais ça ne l’est pas tant que cela. Le souci de ce type d’approche, c’est que plus le joueur doit faire des efforts pour comprendre l’univers qui l’entoure, moins il est tenté de se laisser porter par la richesse d’un scénario ou d’un environnement. Si vous avez 5 pages de lecture obligatoire et que les passages épiques de l’histoire sont déclamés par une voix aussi monocorde que caricaturale, vous trouverez de plus en plus compliqué de vous sentir concerné par ce qui se passe autour de vous. L’ambiance, c’est bien souvent ce qui nous tire vers l’envie d’aller voir un peu plus loin. Si cette ambiance est hermétique, alors le gameplay se doit d’être parfait pour permettre de passer le cap. Vous l’aurez compris d’emblée : ce n’est pas le cas, même si Starpoint Gemini 2 n’est pas un jeu ridicule, loin de là.

L’espace, c’est quand même plein de vide

Commence à faire chaud !

La première chose qu’on pourra reconnaître à ce titre, c’est qu’il n’hésite pas à offrir une aire de jeu titanesque. Votre visite dans les tréfonds de l’espace prend en effet place au travers d’une map plus que conséquente. Libre à vous d’aller de planète en station orbitale et d’anomalie gazeuse en trou noir dans des décors de superbe facture. Et heureusement que les paysages sont beaux, parce que certains voyages demandent un peu de patience pour aller d’un point A à un point B. Comptez même près de 30 minutes pour traverser la map en diagonale (et en hyperespace), si d’aventure vous aviez envie d’un économiseur d’écran coloré.

Mais les pilotes que vous êtes sont là pour défier l’inconnu et pas uniquement pour s’extasier devant la beauté d’un orage solaire. Bien que prometteur sur le papier, le gameplay global est somme toute limité. Au poste de pilotage, vous pouvez tenir la barre, tirer, affecter l’énergie du vaisseau en fonction des urgences, et activer quelques perks, patiemment échangés contre des points d’expérience. Quand on voit la liste des actions possibles en lisant la notice, cela laisse rêveur. Quand on les pratique en vrai, c’est plus compliqué. Prenons l’exemple des combats. Des vaisseaux ennemis arrivent, vous mettez l’énergie sur les boucliers et l’armement, et vous commencez le fight avec arme principale et secondaire. Mais vous réalisez très vite qu’il est très difficile (et surtout pas du tout palpitant) de réussir à toucher les ennemis avec votre viseur qui réagit terriblement lentement. Du coup vous activez le mode qui permet à l’équipage de tirer à vue, et vous vous contentez d’orienter votre navire afin qu’il expose ses parties les moins vulnérables aux tirs ennemis. Sur les 20 premiers combats, la magie opère. À partir du 50e, et après avoir réalisé que les choses ne bougeraient pas quel que soit l’armement embarqué, la lassitude monte vite. En théorie, votre vaisseau peut également scanner des objets, aborder des navires, les capturer et les piller, etc. Concrètement, cela veut dire réaliser toujours la même action scriptée : s’approcher de la cible, activer le menu contextuel, et appuyer sur un bouton. La mission est terminée : youpi. Le menu contextuel est un autre point épineux du jeu : les développeurs ont rassemblé l’ensemble des actions disponibles sur 3 menus, plus fouillis les uns que les autres. S’il n’est pas bien grave de mettre 5 minutes à retrouver le bouton qui permet de scanner un astéroïde innocent, c’est tout de suite plus pénible quand on doit donner en urgence ordre à son équipage d’ouvrir le feu. Sur ce point, le passage du PC à la console se fait véritablement dans la douleur.

I am a passenger, and I ride and I ride and I ride and I’m bored

Le vrai problème de Starpoint Gemini II réside néanmoins sur le fond bien plus que sur la forme, à commencer par l’atroce répétitivité des missions proposées, qui ne se donnent même pas la peine de modifier un peu leur texte d’ambiance pour vous plonger dans le bain. Il faudra faire le taxi, assassiner, scanner, aborder, passer de la contrebande, escorter, vendre des marchandises… et recommencer. Si des factions sont bien présentes dans le jeu, on ne ressent jamais leur présence ou leur subtilité, et on reste avec l’impression en permanence d’osciller entre la bonne et la mauvaise réputation, sans que cela n’ait au final une grande influence sur quoi que ce soit. La map est grande, mais n’est au final qu’une infinie répétition d’elle-même, promettant une errance palpitante à Ulysse 31, mais dissimulant au final bien mal des actions de jeu strictement identiques tout au long des interminables heures qui seront nécessaires pour boucler le scénario principal. Rajoutez à cela quelques détails qui tuent, comme ces freezes systématiques au moindre passage d’une zone de l’espace à l’autre, ou lorsque les combats opposent plus de quatre vaisseaux, et vous aurez un jeu bien timide et décevant, bien loin des rêves d’Elite Trekkienne qu’il semblait promettre.

Mon Dieu, c’est plein d’étoiles !

Mission d’escorte

Le bilan est-il pour autant aussi noir que le trou du même nom ? Pas forcément. En effet, les possibilités d’évolution et d’exploration proposées par Starpoint Gemini 2 sont bel et bien là, et on se surprend à retrouver un certain plaisir à visiter la map. Le plus dur, au final, sera de dépasser les 5 premières heures de jeu, excessivement laborieuses. Mais une fois que le joueur prend le parti d’ignorer le scénario du jeu (ou de démarrer directement en freeroam), il accepte bien volontiers de jouer à la marchande ou au pirate un certain temps, histoire de voir si l’argent finit par rentrer. On essaye soudain de s’intéresser aux nuances des économies locales et aux affaires juteuses que l’on pourrait réaliser. On cesse de vouloir déchiffrer les descriptifs de missions et on farme bien gentiment, sans déplaisir. Commence alors la véritable réussite du jeu, la possibilité d’équiper son navire chéri de la poupe à la proue, et les possibilités sont immenses tant la liste de vaisseaux à posséder et à customiser est impressionnante. Du cargo bien pratique pour faire du business à la frégate surarmée qui vous aidera à mener la révolution, tout est envisageable dans ce jeu. Sauf peut-être le plaisir de les piloter. On ne peut pas tout avoir.

Bilan

On a aimé :
  • Un jeu d’aventure spatial !
  • Grand choix de vaisseaux et d’équipement
  • Certains décors somptueux
  • Dévoile une relative finesse après quelques heures de jeu
On n’a pas aimé :
  • Beaucoup de vide dans l’espace
  • Ambiance en option
  • Des missions ultra répétitives
  • Des ralentissements qui réveillent sursaut
Une élite un ton en dessous

Difficile d’avoir un avis tranché sur Starpoint Gemini 2, sorte d’Elite playskool qui peinera à attirer les newbies ou à séduire les explorateurs aguerris. L’absence de mise en scène (ou en tout cas de mise en scène réussie) rend flagrantes les carences du jeu et son intense répétitivité. Seuls les plus patients sauront se passionner pour ce titre brut de décoffrage qui n’est pas sans qualités sur le long terme, mais qui demandera beaucoup, beaucoup d’indulgence.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Starpoint Gemini 2

PEGI 12 Langage grossier

Genre : RPG

Éditeur : Little Green Men Games

Développeur : Little Green Men Games

Date de sortie : 11/12/2015

Prévu sur :

Xbox One, PC Windows

3 reactions

avatar

Dormeur du val

19 déc 2015 @ 11:56

Admettons que je joue avec un dictionnaire sur les genoux. Admettons. J’ai les deux mains occupées par la manette ; avec quoi je les tourne les pages ?

Quelqu’un a une idée ?

Longshot Spirit

19 déc 2015 @ 12:04

 :)

Vu la profondeur du scénario, je ne pense pas que l’investissement pour un dictionnaire soit justifiée.

eykxas

19 déc 2015 @ 15:41

La seule chose que je retiens de ce test, c’est que je vais aller me regarder 2001 et 2010 une fois de plus ^^