Après avoir laissé Need For Speed de côté pendant une petite année, c’est l’heure pour Electronic Arts et Ghost Games de revenir sur le devant de la scène. Après un très bon Hot Pursuit, la licence a peiné à confirmer en passant de la purge The Run au plus que moyen Rivals en passant par le “sympa mais sans plus” Most Wanted. L’heure est donc une nouvelle fois au reboot.
“Je roule en ture-voi pour trouver le sommeil…”
Pour faire peau neuve, Ghost Games a décidé de faire avec du vieux. Avec un petit saut de 10 ans en arrière, la licence se rappelle à ses heures de gloire en ramenant vers le devant de la scène les épisodes Underground, Most Wanted et Carbon. Vous l’aurez compris, fini les courses-poursuites sur autoroute en Bugatti à plus de 400Km/h. On retourne écumer les rues avec des voitures tunées jusqu’à l’os. Et ce, jusqu’au bout de la nuit.
Commençons tout de suite par ce qui saute au yeux : le jeu est beau. Très beau. Alors certes, il y a ce petit grain cinématographique qui pourra diviser et qui sert sûrement de cache-misère mais le rendu global est tout à fait remarquable. Si on s’attarde sur la route, on pourra observer une multitude de détails et d’imperfections imprimés dans le bitume. Il faut dire que ces détails sont surtout visibles à faible vitesse ou à l’arrêt, ce qui ne représente pas la majorité du jeu. En revanche, à pleine vitesse, le jeu semble faire souffrir la Xbox One. En effet, j’ai eu la désagréable surprise de remarquer plusieurs grosses chutes de framerate ponctuelles pouvant s’avérer parfois gênantes en course.
Drift King
Malgré ce petit problème technique, les sensations de conduite sont tout à fait agréables. L’exigence n’est pas vraiment au rendez-vous mais une fois les bons réglages trouvés, rien n’est plus gratifiant que d’enchaîner les drifts parfaits. Vous pouvez oublier le frein à main qui offre, lui, une sensation assez bizarre. En effet, il faudra le tirer assez longtemps pour pouvoir vraiment impacter le comportement de votre voiture et encore, cela aura pour conséquence un virage à 90° de manière très sèche. Mieux vaut donc jouer avec les gâchettes pour vraiment profiter de ce que ce Need For Speed propose.
Si vous êtes plus penché sur les voitures qui collent à la route, un petit tour au garage pour modifier le comportement de votre engin s’impose. On enlève les pneus drift, on oriente tout les curseurs plus vers le grip et voilà un style de conduite tout à fait différent avec le même véhicule. Tout est ici une question de réglages et d’affinité. Les pièces mécaniques à acheter ne servent pas qu’à rendre votre voiture plus puissante, elles permettent aussi de la personnaliser à votre guise : plus grip ou drift ? Accélération ou vitesse de pointe ? C’est tout un ensemble de choix qu’il faudra faire au moment de préparer sa caisse. Et tout ceci sans parler des petits curseurs permettant de gérer l’adhérence des pneus avant, arrière, le survirage et l’assistance au drift pour ne citer qu’eux. Vous l’aurez compris, dans ce Need For Speed, c’est vous qui décidez de votre style de conduite. Même s’il faudra sûrement repasser au garage de temps à autre pour préparer la prochaine épreuve.
Les épreuves en question sont assignées par les différents membres de votre nouvelle bande que vous croiserez pendant une grosse quinzaine d’heures par l’intermédiaire de nombreux appels sur votre téléphone ainsi que de ce que j’appellerais des Live Action Cinematics. En gros, les cinématiques ne sont ni plus ni moins que de vrais acteurs filmés en train de jouer leur rôle. L’action se déroulant en vue subjective, vos yeux sont l’objectif de la caméra et il ne faudra pas s’étonner de voir certains acteurs vous regarder fixement. Le résultat est plutôt convaincant si l’on met de côté le fait qu’il y en a un peu trop au début de l’aventure. En revanche, il est clairement visible que les développeurs ont davantage travaillé certaines voitures pour qu’elles s’intègrent mieux que d’autres derrière les acteurs dans ces fameuses scènes : si la Subaru BRZ est un modèle d’intégration, on ne peut pas en dire autant de la Honda Civic ou de la Mustang Fox Body pour ne prendre en exemple que les voitures de départ. Je passerai sur le scénario servant plus de prétexte que d’histoire à proprement parler. Il faut juste savoir que le jeu se divise en 5 branches : le crew, le style, la vitesse, la customisation et le délit. Ces orientations sont directement liées aux membres de votre bande. Dans l’ordre : Robyn la blonde populaire, Manu et son look déjanté, Spike le petit fils de riche, Amy la mécano et le mystérieux hors-la-loi super secret (ou pas) dont on ignore tous l’identité (ou pas). Chacun de ces personnages vous proposera des courses et autres épreuves pour vous faire progresser dans sa branche jusqu’à devenir une icône dans votre domaine.
L’IA, c’est pas plus fort que toi...
En termes d’épreuves, on compte les classiques courses sur circuit, sprints et contre la montre. On enregistrera le retour des épreuves de drifts parmis lesquelles les “drifts” (original non ?), le Touge (une épreuve de drift conférant un multiplicateur de points en fonction de la position pendant la course) et le drift-train. Ce mode est sûrement le meilleur mais aussi la plus grosse déception. Je m’explique : en drift-train, il faut enchaîner les drifts avec votre crew en restant le plus groupé possible (comme un train quoi). Le principe est génial, on a tous eu envie de s’y essayer après avoir regardé Fast & Furious Tokyo Drift, avouez-le. Cependant, le mode est ruiné par l’IA qui est une des plus idiotes qu’il m’ait été donné de voir dans ce genre de mode : les concurrents conduisent tout simplement comme en course. Entre les deux excités qui partent en solitaire devant à grand coup de NOS, le mec à la traîne qui ne trouve plus comment mettre le contact et le reste du troupeau un peu trop fan de stock-car, c’est sportif. Parfois très rageant quand on doit faire un gros total de points ruiné par ces idiots, mais le principe reste très bon. Pour terminer le tour des épreuves, on a le Gymkhana : le mélange parfait entre style et vitesse. Dans ce type de course, il faudra franchir la ligne d’arrivée avant la fin du temps imparti tout en réalisant un maximum de drifts pour atteindre le total de points demandé. Malheureusement, ce mode est sous-représenté au sein des 79 épreuves du jeu.
Toutes ces courses nous emmènent aux quatre coins de Ventura Bay qui peut décevoir quant à sa taille. Une ville un peu plus grande n’aurait pas été de refus, même si ce n’est pas forcément la qualité première d’un bon terrain de jeu. En revanche, on y trouve toute sorte d’ambiances selon les quartiers amenant forcément différents styles de conduite. Du centre ville aux lacets de montagne en passant par le port et les autoroutes, la carte est relativement bien construite. On y retrouve même l’observatoire de Underground 2 dans les hauteurs ainsi qu’un grand stade faisant référence à Most Wanted (même si on ne peut pas entrer dedans cette fois-ci). Tout est là, cependant il reste difficile de prendre ses repères dans les rues de Ventura Bay et on reste obligé de se fier au GPS plutôt qu’à notre connaissance des quartiers. À part la rue que l’on empreinte à chaque fois qu’on sort du garage, le reste ne marque pas, peut-être manque-t-il plus de signes distinctifs d’une rue à l’autre pour pouvoir s’y repérer.
Il aurait pourtant été utile de se situer facilement pour les défis de poursuite. Car oui, la branche “Hors la loi” consiste la plupart du temps en une succession de défi “Atteins 2000$ d’amende et enfuis-toi”, “Fais durer la poursuite 5 minutes et enfuis-toi” et autres fantaisies du genre. Le problème est que nos amis des forces de l’ordre sont très durs à trouver. À croire qu’il n’y a qu’une poignée de patrouilleurs dans toute la ville. Et quand on arrive à les attirer, tenir pendant tout le défi est d’un ennui le plus total tant on n’avance pas. Les voitures de patrouille vous suivent à 150 km/h maximum au début. Il ne faut pas pousser, autant ne pas en mettre du tout si c’est pour rendre tout ça aussi facile. C’est d’ailleurs un des principaux défauts du jeu : il est beaucoup trop facile. “La bêta était très corsée ? Ok pas de problème, on règle la difficulté pour un enfant de 4 ans, ça devrait passer…”
Du multi ? Pour quoi faire ?
- Les petits néons verts sur l’avant de la voiture sont vert et resteront vert. Jusqu’à ce que la mort les sépare.
En termes de multijoueur, il faut souligner que le jeu n’est jouable qu’en ligne. Ce qui est paradoxal quand on se rend compte qu’il a été conçu avant tout pour le solo. Alors oui, il y a d’autres joueurs sur la carte, oui on peut former un crew avec des amis pour jouer ensemble. Cependant, il est très surprenant de voir qu’aucun mode PvP n’est présent. De même, il n’est pas possible de jouer une course seul avec des amis, il y a aura automatiquement des IA dans la course. Quel est donc l’intérêt d’un monde connecté dans ce cas là ? À part rencontrer un idiot qui vous fonce volontairement dedans pendant votre course, poursuite ou n’importe quoi d’autre, absolument rien ne justifie une connexion obligatoire.
Dans le registre des déceptions on peut aussi ajouter, à mon goût, la tracklist du jeu. Quand avant on avait tout un regroupement d’univers musicaux différents avec certains morceaux très marquants, ici on se retrouve avec presque uniquement de la dubstep, drum & bass, house et autres musiques électroniques. Ce n’est pas que cela me dérange, cependant aucun morceau ne sort du lot, tout est plat et sans saveur. On en vient vite à couper le volume de la musique pour mettre une playlist personnalisée en fond sonore sur le PC à côté.
Pimp my ride
- Certains kits larges sont de véritables horreurs. Et encore, j’ai préféré mettre la voiture en noir pour éviter les éclaboussure de vomi sur votre clavier. Ne dites pas merci surtout
Pour conclure en beauté, quoi de mieux que de parler tuning ? La personnalisation est ce qui a été le plus mis en avant dans le jeu et force est de constater qu’on y passe des heures et des heures. Si les pièces cosmétiques sont relativement peu nombreuses, voire complètement inexistantes pour certains véhicules, il est bon de noter que les kits larges sont accessibles très tôt dans le jeu et qu’ils rendent plutôt bien, en dehors de la Lamborghini Huracan qui devient une espèce de soucoupe volante bien vomitive.
En revanche, la partie peinture autorise de nombreuses fantaisies. Pour commencer, l’application de la peinture propose un système permettant de gérer tous les aspects pour le revêtement du véhicule. On passe du brillant au mat, ou à l’effet métallisé juste en bougeant un curseur. Le tout est très intuitif.
Le système de décalcos lui aussi est très complet, mais surtout complexe. En effet, finis les stickers tout faits à l’ancienne. On se rapproche maintenant davantage d’un système de livrées à la Forza avec quelques inconvénients cependant. Le premier étant qu’il est impossible d’appliquer un motif sur l’ensemble de la voiture, il faudra le faire sur toutes les parties séparément en faisant correspondre l’ensemble à la main. De même, sur les côtés, il faut souligner l’absence de mode miroir. Ce sont des défauts très contraignants, cependant, malgré le nombre assez limité de motifs, il est possible de livrer des créations de toute beauté à condition d’y passer du temps. Je n’ai pas forcément le talent pour, mais en regardant certaines créations de joueurs, on se rend vraiment compte de tout le potentiel de la chose et à quel point, une fois maîtrisé, l’outil est puissant.