Après la débâcle de Rugby 15, Bernard Laporte a poussé une gueulante à l’équipe de Hb Studios dans les vestiaires. Nous vous livrons en exclusivité la teneur de son discours qui nous a été relayé par une personne qui a tenu à garder l’anonymat.
>> “Hé les mecs, votre prestation, elle n’a pas été nulle. Elle a été pire que ça ! Là, les gars de l’Académie française sont en train d’inventer un nouveau mot pour qualifier votre jeu, tellement c’était nul. Mais regardez pas vos crampons ! Même eux ils ont honte d’être à vos pieds ! Il va falloir vous remettre en cause et sérieusement, là ! C’est une honte, un manque de respect total pour ceux qui ont acheté le jeu ! Après ce Top 14 totalement pourri que vous nous avez livré vous n’avez plus le droit à l’erreur, là ! Hein ! La prochaine étape c’est la coupe du monde ! LA COUPEUH DU MONDEUH ! Vous n’allez quand même pas me la saloper celle-là !? Alors on redresse la tête et on se met au boulot ! Le respect ça se mérite et là je peux vous dire que vous partez de bien bas !!!”
Une coupe du Monde au rabais
Avant de voir si l’équipe de Rugby 15 est, cette fois-ci, entrée sur le terrain avec un autre but que celui de se faire humilier, on va attaquer directement par le sujet qui fâche. Oui, là, directement, sans même avoir à jouer, on a déjà envie de labourer du gros, concasser du jouflu, remodeler du trois-quarts. Il est inadmissible, pour un jeu sortant avec la licence officielle de la coupe du Monde de rugby de 2015, sur la petite vingtaine d’équipes présentes dans cette compétition de ne disposer que de la moitié des vrais effectifs. Vous avez bien lu, inutile de vous frotter les yeux, Rugby World Cup 2015 n’offre que le Canada, les USA, la France, le Japon, l’Ecosse, l’Irlande, les Samoa, le Tonga, l’Italie et le Pays de Galle. Pour ces équipes, on retrouve leur effectif complet illustré de photos, pour les autres, il faudra passer par l’éditeur et les modifier joueurs par joueurs. De ce fait, on ne dispose pas du haka et de la Nouvelle-Zélande, championne en titre, ni des autres équipes du Four Nations, il faudra aussi tirer un trait sur l’équipe hôte de cette coupe du Monde, l’Angleterre. A vrai dire c’est la première fois que l’absence de cette équipe nous émeut. Carton rouge d’entrée de jeu pour Rugby World Cup 2015 qui n’avait vraiment pas besoin de ça pour commencer.
Les modes de jeu proposés sont aussi épurés que le casting. Outre la possibilité de jouer la coupe du Monde 2015, sans aucune fioriture comme des cinématiques de victoire à la fin des matchs ou même de remise de la coupe du Monde, ni la moindre incidence de la fatigue des joueurs, on peut aussi s’essayer à un match amical ou créer sa propre compétition. La nouveauté la plus appréciable par rapport à Rugby 15 vient de l’apparition d’un mode entraînement qui nous permet de nous familiariser petit à petit avec les commandes et là on commence à se dire que la volée de bois vert qu’Hb Studio a reçu lors de la sortie de Rugby 15 a semble-t-il eu quelques répercussions. Et cela se confirme sur le terrain.
C’est mieux… mais c’est quand même bien mauvais !
On va d’emblée vous jeter un seau d’eau froide sur la tête afin d’éteindre votre enthousiasme naissant : on ne transforme pas un jeu nul en un bon jeu d’un coup de baguette magique mais dire que rien n’a été fait comme effort serait mentir. Déjà, on note l’apparition d’une option Classique pour les commandes des passes. Dans Rugby 15, les passes manuelles se faisaient à l’aide du stick droit, comme pas mal d’autres choses aussi, ce qui rendait les actions confuses et nuisait fortement à la jouabilité. Une fausse bonne idée et un rétropédalage bienvenu pour revenir à la traditionnelle gâchette gauche pour une passe à gauche et gâchette droite pour une passe… à droite. Les gâchettes hautes sont utilisées pour des passes courtes dans l’axe et faire péter les gros. Ce changement salvateur nous préserve de la jouabilité calamiteuse de Rugby 15.
Les autres modifications sont plus subtiles et ne se remarquent qu’au cours du jeu. Les phases de ruck sont plus souples, plus affinées et un poil plus dures. Les joueurs se placent un peu mieux sur le terrain, on évite les hors-jeu systématiques de certains joueurs refusant de revenir dans leur camp et les ailes ne sont plus systématiquement occupées par les piliers. On arrive enfin à construire des actions propres et structurées. Néanmoins, le jeu souffre toujours de tares rédhibitoires comme le flottement des joueurs, les courses automatiques, des placements défensifs erratiques et encore la présence de bugs qui vous obligeront à relancer le jeu ou à déclarer forfait.
On va se taire aussi sur l’arbitrage parfois totalement à côté de la plaque, mais bon, les valeurs du rugby font que l’on ne dira rien sur cet homme en noir capricieux pour rester poli. De plus, même après une phase de ruck rapide, notre demi de mêlée a la fâcheuse tendance à attendre patiemment que la ligne défensive adverse se remette tranquillement en place avant de sortir la balle interdisant toute velléité de jeu rapide. Frustrant. Le gameplay des pénalités, touches et coups de pieds reste lui inchangé, ce qui n’est pas plus mal, vu qu’il était de base intéressant. La fatigue des joueurs se fait maintenant sentir sur le terrain, nous obligeant de faire des remplacements salvateurs pour maintenir notre équipe à flot. Le bug qui entachait Rugby 15 à ce niveau n’est plus qu’un mauvais souvenir.
Techniquement, Rugby World Cup 2015 reste à la hauteur de son honteux grand frère. Fade, dépassé, moche, bien loin de la moyenne de la console. On nous épargne toujours les gros plans sur les joueurs et la moindre cinématique. De petits efforts ont toutefois été fait, chaque essai est maintenant accompagné d’une petite séquence de liesse de la part des joueurs et d’un ralenti, deux éléments normaux certes mais totalement absents sur Rugby 15. Les commentaires sont toujours assurés par Eric Bayle et Thomas Lombard qui semblent continuellement se demander ce qu’ils sont allés faire dans cette galère. Rugby World Cup 2015 parvient tout de même à passer de statut de jeu nul à celui de mauvais jeu et c’est presque un exploit.