Test - Whispering Willows

«Un murmure à peine audible» , - 3 réaction(s)

Je l’ai croisée entre deux jeux. Elle était assise par terre, prostrée, ses cheveux noirs tirés derrière les oreilles laissaient libres de grands yeux suppliants. Son désarroi apparent me broya littéralement le cœur. Je posai un genou à terre et lui offris un sourire. « Bonjour, comment tu t’appelles ? » lui demandai-je. Elle me répondit dans un murmure « Whispering Willows, monsieur. ».
>> « Et tu viens d’où ? »
>> « De Kickstarter. » Je me doutais un peu de sa réponse. Vu son état elle n’avait pas dû lever beaucoup de fonds. Toutefois, je percevais en elle énormément de potentiel. Plus par espoir que par réelle pitié, je lui proposai alors la seule chose que je pouvais lui offrir.
>> « Dis moi, veux-tu que je t’écrive un test ? ». Un vent froid emporta sa réponse dans les saules…

Peu, c’est beaucoup

Elena aurait mieux fait de rester au lit...

On aime les jeux vidéo indépendants. Ils sont faits avec cœur, avec passion et sont de véritables laboratoires offrant de nouveaux types de gameplay, de narrations originales, ou encore d’expériences artistiques totalement atypiques. Ces dernières années on a pu voir fleurir bon nombre de ces ovnis grâce à la plateforme de financement participatif Kickstarter. Ce fut le cas pour Whispering Willows qui a su séduire 750 généreux donateurs pour récolter 20 000 dollars, excédant les 15 000 dollars demandés et assurer sa naissance.

Whispering Willows, les saules murmurants en français, est un jeu d’aventure horrifique en 2D sorti le 27 mai 2014 sur Ouya, la console Android, puis le 9 juillet de la même année sur Steam, Linux, Mac et PC. On y dirige Elena, une jeune fille dont le père a étrangement disparu. Suite à une vision durant son sommeil, elle se rend au mystérieux domaine de Whispering Willows afin de le retrouver. Sur place, elle découvre que le médaillon qu’elle porte autour du cou lui donne la capacité de séparer son esprit de son enveloppe charnelle. Cette étrange faculté va lui permettre de communiquer avec les morts qui hantent les lieux et découvrir le terrible secret de Whispering Willows…

La forme spectrale d’Elena lui permet de parler aux esprits

Dès son intro, le jeu de Nightlight Interactive nous rappelle la modestie de son développement. Les dessins fixes sont naïfs et portent sur eux les stigmates de l’amateurisme de leurs traits. La direction artistique manque totalement de maîtrise et de personnalité mais ce qui choque dans les plans fixes des cinématiques passe heureusement un peu plus facilement lorsque l’on dirige Elena. Son personnage à l’écran est presque joli et on oublie facilement la rigidité et le manque de fluidité de son animation, ce qui est loin d’être le cas pour les décors du jeu. Sombres, maladroits, dénués de toute impression de profondeur, ils jouent le rôle, durant toute l’aventure, de témoins de la faiblesse des artistes dans ce domaine. Mais heureusement pour le jeu, les graphismes ne font pas tout.

Esprit es-tu là ?

Des fois, mieux vaut ne rien dire...

La capacité d’Elena à dissocier son esprit de son corps lui permet de voir l’âme des morts, de communiquer avec eux et de posséder les objets. Cette forme éthérée a aussi la capacité de voler et de passer par les espaces les plus exigus. Un gameplay simple mais qui devient tellement simpliste dans Whispering Willows que l’on s’y ennuie très rapidement. On dirige notre esprit pour ouvrir des portes bloquées, on prend possession de meubles bleus fluos seulement pour combler des trous dans le plancher et on fait descendre des objets un peu trop hauts. Tous ces éléments s’avèrent bien sporadiques, jamais complexifiés, si bien qu’on les subit plus en tant que gimmicks inutiles qu’on les apprécie par les situations de jeu auxquels ils nous confrontent.

Pour un jeu qui se présente comme horrifique, il ne fait jamais peur et ne réussit jamais à instaurer un semblant de stress ou de tension.

L’aventure de Whispering Willows s’apparente plus à une promenade tranquille et sans aucune difficulté qu’à un chemin de croix horrifique pour Elena. L’absence presque totale d’ennemis et de challenge nuit clairement à son atmosphère. Pour un jeu qui se présente comme horrifique, il ne fait jamais peur et ne réussit jamais à instaurer un semblant de stress ou de tension. Les énigmes, peu nombreuses, sont d’une simplicité enfantine et Elena a la fâcheuse tendance à se déplacer très lentement, ne pouvant courir qu’à l’extérieur. Sachant que le jeu se déroule à 90% dans des intérieurs et propose des quêtes FEDEX nous obligeant à des allers-retours fastidieux, cela a de quoi énerver. Ce choix de gameplay étrange l’est un peu moins si on tient compte de la durée de vie particulièrement courte du jeu : 2h30 à peu près pour tout faire et ce en se déplaçant à la vitesse d’un gastéropode.

Seuls les objets bleus peuvent être possédés et il y en a peu dans le jeu

Après de telles déceptions, la seule branche à laquelle on cherchera à s’accrocher à l’arbre de Whispering Willows sera celle de son histoire et de sa narration. Inutile de faire monter le suspense, le jeu échoue là aussi dans les grandes lignes avec un scénario éculé, stéréotypé qui n’arrive jamais à tenir le joueur en haleine. Son histoire de fantômes sur fond de chamanisme et de massacre des indiens qui pouvait se révéler intéressante n’interpelle jamais le joueur par l’épaisseur du mystère qui entoure la demeure et encore moins par des retournements de situation inexistants. De plus, Whispering Willows n’arrive jamais à asseoir son atmosphère et les nombreux documents que l’on amasse, entièrement traduits en français, s’avèrent plus fastidieux à lire que passionnants. Lorsque le dénouement tombe enfin, un violent « tout ça pour ça » traverse notre esprit en même temps que la désagréable impression que celui-ci a, durant le jeu et tout comme celui de l’héroïne, quitté notre enveloppe afin de voyager dans des cieux autrement plus intéressants…

Bilan

On a aimé :
  • Le jeu est court
On n’a pas aimé :
  • Un gameplay simpliste
  • Une histoire simpliste
  • Un design simpliste
  • Elena se déplace très lentement
Non, il n’était pas là…

Je ne veux pas donner l’impression de m’acharner sur un petit jeu développé avec cœur et sans beaucoup de moyens mais en l’état rien ne peut justifier la pauvreté de Whispering Willows. C’est un jeu qui a eu la chance de trouver 750 personnes pour croire en lui mais dont le résultat laisse songeur. On ne peut qu’être consterné, pas devant l’amateurisme de l’ensemble, tout à fait compréhensible, mais devant le manque d’idées et de talent qui fait cruellement défaut au jeu. Le conseiller serait vous faire perdre sciemment 15 euros. Là, après la lecture de ce test, vous pouvez partir l’esprit tranquille et vous diriger vers d’autres arbres dont les murmures seront plus à même de rassasier votre soif d’aventure.

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Whispering Willows

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : ID@Xbox

Développeur : Night Light Interactive

Date de sortie : été 2015

Prévu sur :

Xbox One, PC Windows

3 reactions

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deadlyegoalan

27 aoû 2015 @ 15:05

Dommage je trouvai le jeu intéressant, mais bon on dirait qu’il vaut mieux ne pas trop s’attendre à des jeux développés via kickstarter.

Jarel

27 aoû 2015 @ 16:31

Il y a des jeux issus de Kickstarter qui sont très bien cela n’a rien à voir. Whispering Willows souffre plutôt d’un manque d’idée flagrant. Dans le même genre et au même prix White Night est beaucoup plus intéressant, même s’il est vrai qu’il a bénéficié de moyens plus importants.

jmabate

27 aoû 2015 @ 17:57

une petite vidéo d’un indépendant ! https://www.youtube.com/watch?v=7T9Dv1aLMbw