Les spectateurs retiennent leur souffle. Le joueur, et son caddy, retiennent leur souffle. Les oiseaux, les musaraignes, les insectes retiennent leur souffle. Ce put peut déterminer l’issue du tournoi. La balle roule, se dirige vers le trou, et s’arrête à 3 cm. Le joueur lance sa manette dans le canapé en hurlant. Voilà le principe même des jeux de golf : la tension du coup à ne pas manquer. C’est dans cette optique qu’EA nous livre un nouveau titre, avec cette fois en tête d’affiche le jeune prodige Rory McIlroy.
On ne change pas une formule qui marche
Ce qui frappe immédiatement quand on commence à jouer et qu’on est un assidu des jeux PGA Tour, c’est à quel point c’est exactement comme d’habitude. Bon, je sais, dans un jeu de golf, on voit le golfeur, le terrain, et c’est tout. Difficile de faire autrement.
Mais on retrouve tout à l’identique, avec le même (excellent) gameplay, qui va de l’arcade à la simulation, les mêmes options, avec un titre avant tout axé sur le mode carrière, le même type de progression (caractéristiques du joueur qui augmentent, nouveaux équipements qui se débloquent au gré des passages de niveaux). A nouveau un mode défis, agréable, histoire de changer des parcours en tournoi, et un mode en ligne toujours aussi sympathique à jouer, à la fois tendu et décontracté en versus, et compétitif en tournoi. Bien que le rythme, de fait, soit très éloigné de celui d’un FPS, on entend des « yes ! » ou des cris dégoutés dès que l’affrontement devient serré, démonstration de l’efficacité du jeu en ligne. Malheureusement, et ce n’est plus une surprise, pas d’utilisation de Kinect, même si cela semblerait à priori plutôt indiqué.
Ainsi, pour l’habitué, l’intérêt va résider dans les parcours proposés et dans la réalisation. Par contre, pour le nouveau venu, c’est forcément un plaisir, tellement le titre est complet, varié et prenant. Avoir un véritable intérêt pour le golf est bien entendu un plus, mais même quand on ne pratique pas et que fondamentalement on s’en tamponne le coquillard (votre serviteur, par exemple), on peut se retrouver pris par cette ambiance à la fois feutrée, calme, et tendue. L’ensemble du jeu est en anglais, non sous-titré, ce qui n’est pas vraiment un frein même pour les anglophobes.
Les différents types de gameplay font varier l’approche qu’on peut avoir du jeu. En arcade, on peut agir sur la trajectoire de la balle de façon un peu farfelue, sans que cela n’exonère le joueur de faire preuve de précision. C’est l’idéal pour des parties rapides, et pour s’amuser sans trop se prendre la tête. Dans le mode « 3 clics », au lieu d’utiliser le stick analogique pour frapper, c’est un système de pression en timing sur une jauge. Personnellement, c’est le système que je trouve le moins intéressant. On ne ressent plus le mouvement de balancier du club, et avec un peu de pratique on enchaîne les perfects. Enfin, le contrôle pour les pros oublie les aides et oblige à une précision redoutable. C’est bien sûr dans ce mode que la tension est la plus vive, mais attention à la frustration, il convient de pas mal s’entraîner avant d’avoir une chance de descendre en-dessous du PAR.
Les parcours sont nombreux (12, soit 204 trous, et je fais un effort considérable pour ne pas glisser ici une blague salace) et à côté de vrais parcours du circuit se trouvent quelques fantaisies bienvenues (dont le très typé parcours Battlefield 4). Que ce soit dans les vrais ou les créés, tous les parcours ont leur particularité, leurs pièges, leurs challenges. C’est un vrai plaisir de passer de l’un à l’autre et de se frotter aux pires difficultés, entre relief piégeux, bunkers, arbres et vent. Il y a une jolie diversité dans cet opus.
Là où le bât blesse, c’est au niveau de la réalisation. Dans un jeu de golf, l’essentiel n’est pas d’avoir une débauche d’effets spéciaux, mais il y a peu de choses à l’écran, ou tout du moins peu d’interactions. On pourrait donc s’attendre, en particulier sur une machine comme la Xbox One, à des graphismes chatoyants et impeccables. C’est en partie vrai, quand tout est statique, mais on constate des défauts qui viennent gâcher l’ensemble. Comment se fait-il qu’il puisse y avoir du clipping dans le décor ? Ou que l’herbe scintille, souffrant d’un aliasing surprenant ? Pourquoi voit-on toujours des textures aussi inégales qui parfois peinent à s’afficher ? Et enfin, comment est-ce possible qu’il y ait des freezes, paradoxalement pendant les phases précalculées ? rien de tout cela n’empêche de jouer à Rory McIlroy PGA Tour, mais on ne peut qu’être un peu déçu que visuellement le titre soit du même niveau qu’à son époque Xbox 360, si ce n’est quelques papillons qui volettent sur les greens. Pour le reste, que ce soit au niveau sonore ou bien pour l’animation et la physique de la balle, c’est excellent, comme ça l’était déjà avant.