Réaliser un jeu de plateformes basé sur la physique quantique, il fallait oser ! Ainsi, Schrödinger’s cat and the Raiders of the Lost Quark fait référence à une expérience très intéressante mais que je ne vais pas vous détailler ici (Google est votre ami, vous trouverez très facilement sa description), et dont la finalité est d’illustrer la théorie quantique selon laquelle deux réalités peuvent coexister tant qu’une des deux versions n’est pas observée. Ainsi, ce fameux chat peut être en même temps mort et vivant. Vous avez déjà mal à la tête ? Rassurez-vous, si le jeu prend la théorie quantique comme postulat, c’est avant tout le fun qui est mis en avant.
L’infiniment petit
L’histoire se déroule à un niveau sub-atomique, puisque le zoo des particules enfermant tous les éléments connus est dans la tourmente. Tous ses pensionnaires se sont échappés, et la conséquence potentielle n’est rien de moins que la fin du monde. Seul un héros quantique peut tous nous sauver : le chat de Schrödinger. Celui-ci a le pouvoir d’utiliser les quarks (la plus petite unité de matière en physique quantique) pour former 14 combinaisons lui permettant de créer des plateformes, de creuser, de capturer des ennemis, ou bien, entre autres, de lancer des missiles. Pour rétablir la situation, il devra atteindre le noyau, centre de contrôle du zoo, mais celui-ci est obstrué par des quarks fous qu’on ne peut éliminer qu’avec des quarks charmés. C’est parti pour une collecte qui va nous amener à croiser des individus plus étranges les uns que les autres.
Nous avons là un jeu de plateformes classique, en environnements ouverts (on n’est pas obligé de remplir tous les objectifs d’une zone pour continuer d’avancer, et on peut y revenir plus tard), qui bénéficie de l’excellente idée de la combinaison des quarks. Cela permet de multiplier les approches et apparente le titre à un puzzle game. En effet, si dans certains passages on bénéficie d’une réserve infinie de quarks, pour d’autres il y en a une quantité limitée qu’il va falloir gérer. Le principe est excellent et très motivant pour le joueur, mais est amoindri par un level design sans grand relief, et par des sauts et une hitbox ne permettant pas une grande précision. Du coup, on retirera à la fois une grande satisfaction de trouver la bonne méthode pour franchir un passage, tout en étant parfois frustré d’avoir eu à le refaire plusieurs fois à cause de sauts manqués ou d’une mauvaise gestion de nos quarks. A la fois content et frustré, deux états en même temps… Quantique, je vous dis !
Le challenge est bien là, sans pour autant être insurmontable avec un peu de patience et de méthode, sauf vers la fin du jeu où ça se corse sérieusement. Après environ 7h de jeu, ce qui est tout à fait convenable pour un titre comme celui-ci, on en voit le bout.
Techniquement, le jeu est propre, avec des personnages bien stylés et des graphismes colorés, une bande son de qualité (j’y reviendrai plus loin), et une animation convaincante si ce n’est quelques micro-ralentissements quand on frappe des ennemis. La routine pour un jeu de cette catégorie sur une machine comme la Xbox One.
Mais ils sont fous !
L’intérêt de Schrödinger’s Cat (pénible à écrire, ce titre, et pas la meilleure idée du monde pour le référencement !) se situe paradoxalement ailleurs que dans son gameplay. En effet, le jeu est vraiment drôle, offrant un univers décalé et des dialogues très bien joués (en anglais sous-titré).
On nage dans un monde absurde utilisant divers rouages qui font mouche pratiquement à tous les coups. Le plus évident est l’anthropomorphisme de créatures improbables qui se comportent comme des humains plus étranges les uns que les autres. Voir parler des bestioles comme si elles étaient accoudées au zinc d’un troquet est toujours efficace. Ensuite, les situations elles-mêmes sont drôles, faisant passer l’absurde comme normal, créant ainsi un décalage savoureux. Enfin, les blagues fusent sur le sujet traité. Si une partie d’entre elles passeront au-dessus de la tête de ceux ne s’étant jamais intéressés aux théories quantiques (non, ce n’est pas à Breaking Bad qu’on fait référence quand on parle d’Heisenberg), la majeure partie produit son petit effet et on se surprend à sourire de ce mélange d’humours.
Les dialogues sont remarquablement écrits, avec juste ce qu’il faut d’interactivité pour qu’on ne reste pas passif en attendant qu’ils se terminent. L’effet pervers, c’est que ce sont ces dialogues qui deviennent vite le carburant du joueur, le motivant à avancer le plus vite possible pour rencontrer le personnage suivant. Autant c’est amusant, autant cela souligne que le jeu dans son ensemble n’est pas à la hauteur de son écriture.