Dans les temps immémoriaux, se pavanaient des jeux qui n’avaient pas honte d’amuser les joueurs avant tout. Ils se baladaient, tels des héros, et luttaient contre l’ennui et les vilains qui menaçaient le monde jour après jour. Nous les appelions les jeux 8-bits. Mais comme chaque chose, ces jeux 8-bits ont fini par s’éteindre. Ils ont fait place à l’époque où la surenchère technique importait plus que l’amusement. Les 8-bits, désormais au paradis du jeu vidéo, ne pouvaient que déplorer la situation de ce loisir que leur génération avait bâtie à la sueur de leurs pixels. Heureusement pour l’avenir du monde, une ancienne prophétie raconte que lorsque le chevalier à la pelle apparaîtra, le plaisir de jouer reviendra, liant le présent à autrefois. C’est ainsi, qu’un beau jour d’avril, Shovel Knight apparu...
Des hommages à la pelle
De nos jours, développer un jeu 8-bits cache un certain état d’esprit, une certaine volonté. La première est de sortir un titre nécessitant peu de moyens et d’efforts et n’ayant que peu d’intérêt aussi bien ludique que technique en espérant que des gogos qui misent tout sur la nostalgie ou sur l’amalgame “Old School= Bien” achèteront le jeu pour générer de l’argent facile. Heureusement, Shovel Knight fait partie de l’autre catégorie : un hommage aux légendes du jeu vidéo. Cet hommage aurait pu cependant se faire avec une technologie plus actuelle. Mais le charme qui se dégage ainsi du titre n’aurait pas pu être aussi particulier dans cette aventure où vous contrôlez un redoutable chevalier à la retraite armé d’une arme peu commune, puisque son outil de prédilection est une é… pelle. En sus de creuser certains tas de terre ou de se frayer un chemin au travers de rocs cubiques un peu à l’instar d’Alex Kidd, Shovel Knight, se sert de son étrange équipement comme d’une arme redoutable pour sauver le monde de la terrifiante Enchanteresse et de ses 8 gardiens. Et ce monde vous fera penser à… Super Mario Bros 3, puisqu’il se sert du même système de carte du monde, allant même jusqu’à offrir la possibilité de les refaire ou de rencontrer des vagabonds, des boss facultatifs qui se mettront également sur votre chemin.
Cette carte ne sera finalement que le portail vers les niveaux qui ont eux aussi un air de déjà vu, puisqu’ils se déroulent comme un Megaman avec ses écrans fixes, ses stages thématiques, ses ennemis qui reviennent dès qu’on revient sur ses pas, ou encore la difficulté progressive et la précision nécessaire pour avancer de tableau en tableau. Et si vous mourez, vous devrez récupérer, si vous en êtes capables, une partie de vos richesses à l’endroit de votre mort. Bien évidemment, on n’oubliera pas les boss redoutables qui, heureusement, ne demanderont pas de posséder un pouvoir spécifique pour être battus. Même si certains équipements ne seront pas de refus pour faciliter la tâche. Et oui ! Notre valeureux chevalier acquerra des reliques au fur et à mesure de sa progression et pourra même améliorer son arme, son armure, sa santé et sa magie dans des boutiques ou avec les objets adéquats, un peu comme un certain être aux oreilles pointues et habillé de vert, venant d’un monde appelé Hyrule.
La pelle du devoir
Beaucoup de jeux ont déjà essayé d’imiter des légendes vidéoludiques et le résultat a très souvent été catastrophique. Cependant, si dans Shovel Knight l’ensemble fonctionne si bien, c’est d’abord parce que le jeu ne se contente pas de copier bêtement ces éléments pour s’en servir d’argument de vente. Ils servent plus d’inspiration et d’hommage après avoir été adaptés pour le jeu. Ainsi, notre chevalier est entièrement original, possède sa propre histoire et évolue dans un monde plus ou moins farfelu où les catapultes servent de téléporteurs, les PNJs sont reconnaissables au premier coup d’oeil (Saurez-vous y retrouver des grenouilles désormais propriété de Microsoft ?) et les secrets plus ou moins bien cachés ne se découvriront pas sans heurts. Sans compter bien évidemment sur l’humour du titre, basé sur les jeux de mots si stupides et si fins à la fois propres à nos jeux d’enfants. Mais surtout, l’ensemble est tellement homogène qu’on jurerait que ces éléments de gameplay ont été spécialement créés pour le jeu, tellement le tout fonctionne à merveille.
Visuellement, c’est le résultat de ce que propose une console 8-bits. Il ne faut pas s’attendre à du cel shading, de l’anti-aliasing, et autres renderings en tous genres. Mais cela ne veut pas dire que tout est old school puisque la maniabilité, même si elle est aussi simpliste qu’à l’époque (un bouton pour sauter, un pour attaquer) et donne des sensations proches, reste précise et efficace à la manette Xbox One. Contrairement à l’époque où diriger un personnage pouvait être éreintant (coucou Megaman !), on ressent une légèreté et un plaisir immédiat à contrôler notre chevalier sans pour autant perdre de l’exigence d’antan. Seul un petit cafouillage pour l’utilisation de la pelle en “mode Ducktales” lors d’enchaînement de mouvements pourra être agaçant et handicapant. L’ensemble est fluide et la Xbox One ne fléchit pas (sans blague ?!) devant cet amas de pixels et de danses féériques de carpommes. Même la musique se la joue old school et saura rythmer vos aventures à merveille au fil des bips nostalgiques. De quoi profiter à fond de votre nouveau Surround 9.1 à 2000 boules...