Le jeu vidéo est un média fantastique permettant d’imaginer et de vivre tout un tas d’histoires. Qu’elles tracent des événements originaux ou réalistes, ces histoires provoquent généralement un fort émoi. Il existe cependant un troisième type d’histoires mélangeant l’originalité avec le réalisme : ce sont les histoires alternatives qui prennent un fait, un contexte et des détails réels tout en changeant un petit élément qui fait basculer tout le reste dans une direction totalement différente. Zombie Army Trilogy offre ce genre d’histoire où Adolf Hitler, acculé par les États Unis, l’Angleterre et la Résistance française lance l’énigmatique et atroce Plan Z afin de changer l’issue de la guerre…
D’hommes bons Aryens...
Zombie Army Trilogy se passe donc à la fin de cette Seconde Guerre mondiale alternative. Les amateurs d’Histoire savent qu’Hitler était, en plus d’un hypocrite génocidaire, très porté sur l’art et les arts mystiques. Dans cette réalité, Hitler a mis la main sur un artefact permettant de transformer ses troupes en une armée insensible et encore plus redoutable. Malheureusement pour lui, ces nouveaux soldats sont devenus des zombies et il se retrouve piégé dans son bunker sans pouvoir inverser le processus à cause d’un “petit” détail. Mais oublions Hitler qui n’est que le déclencheur de l’histoire que le joueur va vivre dans la peau d’un protagoniste impersonnel -parmi 8- à la recherche d’une échappatoire de cet enfer que sont devenus Berlin et sa province. Derrière ce scénario surréaliste, se cache en fait -même studio oblige- une sorte de spin off en trois parties de Sniper Elite. Le Trilogy dans le titre, indique d’ailleurs que les trois parties de l’histoire sont compilées pour en faire un seul jeu, mais ce sont bien Zombie Army 1, 2 et le tout juste récent 3 sortis sur PC auxquels nous avons affaire sur notre Xbox One. Tout comme Sniper Elite, le jeu est fortement axé sur l’utilisation de fusils de précision (même si on a des armes secondaires), mais à la différence que le jeu, plutôt que de jouer dans la subtilité, se transforme en une sorte d’ersatz de Gears of War, seul ou jusqu’à 4 joueurs.
Pour être sincère, l’utilisation des fusils à distance n’est pas trop appropriée au genre, tant l’action imposée peut demander de la mobilité et les armes secondaires ne sont pas aussi efficaces que les armes principales. Mais pour être encore plus sincère, le jeu devient fortement jouissif à enchaîner les headshots zombie après zombie pour faire multiplier le combomètre et ainsi engranger plus de points à chaque kill jusqu’à ce que le combo soit brisé en ratant un tir. En plus d’être jouissif accompagné d’une bullet cam spectaculaire, le jeu va au final encourager la prudence plutôt que les têtes brûlées, tant les hordes d’hommes asthmatiques seront conséquentes. Et jouer à plusieurs ne justifiera pas de pouvoir se permettre de foncer dans le tas, puisque le jeu se calera automatiquement sur le nombre de joueurs pour faire apparaître en fonction les ennemis en quantité comme en qualité. Il faudra alors, devant la difficulté importante du jeu et l’implacabilité du game over (les check points peuvent être très espacés), faire preuve de travail d’équipe et de patience si vous voulez survivre dans ce monde très glauque à la formidable ambiance, aussi bien musicale que visuelle, morbide et inquiétante.
... en zombies bons à rien
Côté durée de vie, Zombie Army Trilogy regroupant techniquement 3 jeux en un, et chacun de ces opus offrant environ six heures de jeu, plus une possible rejouabilité pour faire de meilleurs scores et un mode horde, on n’a pas à craindre de s’ennuyer. Cependant, le jeu n’est pas exempt de défauts car le titre est linéaire. Très linéaire et majoritairement sous forme de couloirs. Ça en devient rapidement agaçant, lorsqu’on meurt au même endroit sensible après avoir affronté des centaines de créatures sans avoir pu atteindre un checkpoint, de devoir se retaper plus de 20 minutes de jeu en devant obligatoirement faire les mêmes choses dans le même ordre et de la même manière. Car dans Zombie Army Trilogy, il ne faut pas confondre objectifs achevés avec checkpoints qui seront atteints après des moments clés ou en atteignant un des rares abris. Cela augmente la difficulté et la durée de vie, mais booste également fortement la jauge “Çamegonfle…”. Heureusement que cette dernière diminuera au fil des un peu trop efficaces coups de pieds balancés en pleine tronche, des Stielhandgranates, ou encore des mines qui entraîneront de nombreux massacres, démembrements et giclées de sang gores à souhait.
Le titre est techniquement propre, même si on reste dans la moyenne “peut mieux faire pour de la Xbox One” de la production actuelle. La bande son est inquiétante à souhait et le design sombre sur des couleurs relativement mortes font mouche à tout coup pour supporter l’ardeur des zombies qui voudront faire “appel à vos connaissances” et augmenter l’ampleur dramatique des situations, frisant parfois le presque malsain (et on en redemande !). A l’inverse, en guise d’espoir, lorsque vous faites de magnifiques tirs au fusil de précision, le jeu passera en bullet cam, traçant ainsi le trajet de la balle au ralenti jusqu’à atteindre sa ou ses cibles dans des effets alimentés de sang et d’os brisés (uniquement en solo). Mais là où le jeu tire cette forte ambiance, il perd en personnalité et en narration. En effet, votre protagoniste n’est qu’un avatar sans émotion, sans voix, sans vie, sans pour autant être un zombie. Il pourrait être un tampon hygiénique que l’impact serait le même (même si nous sommes d’accord, ça serait drôle de jouer un tampon hygiénique). Pas un seul cri de joie après un super coup, pas une ligne de dialogue qui fait mouche (ou pas) après avoir réussi une mission, rien. Juste des avatars courant au fil des environnements se frayant un passage dans des hordes de monstres humanoïdes et se laissant guider par une voix qui résonne des radios environnantes. Et franchement c’est bien dommage. Car les rares cinématiques de dialogues mettent en situation Adolf et sont fichtrement réussies tout en peignant un portrait du personnage on ne peut plus vivant et poignant…