Test - Thomas Was Alone

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Depuis leur lancement, la Xbox One, et surtout la PS4, cachent leur ludothèque famélique derrière une forêt de jeux indé, qui font le nombre et permettent de déclarer que ces nouvelles machines disposent de ludothèques conséquentes. La Xbox One continue de rattraper son retard sur sa rivale sur ce point, et reçoit toujours plus de jeux de ce type, dont ce Thomas was alone. Difficile de comprendre pourquoi c’est sur cette génération de machines que le débat se situe, les jeux en question pouvant parfaitement tourner sur Xbox 360, voire sur des systèmes antérieurs. Pourtant, Thomas Was Alone illustre parfaitement le rôle de ces jeux. Ce ne sont pas des titres phares conçus pour être les vitrines des consoles concernées, mais des jeux qui font fi des critères techniques et qui se doivent de donner au joueur une bulle d’air, une originalité, une pause entre deux titres AAA.

Tête au carré

Thomas et sa copine Laura

Thomas est une IA. Un joli petit rectangle rouge qui peut sauter. Il se pose des questions sur son identité, sur ses capacités, sur ce qu’il doit faire. Il est curieux de son environnement, émerveillé par ce que lui offrent les niveaux qu’il traverse. Bientôt, il va croiser d’autres IA, qui ont toutes des prénoms (Chris, John, Laura…). Un carré orange qui ne saute pas très bien mais qui peut se faufiler, une barre qui saute très loin mais qui est gênée par sa grande taille, et ainsi de suite. Toutes ces IA ont leur petit caractère, et vont devoir collaborer pour atteindre le but de leur vie : atteindre la fin du niveau.

On se surprend à ressentir de l’empathie pour un cube qui découvre la vie comme un nouveau-né

Le défi des concepteurs, et sans doute leur intention au départ, est donc de raconter une histoire parlant de cubes et de barres. Une voix off agréable nous décrit leurs états d’âmes, nous dévoilant leur personnalité au fil de l’aventure au gré d’une narration parfaitement maîtrisée. Et ça marche ! On se surprend à ressentir de l’empathie pour un cube qui découvre la vie comme un nouveau-né. Dès le départ, la simple idée d’avoir donné des prénoms à des formes géométriques est culottée, en plus d’être loufoque. C’est une vraie démarche artistique : l’anthropomorphisme appliqué à ce qui par usage est surtout croisé dans les exercices de math, ou dans les boites de construction, est sans doute une première. Il y a également dans Thomas Was Alone une réflexion sur le jeu vidéo.

Un p’tit air de Chapi Chapo

Sur sa conception, sur sa logique, ainsi que sur sa finalité. L’IA qui apprend au fil des niveaux, c’est le joueur, qui devient de plus en plus précis alors que les niveaux défilent. Le créateur nous montre par A+B comment un jeu se construit, comment les niveaux doivent éduquer le joueur pour accompagner sa progression. Après les 4 heures nécessaires pour voir le bout de la centaine de niveaux proposés, on pourra d’ailleurs recommencer en écoutant les commentaires audio des concepteurs (en anglais non sous-titré) qui sont le plus souvent instructifs.

Pas seulement un concept : un vrai jeu

Au-delà du sous-texte un peu intellectuel sur le sens donné au jeu, Thomas Was Alone se débarrasse par ses choix visuels d’une des plus grosses entraves des jeux vidéo : les graphismes. D’une simplicité extrême, ceux-ci sont réduits au strict minimum. Sans chercher à atteindre le photoréalisme, il aurait été simple de faire plus élaboré. C’est donc un vrai choix qui est fait : réduire le visuel autant que possible pour ne conserver que l’essence du jeu. Tout le monde ne cautionnera pas forcément cette démarche, mais après quelques niveaux, force est de constater qu’on oublie le vide de l’écran, qu’on ne le voit plus. On se retrouve embarqué par une musique hypnotique de grande qualité, et on ne s’intéresse plus qu’à l’histoire et au gameplay.

Le grand John ne serait rien sans ses amis

Celui-ci est une force du jeu, mais aussi malheureusement sa principale faiblesse. En effet, la démarche, presque didactique, fait que les épreuves sont sans cesse renouvelées de façon graduelle, évitant ainsi à la lassitude de s’installer, même si certains mécanismes de jeu sont un peu trop reproduits d’un niveau à l’autre. Il y a de nombreuses bonnes idées, ce qui maintient le joueur attentif tout du long de l’aventure. Par contre, Thomas Was Alone souffre d’un challenge mal calibré. Pas parce que certains passages sont trop difficiles, mais parce que pratiquement rien ne l’est. Chaque nouveauté de gameplay, chaque nouvelle IA, excite l’intellect du joueur, qui doit réfléchir (pas très longtemps) au meilleur moyen d’arriver au bout du niveau. J’imagine que l’effet recherché est de partager l’expérience de l’IA et de découvrir ses propres capacités, ce qui est réussi, mais l’absence de difficulté d’exécution finit par frustrer le joueur. On s’amuse tout du long, en ayant l’impression de vivre une aventure unique et originale, mais on ne ressent pas la satisfaction de la victoire face à l’adversité. On aurait pu imaginer par exemple l’apparition d’un niveau de difficulté supérieur une fois l’aventure terminée. C’est bien le seul défaut, avec sa durée de vie logiquement faible, d’un jeu unique à plus d’un titre.

Bilan

On a aimé :
  • Le choix du gameplay plutôt que les graphismes
  • Ressentir quelque chose pour un carré
  • Les musiques
  • La narration qui donne vie à l’ensemble
On n’a pas aimé :
  • Trop court
  • Trop facile

Qu’il est rafraichissant de croiser un jeu comme Thomas Was Alone. Certes, les partis pris ne vont pas plaire à tout le monde, et le jeu sur Xbox One n’apporte rien par rapport à une version portable ou tablette. Mais ce n’est pas moins bien non plus, et c’est un vrai plaisir de croiser un produit original dans lequel on se laisse embarquer. Contrairement à de nombreux titres (la majorité ?) bien plus jolis mais standardisés, il y a fort à parier qu’on se souviendra de Thomas et ses amis bien après la fin du jeu. Quel dommage qu’il soit si court et propose si peu de challenge. Mais après tout, quel est le plus intéressant : long et ennuyeux, ou bien court mais innovant et distrayant ? Pour le montant demandé, ce n’est pas un gros risque d’essayer, il y a de fortes chances que Thomas vous séduise.

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Thomas Was Alone

PEGI 0

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Curve Studios

Développeur : Mike Bihell

Date de sortie : 21/11/2014

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows